Québec : la nature sur tous les terrains
Comment peut-on être huron ?
Au XVIIIe siècle, Montesquieu dans ses Lettres Persanes, puis Voltaire dans L'Ingénu, s'étaient efforcés de répondre à la question sur la différence culturelle dans un royaume de France confronté alors à ses étranges sujets d'outre-mer. Comment un " sauvage " avec ses drôles d'habitudes peut-il réfléchir ? Comment leur système politique peut-il être plus juste envers les gouvernés que celui de la monarchie absolue ? Des années durant, les plus éclairés des philosophes ont tiré leçon de cette confrontation qui, loin d'être à sens unique, a aussi contribué à enrichir les cultures locales en contact avec l'homme blanc. Résultat : une compréhension, suivie d'une appropriation des meilleurs outils de la culture dite " dominante " qui s'est peu à peu transformé en métissage non seulement technique, mais également biologique. Totems, calumets et chevelures plumées, voici toute la panoplie du parfait Amérindien qu'on vient souvent chercher au Nouveau Monde. Certains ont déjà visité le village Huron-Wendat reconstitué de Wendaké, proche de Québec, et s'estiment déçus de l'acculturation subie par cette nation amérindienne, trop blanche et occidentalisé à leur goût (les Hurons furent l'une des premières nations à se rapprocher des Français débarqués en Amérique). Cependant, les informations fournies par les guides à propos de la survie de la communauté sont loin d'être inintéressantes. Car la question de l'identité et de l'harmonie avec la nature est au centre des préoccupations des autochtones ; une solidité dans l'affirmation de leurs racines et dans la transmission de leurs traditions et rituels qui ne laisse pas indifférent l'homme blanc en quête de réponses sur son développement chaque jour plus éloigné de la nature. Paradoxalement, nous autres, affranchis dans nos confortables sociétés occidentales, nous allons chercher refuge chez ces " enfants sous tutelle " que sont les Amérindiens, placés de leur naissance jusqu'à leur mort sous l'autorité du gouvernement fédéral d'Ottawa, via son ministère des Affaires autochtones.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Claudio Tombari
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