Kawa Ijen : la bouche de l'enfer
Porteur de souffrance
Le dos courbé sous des charges de 70 à 90 kilos, avec pour toute protection contre les vapeurs asphyxiantes un chiffon dans la bouche... Rendus muets, ils commencent dès l’aube leurs aller et retour incessants de la mine à l’usine de traitement de Licin, 20 kilomètres plus bas, au fond de la vallée ! Là, les paniers sont pesés. Payés 125 roupies par kilo (environ 12 centimes), cela me paraît peu, pourtant c’est quatre fois plus qu’un salaire moyen ! La charge pèse sur l’épaule endolorie, boursouflée, solide. Crissement de la palanche et de ses paniers de bambou tressé qui oscillent comme une balance indécise. Mais le pas est ferme, décidé. Ici, point de poulets propitiatoires jetés dans la gueule du volcan comme dans celui du Bromo. Ce sont les hommes qui s’offrent. Avec leur courage, leur volonté. Et apaisent peut-être ainsi la colère volcanique des dieux, seulement assoupis... L’homme et le soufre, certes, une petite histoire dans la grande histoire de l’humanité, mais avant tout celle, noble et valeureuse, de l’Homme face à la matière. Une histoire de souffrance, de courage, de vie. Une histoire d’Homme, tout simplement. Je regarde les porteurs s’éloigner. Je sais à présent que jamais je n’oublierai le visage du « porteur de souffrance ».
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Texte de Valérie Claro d’après les propos de Stéphane Tabet
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