Justement, on (je) aimerait avoir les références “précises” de cette loi, et pas la transcription des “il paraît que”, ou des infos glanées sur des sites plus ou moins bien informés, et souvent moins que plus. En l’occurrence, je suis demandeur d’informations officielles, car, désolé, comme souvent (toujours) en Thaïlande, c’est le flou le plus complet, et les avis et les interprétations se contredisent allègrement sur la toile. Les sites qui avancent des affirmations sans donner les références des textes sur lesquels ils s’appuient sont peut-être tout à fait sérieux et dans le vrai, mais faute de preuve, on est en droit d’en douter.
Il semble que deux législations provenant de deux administrations différentes s’appliquent à ce sujet et se complètent. Du ministère des Beaux-arts, la loi B.E 2504, amendée par la loi B.E 2535, qui règlemente le commerce des antiquités. Ce texte est clair, il ne parle pas spécifiquement des bouddhas, mais plus généralement des objets d’art et des antiquités, car c’est là qu’est l’os, comme dirait de Funès, la Thaïlande, et c’est bien naturel, veut préserver son patrimoine et se montre très vigilante quant aux objets anciens qui sortent du pays. Les innombrables pillages des sites archéologiques et les trafics d’antiquités sont, par exemple, certainement à l’origine des statues des bouddhas décapités qu’on trouve dans plusieurs temples d’Ayutthaya. On se souvient également du linteau du roi Naraï, dérobé au Prasat Phanom Rung dans les années 60 et retrouvé dans un musée de Chicago, linteau qui ne fut restitué à la Thaïlande qu’en 1988, après de longues années de bataille juridique, et qui a inspiré une chanson très patriotique au groupe Carabao : “Gardez votre Coca-Cola et rendez-nous le linteau du roi Naraï…”
Cette loi indique (article 22) qu’on peut exporter sans formalité les copies d’antiquités vieilles de moins de 5 ans et donne une définition d’antiquité : "un bien ancien mobile, qu’il soit produit par l’homme ou par la nature, ou étant une partie d’un monument ancien, d’un squelette humain ou d’une carcasse d’animal, qui, par son âge et ses caractéristiques historiques, entre dans le champ de l’art, de l’histoire ou de l’archéologie. Un objet d’art est défini comme “un objet produit avec adresse par l’homme et qui a une haute valeur dans le domaine de l’art”.
Ceci pourrait s’appliquer aux reproductions (statuettes ou images) de Bouddha, pourvu qu’elles soient vieilles de moins de cinq ans. Mais en ce domaine, il faut compléter par la loi du département des douanes BE 2469 amendée par la loi B.E. 2557. Il ne s’agit plus de beaux-arts et d’antiquités, mais de législation douanière. Cette loi est partout citée comme contenant une liste d’objets faisant l’objet d’interdiction ou de restriction d’exportation, malheureusement, elle ne contient aucune liste, car, comme l’indique le site des douanes, qui publie une petite liste type informative, les listes complètes et officielles sont publiées périodiquement par le Ministère du Commerce, et sont constamment révisées et remises à jour. J’ai cherché désespérement une de ces publications, en vain. Il semble qu’elles soient à usage interne.
On pourra consulter la page du site des douanes :
http://en.customs.go.th/cont_strc_simple.php?lang=en&left_menu=menu_prohibited_restricted_items¤t_id=14223132414d505f4b
Je suis tombé sur un article du Bangkok Post de 2013, article régulièrement copié/collé sur quantité d’autres sites, sans jamais, comme d’habitude, aucune investigation ni vérification. Cet article mentionne la loi B.E. 2504 du Ministère des Beaux-arts, mais fournit également d’autres informations, sans malheureusement citer aucune source officielle. Je traduis : “Les petits bibelots (trinckets, colifichets), vendus normalement dans les boutiques à touristes, ne demandent aucune autorisation préalable et peuvent être faits dans n’importe quelle matière, telles que l’or, l’argent, le bronze, le marbre ou le bois, mais il y a un maximum autorisé de cinq reproductions.” D’où sort ce chiffre ? Mystère. Comme est mystérieuse, dans le paragraphe suivant, la taille des images de Bouddha qui ne doivent pas dépasser 12cm. Sur d’autres sites, on parle de 5 pouces. Là encore, aucun texte officiel à se mettre sous la dent, des “on m’a dit que”, des copies de copies de traduction, bref, rien de vraiment probant.
Soyons sérieux. Aller remplir un formulaire en x exemplaire auprès du Ministère des Beaux-arts pour obtenir l’autorisation d’emporter de Thaïlande un bouddha en plastoc, en résine synthétique ou en terre cuite qui coûte 5 euros dans n’importe quelle boutique de touristes est évidemment délirant. Mais la Thaïlande a l’art de multiplier les lois et les règlements de façon à ce qu’on ne sache jamais si l’on est dans son droit ou non, et j’ai souvent constaté que même les flics ne savent pas toujours comment interpréter ces invraisemblables codes constamment revus, corrigés, amendés, actualisés, etc. Ce pays est une véritable mine d’or pour les avocats…
Quant à l’affiche de l’organisation 5000s, organisation quasi intégriste créée par la sulfureuse Acharavadee Wongsakon, illuminée auto proclamée, ancienne publicitaire, propriétaire d’un très important commerce de diamants, aujourd’hui gourou à la tête d’une secte qui pratique le “Techo Vipassana” une nouvelle technique de méditation assez nébuleuse, (et qui affectionne et multiplie les collectes de fonds, ben tiens, quand il y a du fric à faire !), elle ferait mieux de s’adresser aux bonzes du royaume plutôt qu’aux touristes. Compte tenu des innombrables scandales qui éclaboussent régulièrement l’ordre monastique, s’il y a des rappels à l’ordre qui s’imposent, c’est d’abord chez les bouddhistes eux-mêmes qu’il faut les lancer. Le bouddhisme est un business très juteux dans le royaume, et ce ne sont pas les touristes qui le font le plus prospérer.
Cordialement.