Soria, hispanité garantie

Nous voici à Soria. Il faut emprunter la rue principale et piétonnière de la ville, calle El Collado, à l'heure du paseo, peu avant 13 h ou 20 h. Des couples déambulent avec des myriades de poussettes : "todo por los niños", tout pour les enfants.
À Soria, les fêtes sont souvent prétextes à des foires artisanales, où l’on peut découvrir les produits régionaux. Avec une spécialité, les côtelettes de mouton sur le gril servies à même la table des restaurants… jusque tard dans la soirée. Cette animation soulève une énigme : quand donc dorment les Espagnols ? Le jour, ils travaillent, la nuit, ils font la fête et les enfants jouent au foot, et la sieste sert d’excuse à la fermeture des magasins…

Ici, le périple urbain est semé de trésors religieux. À l’Ouest, l’ermitage de la Soledad avec un Christ attribué à Juan de Juni, puis le musée archéologique Numantin exposent des objets de la province : à découvrir pour compléter la visite des ruines de Numance. Au Nord, l’église Santo Domingo et un prodigieux portail roman sculpté. Au Sud, l’église romane de San Juan de Rabanera. Enfin à l’Est, la Concatedral de San Pedro au baroque austère et, sur l’autre rive du Duero, le cloître du monastère San Juan de Duero, aux curieux arcs entrelacés d’influence mozarabe.

Après Soria, le Duero descend alors vers le Sud, puis bifurque vers l’Ouest à Almazan et ses murailles du XIIIe siècle. En direction de Burgo de Osma, le village perché de Calatañazor est un nid d’aigle sur un rocher. C’est devant l’ancienne Kalaat en Nosur que les chrétiens remportèrent la victoire sur les Maures d’Almanzor, en 1002. Maisons en torchis, église romane, calvaire de pierre, galeries en bois : tout ici fleure bon la vieille Castille. La seule rue du village monte aux ruines du château. Trois grandes tours carrées et quelques moignons de murailles découronnées, des tombes creusées dans le roc : la Reconquista semble gravée dans les pierres…

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