Bonjour Ccamillou, nous venons de rentrer…Nous avons voyagé de casas en casas. Souvent les propriétaires ont fait la réservation suivante pour nous, selon leurs propositions ou les nôtres.Très chouettes contacts avec pas mal des locaux rencontrés dans la rue, dans les véhicules partagés, les bars… Des témoignages variés, contrastés quant à la situation socio-politique à Cuba et ce qui reste de pertinent (ou pas) dans le “projet révolutionnaire” dont la dialectique est toujours omniprésente. Mais celle-ci est de plus en plus confrontées aux stigmates du consumérisme mondial. Il faut consacrer du temps pour que les langues se délient et pour apprendre à décoder les commentaires. Contrairement à ce qui a été dit, les gens s’expriment et nous, les touristes, ne nous sommes que très rarement pressentis comme des “euro sur pattes” !Il est évident que la situation est très dure pour une majorité d’habitants. Ainsi que vous l’avez lu, les salaires sont misérables, les prix ont fortement augmentés depuis la pandémie. Nous avons parlé avec des gens très qualifiés qui rêvent de quitter le métier pour un projet personnel plus rémunérateur, mais surtout plus motivant que de travailler pour l’État. On sent une forte envie d’entreprendre grâce aux créneaux que le gouvernement ouvre à une forme de privatisation hyper-contrôlée (!).
Mais toute la société n’est pas prête à prendre ce tournant, d’autant que certains n’en ont pas les moyens. Beaucoup bricolent par trucs et astuces pour garder la tête hors de l’eau… un peu à la manière de l’URSS et de ses pays satellites durant les dernières années. Les carnets de rationnement omniprésents imposent de faire la file pour -peut-être- recevoir 6 œufs, un 1/4 de litre d’huile, 1/2 litre de lait, une boîte d’aspirine…….Ceux qui ont des liens avec les amis/familles à l’extérieur de l’île arrivent à améliorer leur ordinaire grâce à une économie parallèle. Ainsi, des gosses ont un smartphone à 200€, de jeunes adultes roulent en scooters électriques à 2000€, un taximan peut payer 20.000€ sa voiture japonaise âgée de 30 ans ! C’est un peu à l’image du Vietnam et de sa diaspora.Notre situation de touriste nous donne un statut très privilégié (c’est vrai partout, mais 1000 fois plus vrai ici !) et il faut être prêt à l’assumer. La majorité de l’argent que nous dépensons sert à faire vivre une sorte de classe moyenne. Les autres, ont droit aux miettes (la fumeuse théorie du ruissellement !).
Nous avons croisé des touristes qui distribuent furtivement des crayons, des caramels aux plus démunis : une tentative de déculpabilisation assez méprisante à mes yeux, d’autant que c’est inutile. Si vous voulez aider des gens, faites-le dans un processus de rencontres, d’échanges. Évidement, cela demande beaucoup plus de temps et plus d’argent…Au retour, un problème d’avion nous a cloué 30h. à Cancun, Mexique où nous nous sommes retrouvés dans un immense hôtel All Inclusive en bord de mer. Un Varadero version USA, avec sur-abondance de fast food insipide, jus de fruits industriels et main d’œuvre locale soumise à fortes pressions pour combler le touriste lambda. Cette autre forme de misère nous a plus choqué encore. ***En pratique :Argent :
On ne le dira jamais assez, oubliez votre carte de banque (sauf extrême urgence), prenez tout votre budget en Euros ou Dollars ! Reste à vérifier si le gouvernement concrétise sont intention de refaire passer les devises étrangères par les banques. S’informer !- pour changer les € en pesos, prévoir des coupures de 50 ou 100€. Ne changez pas tout d’un coup, car l’offre est souvent meilleure en dehors de La Havane. Évitez le change dans la rue, il y a des arnaques. Demandez conseil dans les casas, dans les commerces, ils sont souvent preneurs. En mars, le change moyen était à 100 pesos pour 1 euro.
Nous avons ressenti un profond sentiment de sécurité dans les casas, mais profitez du petit coffre quand il y en a un (± 1 fois sur 3). Sentiment de sécurité aussi dans les lieux publiques, plages, rues… donc, pas de panique !- pour les taxis et casas, prévoir des coupures de 50, 20, 10, 5€ afin de leur donner le compte juste.- pour les restos, bars… payez en pesos.Transports : très peu de bus circulent, donc utilisez des taxis collectifs qu’il faut négocier afin de souvent obtenir un petit rabais. Les déplacements représentent une bonne partie du budget. Il semble que les bus vont redémarrer avec le retour progressif des touristes. À suivre.
Avoir en tête que les déplacements sont long car les routes…….Logement en casa particular : environs 30€/jour pour 2 avec petits déj. Parfois repas du soir disponible pour 5 ou 10€/pers. (souvent très bon et moment de partage avec les habitants sympa).Restos : entre 500 et 1500 pesos/pers. On peut trouver moins/plus cher selon vos envies (sandwich à 150 pesos). Les mets sont souvent simples, mais très savoureux. Les fruits sont délicieux et nombreux, profitez-en !
Demandez les menus en pesos car ceux en € ou $ sont souvent une arnaque.Boissons : ça va dans tous les sens ! La bière est à +200 pesos (2€) alors que le café est parfois à 25 pesos. L’eau en bouteille n’est pas fréquente. Prévoir une gourde à filtre charbon qui fera parfaitement l’affaire. Les cocktails sont à 150-300 pesos… et si bons qu’on a tendance à en abuser !!!Eau : dans beaucoup d’endroit, elle est rationnée, donc stockée en cuves sur les toits. Oubliez la belle grosse douche, il faut en faire des économies.Téléphone-internet : nous avons opté pour une carte SIM CubaCelTur valable 30 jours et achetée via site web étranger. Pratique, d’autant que nous devions rester en contact avec la famille. Ça fonctionne, souvent assez modestement et rarement pas du tout. Contrairement à ce qui a été dit sur ce forum (voir discussion que j’avais ouverte), il est possible d’acheter une carte SIM “normale” qui revient moins cher. À confirmer.À emporter :
Les classiques : savons, dentifrice, brosses à dents, serviettes hygiéniques, médicaments de base… tout cela se trouve, mais c’est cher, donc apprécié.
Le lait est rare, on se dit que prendre du lait concentré ou en poudre serait sympa.Coupe-faims :
Il vous arrivera de tomber en rade (panne taxi, longue marche…). Des collations protéinées viendrons bien à point (pour rappel, le chocolat fond à la chaleur !)… et s’il vous en reste, elle feront heureux. Pour conclure :
J’ai pas mal voyagé dans des pays “difficiles”. Assurément, Cuba en fait partie et il faut préparer le projet. Mais Cuba et les Cubains, c’est aussi une alchimie unique qui fait que l’on a souvent envie d’y revenir… J’y retournerai !Les Cubains rêvent de démocratie et d’une meilleure économie. Il est plus que temps !
Il vont devoir faire face à un énorme défis : éviter le tsunami néo-capitaliste qu’ont connu (que connaissent) les anciens pays de l’Est.
Je vous souhaite un très beau voyage, -Yves.