Petit déj' un peu spécial sur le marché

Après toutes ces péripéties et un trajet en bus, j'arrive à Yangshuo à la tombée de la nuit. La vieille ville semble être un endroit charmant et authentique à souhait, avec ce que permet de distinguer la pénombre du soir. Aux vues d'une certaine surpopulation touristique, tant occidentale que chinoise, les hôtels ne manquent pas. Après en avoir visité quelques-uns, je trouve enfin un repos bien mérité à la Bamboo House. (ancre sur où dormir ?).

Au réveil, la vue de la terrasse est un véritable enchantement : les brumes matinales se dissipent peu à peu, découvrant de traditionnelles demeures chinoises en pierre et chaux. Elles sont très pittoresques avec leurs toits qui rebiquent et leurs colombages de bois gruyère. Alentour, encadrant la vallée, des petits pics dodus se croisent et se chevauchent comme si Dame Nature avait voulu dessiner des montagnes russes. Plus loin, serpente une rivière sur laquelle se promènent des bacs et des navettes. En bas, la rue principale s'éveille lentement. Les multiples restos occidentaux ont encore porte close, mais les premiers marchands sortent déjà leurs étalages de souvenirs, de chiffons, de " vrai faux bon marché ". Un plan en poche, je pars en quête d'un petit déj'. Une ruelle pavée, un joli porche sculpté d'idéogrammes et derrière une place et un lavoir, quelques femmes y font leur toilette, une vieille lave ses légumes et dans le soleil rieur des gamins ébouriffés se chahutent, sans attention aucune pour leur uniforme d'écoliers.

Ils ont le sourire facile ici ! Ça réconforte même si on a l'impression qu'au ton de leur voix, ils sont toujours en colère. Pas grave, faut juste s'habituer à la musique de la langue. Je parviens toutefois à me faire expliquer, non sans quelques bruitages, où se trouvent les " cantings " (miam-miam de rue). Je me dirige donc vers cette grande halle, un marché chinois dans toute sa splendeur. Ça gargouille et ça piaffe de partout. Les stands à même le sol composent un tableau bariolé de l'alimentation locale : ici, légumes et fruits en sages pyramides colorées, là, puanteur et mouches à tout-va, dans le coin des viandes et des poissons. Hygiène zéro ! Ça pendouille au gré du vent ; on te sert d'une main douteuse anguilles qui frétillent et vraies grenouilles. Le must pour les amateurs, la patte de poulet vinaigrée ou les insectes sautés. Haut-le-cœur et tourbillon dans cette masse mouvante qu'il faut bien traverser pour rejoindre les stands de cuisine. J'y suis. On dirait que toute la Chine s'est donné rendez-vous : bousculade à quimieux mieux dans des baraquements de planches et de rien. Je laisse la soupe aux nouilles à mes amis bridés et préfère de loin l'option beignet frit. Je demande un café et on me tend un bol fumant de… lait de soja, au demeurant délicieux.

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