Vers la félicité des lamas

Samedi 15 mai
Aujourd'hui, direction un autre monastère, perdu dans la montagne. Les glissements de terrain, nombreux dans la région, nous obligent par deux fois à nous arrêter. Les cantonniers locaux, le plus souvent des femmes, ont bien du mal à dégager la route de la terre et des énormes blocs de pierre.
Quatre heures pour un peu plus de soixante kilomètres, c'est ici une bonne moyenne. Une grande effervescence règne à notre arrivée dans le modeste monastère de bois où a séjourné au début du siècle, une aventurière hors du commun : Alexandra David-Néel. C'est la fin d'une " loterie ", celle qui a désigné les cellules que vont occuper pendant trois ans, trois semaines et trois jours les jeunes lamas (moines). À l'écart du monde, dans un ermitage isolé du monastère principal, ils ne verront plus personne et ne parleront qu'à travers un rideau. Leur nourriture sera déposée devant la porte, ils devront cuisiner eux-mêmes. Ils semblent au comble de la joie, riant comme des enfants qu'ils sont encore. Plus de trois ans de solitude consacrés à la méditation et ils respirent le bonheur… Surprenante religion.

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