Adieu Vohemar… la découverte d’Antalaha est une bonne surprise, le front de mer est agréable, la population en a fait un lieu privilégié de rencontres.
Cette petite ville possède paraît-il, plusieurs bons hôtels. J’ai choisi l’un d’eux, connu sous les noms de Palissandre ou Hazovôla en langue malgache. www.hotelhazovola.com.
Les chambres ventilées, suffisamment confortables en ce mois de novembre, sont facturées 60000 Ar, petit-déjeuner basique compris. Ce bel hôtel est doté d’une piscine.
Pour rejoindre Masoala par la piste, deux options s’offrent à nous: En pickup 4x4 puis en moto ou en moto pour l’ensemble du parcours.
A la gare routière Sud, pour 30000 Ar, un 4x4 vous vous emporte jusqu’au village de Fampotakely.
Là, s’arrête la piste praticable. Il faut ensuite régler 150000 Ar supplémentaires et achever le parcours sur le siège arrière d’un bolide à deux roues.
J’ai préféré la deuxième solution et ai effectué la totalité du trajet Antalaha-Cap Masoala à moto.
Coût pour moi, 250000 Ar négocié à 230000.
En cette fin de novembre, ces motos nécessitent 8 à 9 heures pour effectuer la totalité du parcours, un peu, beaucoup plus si la piste devient boueuse.
Dans cette gare routière, le personnel du bureau des transports est de bon contact. Il me paraît délivrer spontanément les bonnes informations, aussi afin de pérenniser les bonnes relations, j’ai bien volontiers accepté de donner le petit cadeau quémandé. C’est l’usage local.
Quelle que soit l’option, il est préférable de réserver la veille, soit pour bénéficier d’une place à l’avant du 4x4 ou pour partir suffisamment tôt, le matin en moto.
Le 4x4 ne partira, évidemment, qu’au maximum de ses capacités en passagers, habituellement en fin de matinée.
Pour une raison non comprise, les motocyclistes ne possèdent pas les papiers réglementaires de leur véhicule. A la sortie d’Antalaha, des gendarmes puis des policiers veillent, mon conducteur n’échappera pas à la redevance… Le dodu policier se révèle plus avide que le fluet et jeune gendarme. Il possède une meilleure connaissance du métier, sans aucun doute…
En son début, la piste se révèle difficile, de grandes cavités sont emplies d’eau; les jours précédents, les premières averses annonciatrices de la saison des pluies ont fait leur apparition et il faut sans cesse, slalomer.
Les kilomètres défilent, le parcours devient agréable, parfois intime sur de tortueux sentiers, il flirte longuement avec le bord de mer mais ne m’apparait pas d’une exceptionnelle beauté.
Les villages sont nombreux tout comme les obstacles. Il faut en effet, affronter neuf passages de cours d’eau et pour atteindre l’autre rive, hisser la moto ou le 4x4 sur de petits transbordeurs actionnés à la pagaie ou en tirant sur un filin.
Ces embarcations, confectionnées à l’aide de deux ou trois pirogues, reliées par un plateau sont efficaces, stables. Dans la mangrove, les ponts, les passerelles à franchir sont innombrables et parfois en piteux état mais sont toujours debouts, pour le grand bonheur des habitants.
A Fampotakely, la piste carrossable prend fin, les 4x4 font demi-tour, la piste mue et devient ça et là, sous la végétation, confidentielle.
Cilin, mon pilote, parle français, il est très adroit, professionnel et se joue des nombreuses difficultés. Dans un charmant village, devant une maison en bois, il s’arrête brusquement pour délivrer de menues gourmandises de la ville et saluer compagne, jeune enfant et délicieuse grand-mère parcheminée, réputée centenaire.
A Madagascar, en Afrique, les effusions, les embrassades ne sont pas encore de ce monde…
Mon sac à dos est solidement arrimé sur le porte-bagages d’une Honda 125, cette moto semble en bon état, quelques pièces détachées nous accompagnent, mes lombaires sont calées sur le sac, l’amortissement est convenable. Que demander de plus ?
Les obstacles sont nombreux disais-je… Oui, le parcours impose, sans cesse de descendre et remonter sur la machine, monter à bord des embarcations, se déplacer sur ces ponts délabrés parsemés de pièges. Ce n’est pas pour me déplaire. Je marche.
Conséquence de ma coutumière impréparation, nous sommes partis tard le matin, trop tard, la nuit tombe et nous ferons halte dans le prochain village, le petit port de Vinanivao.
Dans ce modeste bungalow de bois gris, la chambre à 5000 Ar est rustique mais propre. Elle possède une moustiquaire et un seau d’eau pour la douche. La classe… la restauration proposée est suffisante. Au petit matin, après le traditionnel café noir accompagné de petites galettes, Cap Masoala sera rejoint à bonne allure, en une seule heure.
Sur ce lieu, dans ce petit mais fréquenté port sur rade, coexistent deux possibilités d’hébergement, toutes deux en bord de plage; l’une, onéreuse est destinée, selon l’expression locale, aux vazaha et l’autre à 5000 Ar, aux gens du cru.
Ne vous laissez pas impressionner par l’attitude austère de Madame Perine, la tenancière de ce modeste hôtel et unique restauratrice du village, elle tentera de vous imposer un tarif spécial et s’offusquera même de votre refus ! C’est en fait, une femme charmante…
Ils sont de fabrication locale, ces nombreux bateaux en bois motorisés, de 15 à 18 mètres, ancrés devant la plage de Cap Masoala; vitaux pour l’économie régionale, ils sillonnent en tous sens le golfe d’Antongil.
Deux d’entre-eux sont rattachés au village et font régulièrement, m’a t-on assuré, la navette Masoala-Maroantsetra. L’un est parti ce matin, à l’aube et file vers Maroantsetra. L’autre est attendu ici, demain ou plus tard…
De nombreux autres bâtiments vont ou viennent d’Antalaha, Vinanivao ou encore Mananara, chargés de riz, matelas, bière, clous de girofle… et bien sûr de passagers en nombre.
J’interroge, les avis divergent, quelques uns sont affirmatifs mais nul ne sait, en vérité, le jour où un bateau mettra le cap sur Maroantsetra. La recherche de fret et de passagers est aléatoire.
Peu m’importe, aujourd’hui, demain… la côte est jolie, propice à la photo, la mer est féconde, les pêcheurs nombreux; je suis sur la route depuis si longtemps… je diffuse régulièrement mes images mais je ne m’accorde plus le temps de rédiger. C’est fait.
Comme des millions d’Africains, les Malgaches se déplacent à pieds, beaucoup.
Ils savent donc que d’ici, à Masoala, sur un dénivelé sans cesse changeant, trois jours sont indispensables pour rejoindre Maroantsetra et sept pour relier Antalaha, sur un parcours plus paisible.
En dépit de courts passages sablonneux, le vélo tout terrain est parfaitement adapté à ce dernier parcours, seuls les abords de cours d’eau présentent parfois quelque difficulté.
Un petit nombre d’humbles hôtels jalonnent cette piste mais il est possible de passer la nuit dans un village, chez l’habitant. En outre, certains petits commerces proposent de l’eau, la célèbre Eau Vive de Madagascar, elle remplace avantageusement l’eau des villages, parfois saumâtre.
Dans les gargotes des villes ou des campagnes, l’eau de cuisson des aliments fait office de breuvage. N’hésitez pas, malgré un goût parfois étrange, c’est une vraie bonne idée.
Une dernière précision pour ceux qui ne peuvent concevoir le voyage sans téléphone, Orange est le seul opérateur, aujourd’hui convenablement représenté dans la région.