J’ai passé 15 jours à Cuba avec mon fils en avril 2023. On m’en avait parlé comme d’un pays pauvre mais digne. C’est terminé. Cuba est gangrené par la corruption, la prostitution et le racket y est institutionnalisé.
Ca commence à l’aéroport : avant le contrôle des passeports et des cartes de tourisme, on me présente un document que je suis supposé avoir (qui n’existe pas sur le site de l’ambassade de Cuba à Paris et que je n’ai pas le droit de photographier) tout en soulevant le coin d’une enveloppe dans laquelle se trouve un billet de 10 euros. Paiement exigé et uniquement en espèces, sinon on ne rentre pas.
Je sors un billet de 20 euros (je voyageais avec mon fils) que je montre à la cantonade, ce qui a passablement énervé la préposée, sous les yeux des policiers qui n’ont pas bronché. Dès que j’ai posé les billets sur la table ils ont disparu dans un tiroir. Quand j’ai demandé un reçu, elle ne parlait plus l’anglais, et probablement plus l’espagnol si je m’étais exprimé dans cette langue.
Arrivé à l’hôtel à la Havane (un 4 étoiles en bord de mer), on me propose de changer mes devises au taux de 180 CUP pour un euro (120 CUP au marché officiel). Je refuse, le vendeur sort l’argument massue : en plus je vous propose des filles, sous l’oeil égrillard du portier qui m’assure que “les cubaines sont les meilleures”.
Les hôtels et restaurants pour touristes manquent de tout ou presque : allez au restaurant la Floridita à la Havane, un haut lieu de la capitale que fréquentait Hemingway. La carte fait 2 bonnes pages, mais ils n’ont que 3 plats à vous proposer, parce que même eux n’arrivent plus à s’approvisionner.
Nous avons passé 3 jours à la Havane avec mon fils et avons été abordés une dizaine de fois en plein après-midi dans le quartier touristique par des prostituées.
Le retour à l’aéroport depuis notre hôtel situé à 120 km illustre parfaitement l’état de délabrement et de corruption qui gouverne Cuba aujourd’hui : un premier taxi (officiel) a parcouru les 50 premiers kilomètres, puis nous avons attendu un deuxième chauffeur : aucun des deux n’avait assez d’essence pour faire l’aller et retour, depuis trois jours aucune pompe à essence n’était ravitaillée. A 20 km de la Havane, contrôle de police : tout est en règle, mais le chauffeur sort de la voiture pour palabrer 20 minutes avec les flics. Pour pouvoir repartir, il leur donne une liasse de billets.
Voilà ce qu’est devenu Cuba et je soupçonne que les choses ne peuvent qu’empirer. La gentillesse marbrée de fatalisme du personnel des hôtels et des chauffeurs de taxis ne durera pas éternellement. A un moment donné, il seront eux aussi obligés de voler pour simplement survivre.
Cuba est peut-être le prochain Haïti, sombre pronostic mais malheureusement pas si improbable.