Siphandone : les quatre mille îles du Mékong
Fleuve nourricier et rizières prolifiques
Les rizières occupent d'ailleurs la majeure partie des terres, fournissant
suffisamment de riz pour alimenter les gens des îles. Les semences et
les récoltes occupent les agriculteurs une bonne partie de l'année.
Sur les rives, les enfants brassent l'eau du fleuve avec des paniers en osier
et en extraient quelques crabes d'eau douce, des crevettes, grenouilles et autres
petits poissons. Les adultes attrapent des prises autrement plus importantes.
La pêche alimente les villageois, mais elle représente aussi leur
unique source de revenus. Les habitants de Siphandone ne pratiquent que la pêche
traditionnelle, travaillant le plus souvent à l'aide de paniers en osier
de leur fabrication. Sur l'autre rive, au Cambodge, les méthodes ne sont
malheureusement pas les mêmes : explosifs ou poison, tout est bon pour
récupérer un maximum de poissons en fournissant les efforts minimum.
Laotiens et Cambodgiens s'opposent en cela. Mais une menace bien plus importante
pèse sur la pêche traditionnelle : un accord régional commercial
visant à rendre le fleuve navigable aux bateaux de commerce a été
signé entre les quatre pays riverains du haut Mékong : le Laos,
la Chine, la Thaïlande et la Birmanie. Pour que des navires géants
de 500 tonnes puissent naviguer sur la Mère des Eaux, il faudrait drainer
le fleuve et dynamiter les chutes de Khône… En somme, ce serait réaliser
ce que les explorateurs français avaient rêvé. Mais à
quel prix pour le fragile écosystème du Mékong et pour
les habitants de Siphandone ?
En attendant que cette folie pure se réalise, les Laotiens continuent
de vivre en paix et en quasi-autarcie au rythme de leur fleuve majestueux…
Comment y aller ?
Depuis Vientiane, des bus et une liaison aérienne quotidienne (environ
100 US$) desservent Pakse. Depuis Pakse, on peut rejoindre les îles
en bus local, que l'on prend à la gare routière du sud, à
8 km de Pakse (y aller en tuk-tuk). Ensuite, pirogue à moteur à
partir de Ban Nakasang.
Une bonne adresse :
Auberge Sala Done Khône : dans un joli jardin planté
de palmiers, bougainvillées, jacquiers, etc., une propriété
qui abrite l'ancien dispensaire de l'époque coloniale et deux bâtisses
en bois abritant chacune quatre chambres assez confortables, toutes avec salle
de bains et moustiquaires. Environ 15 €.
Restaurant en terrasse dominant le fleuve. Ambiance intime et « bout du
monde » garantie.
Crédit photo : © Laurence Pinsard
Texte : Laurence Pinsard
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