Je suis un homme. J’ai voyagé pendant un mois et demi à Madagascar. Dans la brousse, les grandes villes (tana, diego, mahajunga…). Je ne suis pas venu dans ce merveilleux pays pour faire du tourisme sexuel. J’ai été surpris par autant de prostituée, de vieux Français avec de jeunes et jolies filles. J’ai d’abord été choqué. Puis au fil des semaines, j’ai cherché à comprendre. Il ne faut pas juger d’instinct. Le sujet est très complexe. J’ai parlé avec des hommes français vivant à mada, avec des hommes et des femmes malgaches, et surtout avec des filles qui se prostituent. Que dire ? Que la majorité des jeunes filles tombent enceinte et sont rapidement abandonné par leur conjoint. Les filles mères sont une pandémie à Madagascar. Presque toutes les filles qui arpentent les plages, les bars le soir, sont mère d’un ou deux enfants. Ceux-ci vivent dans la famille. Depuis 2012, le pays a plongé dans une crise terrible. Plus de travail pour la plupart des malgaches. Alors, lorsque l’on a une famille à nourrir, se prostituer est une solution. Je ne juge pas. Il faut savoir que le sexe n’est pas tabou pour les africains comme nous occidentaux. Il suffit de voir danser les malgaches pour comprendre. Il y a les filles qui voient à court terme et qui proposent une passe (surtout dans les grandes villes), il y a celles qui voient à moyen termes et restent avec le même vasa pendant toute la durée de son séjour. On les appelle souvent accompagnatrices. Et puis il y a celles qui voient à long terme. Elle proposent un massage sur la plage, et si le client est gentil, alors ceux-ci font connaissance, mais le but ultime et de convaincre ce prince charmant de les épouser. Et disons qu’elles rêvent toutes d’épouser un gentil Français et ceci depuis leur enfance, car leur mère leur ont rabaché que c’était la seule solution pour s’en sortir : fuir le pays. Je peux parler de ma propre expérience d’homme. Je n’ai jamais été voir une prostituée de toute mon existence. Je suis assez bel homme et je n’ai jamais manqué de femmes. Je suis beaucoup sorti en boite et j’adore danser. Et j’ai été servi… danser avec les malgaches est tout simplement sublime. Mais je n’ai fait que danser. Puis un jour, j’ai fait connaissance d’une fille de 35 ans qui travaillait dans l’hôtel ou je séjournais à rahamena. Le lendemain de notre nuit d’amour, je me suis aperçu que ma compagne souffrait de maux de ventre et devait être soigné. Celle-ci m’a gentiment demandé de lui donner de l’argent pour le médecin. Puis sur ma route, j’ai rencontré une autre fille qui n’était pas une prostituée. Et pourtant, après une nuit avec elle, le lendemain celle-ci me demande de l’argent. Et la, naïf, je tombe des nues. Je lui fait part de ma déception, lui donne son argent et la congédie. Puis au bout de 3 jours, je décide de la revoir je parle avec elle. Je la sermonne sur la prostitution, sur son avenir, sa morale. Elle s’effondre en larme, m’expliquant qu’elle a un enfant à Diego, élevé par ses parents, qui n’ont plus de travail depuis la crise, et qu’elle a du arrêter ses études, faute de moyens. Qu’elle vit chez sa tante à Noisy be, qu’elle doit payer pour l’éducation de son fils, et nourrir sa tante qui vient de perdre aussi son travail. Je suis abasourdie. Et lorsque j’ai parlé avec toutes les filles qui arpentent la plage de Nosy be, j’ai entendu presque toujours la même histoire : la misère
Alors maintenant, lorsque je vois une jeune fille bien habillée, souriante, avec un vieux vasa qui l’amène dans un bon restaurant, lui paie de belles robes, et lui donne assez d’argent pour subvenir à sa survie et celle des ses proches, je ne juge plus. Car, sachez que la plupart des belles filles, et ceux depuis des lustres, demandent de l’argent aux hommes malgaches qui veulent les séduire. Nous autres blancs, n’invitons nous pas une femme dans un bon restaurant pour la séduire ? tout est une question de forme.