Petits tracas et fou rire à vélo dans la vallée (Li Jiang - fleuve)

Rassasiée, je quitte ce sympathique brouhaha et rejoins ma camarade de chambrée, une Chinoise en vadrouille, qui a toute la panoplie de Barbie " Mousmé " : ombrelle à fleurs, short ultracourt et nu-pieds compensés. Grâce à ses talents de traducteur, on trouve facilement deux vélos à louer (pas cher !), direction Yangdi, un petit village à quelques kilomètres au Nord, sur les rives du fleuve Li.

Il fait chaud et humide, mousson oblige. Sous son ciel laiteux, on évolue dans la féerie des petits monts tout ronds. Entre rizières et champs de blé, ça travaille dur sous les chapeaux pointus ! Dans le vert vif des eaux, les semis de riz sont replantés un par un. Plus loin les blés dorés se récoltent à la faux et au couteau. C'est comme un voyage dans le temps, ces charrues d'avant-hier et ces faucilles sans âge.

La journée avance tout de même, mais nous beaucoup moins ! Nos bicyclettes chinoises nous donnent bien vite du fil à retordre. Le pneu avant de Chouyou, qui montrait déjà quelques signes d'essoufflement, finit par se ratatiner. Quant à ma selle, à force de ruer, elle réussit à me déloger. Pas évident d'apprécier la beauté du paysage quand on essaie de conduire en équilibre précaire sur le porte-bagages, la selle entre les dents ! Heureusement, on découvre caché derrière les bottes de blé, un hameau tout proche. Notre ridicule équipage a vite fait de nous gagner tous les sourires et c'est à qui nous dépannera en premier : un gamin court chercher une pompe, une grand-mère apporte sa massue et ces messieurs s'attaquent à la bête.

Pendant qu'ils bricolent, on nous offre des rafraîchissements, les traditionnels verres d'eau chaude, grand classique chez les Chinois. Le thé, ce doit être une légende… Bien sûr, on discute avec les mains et les yeux, car même Chouyou ne comprend pas leur dialecte. Le temps se fait paresseux à l'ombre de leur maison en paille et en terre. Nos vélos sont finalement réparés, et pour fêter l'événement, ils nous convient à partager leur déjeuner. Autour d'une table en Formica, grand-mère arbitre. Bols et baguettes sont distribués, mais comme il n'y en a pas assez, honneur aux invitées. Les plus jeunes et les retardataires encore au champ mangeront après. Nous sommes un peu gênées, et c'est pourtant leur faire plaisir que d'accepter. Au menu, riz de circonstance et pour agrémenter… des nouilles ! On ne va pas faire la fine bouche quand on rencontre des gens si généreux alors qu'ils n'ont vraiment pas grand-chose.

On repart bien tard, non sans s'être perdu en nombreux remerciements. Nos coriaces montures nous permettent d'atteindre le village de Yangdi quand ma chaîne me lâche et reste étendue dans le chemin, tel un gros lézard. Crise de rire... Allez ! On prendra le bus pour rentrer.

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