Kawa Ijen : la bouche de l'enfer
Les « crocs du diable »
Cornes minérales. Canines acérées. Un porteur pointe vers moi deux cristaux aigus comme des stalactites, tranchants comme des silex, dont on aurait fait une arme redoutable. Je regarde, fasciné, jaillir d’entre ses mains brunes, sèches et calleuses, ce qu’on appelait autrefois la « carte de visite du diable ». Si je ne savais la dureté du labeur des mineurs et porteurs de soufre, je ne verrais entre ses mains que le fruit né des entrailles de la terre, précieux, insolite, miraculeux ! Mais le visage des hommes lavé de sueur, malgré les sourires qu’ils m’offrent au détour de leur souffrance retenue, parle de lui-même. Les « forçats », pour la plupart torse nu, une écharpe de coton nouée à taille, un chapeau de toile les protégeant des assauts du soleil, ont ce regard à la fois fier et résigné de ceux qui connaissent le prix de l’effort, la valeur de la vie liée à son destin.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Texte de Valérie Claro d’après les propos de Stéphane Tabet
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