La Soriana, châteaux forts en Espagne
Forteresses sur Sierras
Le fleuve Duero (850 km), qui devient le fameux Douro au Portugal, prend sa source dans la réserve d’Urbion, à l’ouest de Soria. Quand il traverse cette modeste capitale du cœur de la vieille Castille, il est déjà large et majestueux. Soria est la capitale d’une région rurale qui semble hors du temps : la Soriana. Une contrée qui invite à la rêverie avec ses petites routes qui longent les ermitages romans et les villages, où des retraités, assis sur les bancs des places aux maisons à piliers, vendent parfois encore quelques paniers en osier pour se payer l’apéro : ¡ Salud !
Dans cette Soriana qui semble sortie d’un livre d’histoire, les châteaux nous parlent d’une page essentielle du passé ibérique : la Reconquista menée par les chrétiens contre les Maures du VIIIe au XVe siècle. Le gigantisme des murailles et la hauteur des donjons ruiniformes racontent des combats et des sièges acharnés. Sarrasins, musulmans ou Maures contre catholiques et chrétiens : la hargne n’avait pas de nom pour prendre et reprendre ces hautes places défensives, entre le califat de Cordoue et Charlemagne, les Almoravides et le Cid. Seuls les châteaux cathares ou les remparts de Carcassonne peuvent leur être comparés.
Les routards qui viennent du Nord commenceront par Yanguas, forteresse isolée du XIIe siècle sur la C 115, avec ses maisons anciennes sur piliers. Entre les visites en plein vent et les prises de vue irrésistibles, il faudra garder un peu de temps pour les ruines de Numance, célèbre pour sa résistance contre l’envahisseur romain, qui inspira Cervantès. Dans les environs de Soria, le beau village d’Aldeaseñor à la tour palatiale, au Nord, ou encore les balades dans les forêts de pins de la réserve nationale d’Urbion, à l’Ouest, retiennent l’attention. Les sentiers de randonnée longent les lacs de retenue à plus de 1 500 m d’altitude.
Texte : Anne-Marie Minvielle
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