Il y a de quoi être atterré en lisant ce déchaînement.
Bien sûr qu’on peut parler de désinformation de la part des principaux médias occidentaux, sur certains sujets.
Ce n’est pas un grand complot organisé, non, c’est souvent une idéologie diffuse, une incapacité à approfondir et un certain nombre de biais cognitifs bien connus (biais de confirmation, biais d’ancrage, biais de conformisme…) qui touchent fortement les journalistes et les rédactions sur certains sujets… comme le régime cubain.
Ce n’est pas parce qu’il y a bien pire ailleurs (oui, nous préférons tous vivre en Europe occidentale ou aux États-Unis qu’en Chine ou en Iran) qu’il ne faut pas dénoncer à la fois cette désinformation et surtout l’influence terriblement néfaste des États-Unis sur l’ensemble de l’Amérique latine et en particulier sur ses “ennemis” : Cuba et le Venezuela.
J’ai vécu plusieurs années au Venezuela et si la situation actuelle est terrible, ce que disaient les médias occidentaux sur le régime de Chavez était honteusement parcellaire et orienté.
Taire l’influence américaine sur la situation cubaine est un mensonge.
Dire que l’embargo est une “invention” est une ignominie.Il en va de même au Venezuela où le régime de Maduro est en perdition, sans soutien populaire… mais où le rôle néfaste des États-Unis et indéniable.
Des crimes contre l’humanité ont été ou sont encore perpétrés avec le soutien de l’armée et de la diplomatie américaines en Amérique latine : c’est le cas en Colombie, où les milices paramilitaires profitent de l’aide militaire américaine (“plan Colombia”) pour dominer une partie du territoire et exécuter des milliers de personnes chaque année.
Inutile de revenir sur le passé de l’Argentine, du Chili, du Brésil et même du Pérou.
Et inutile de jouer l’argument - tellement facile - du “respect pour la souffrance du peuple cubain”.
Nous sommes tous solidaires de toutes les souffrances de tous les peuples quels qu’ils soient. On sait que certains ont l’indignation sélective (combien de personnes ai-je rencontrées dans ma longue vie de travail dans de nombreux pays qui étaient focalisées exclusivement sur le drame du peuple palestinien, sans la moindre considération pour quelque autre tragédie humanitaire que ce soit, et sans avoir conscience des constructions idéologiques conscientes et inconscientes qui les avaient conduits à cette seule obsession ?).
Je suis pleinement solidaire des difficultés et des souffrances que vit le peuple cubain.
Cela ne doit pas me conduire à l’obsession, au déni de réalité ni la focalisation exclusive et manichéenne.
Je précise - n’étant pas intervenu depuis longtemps sur le forum Cuba - que je travaille depuis bientôt 30 ans sur la question des droits de l’homme dans différents pays du monde, et notamment en Amérique latine (actuellement en poste à Buenos Aires pour de la coopération judiciaire et la rédaction de rapports sur l’état des prisons des pays du sud du sous-continent (Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay) pour une importante ONG.
Je connais bien Cuba même si je n’y ai jamais vécu (j’y ai fait de nombreux séjours et j’y ai effectué des missions qui m’ont amené à coopérer (parfois très fluidement, parfois de façon très très difficile… avec une opacité qu’on retrouve, ne vous inquiétez pas, même si c’est sous des formes différentes, dans de nombreux pays démocratiques).
Ecoutez ce que dit actuellement l’excellente Dominique Simonnot que j’ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs fois (actuellement contrôleuse des lieux de privation de liberté en France) sur ses difficultés à travailler en France, sur le refus de collaborer de certaines institutions et l’impossibilité absolue à être entendue sur les grands médias (télévisions, radios privées).