Madame 66,
C’est aussi grâce à des croyants comme vous que la situation cubaine continue de se dégrader.
L’aura “magique” instituée par Fidel de “Cuba terre sainte de la Révolution” est un formidable outil de communication. Cachés derrière cette image, que vous contribuez à diffuser, ceux qui dirigent Cuba en profitent pour récupérer le maximum au moindre coût (donations, impayés, dettes effacées…) de pays étrangers parce que “Cuba est une nation humaniste et généreuse…”
Les mécanismes qui ont fait de Cuba cet état mendiant son bien décrits dans un livre écrit en… 1969 ! Il s’agit de “Cuba est il socialiste ?” de René Dumont. Dumont (oui, le premier candidat écolo à la présidence) était agronome avec des compétences en milieu tropical. Il avait été missionné par Fidel pour améliorer les pratiques agricoles à Cuba. Après plusieurs mois sur place et des rencontres à tous les niveaux, il avait renoncé à sa mission"infaisable !" Mais il a produit ce livre qui décrit les maux qui empêchaient déjà le pays de fonctionner et n’ont fait que s’amplifier depuis.
Quand on ne fait que passer à Cuba, je conçois bien qu’on puisse ne pas voir qu’il n’y a pas de médicaments dans les hôpitaux, que le système scolaire est tellement en panne que tous les parents qui en ont les moyens payent des enseignants à la retraite (ou pas) histoire que leurs enfants apprennent quelque chose…
Pour voir cela, il faut vous éloigner de l’Escalinata de Trinidad ou des lieux saints tels que le mausolée du Che et parler à d’autres gens que les (petits) privilégiés des casas particulares. Ce qui n’est pas facile, les cubains n’ont pas été habitués à raconter leurs malheurs à des étrangers. C’est en train de changer, mais difficile d’établir une relation propice à ce type de discussion quand on est en simple visite…
Cuba ne vaut guère mieux que la Corée du Nord dans sa manière de traiter la dissidence interne. Pourtant les deux pays ont des images très différentes, cela tient à leurs cultures respectives, mais aussi à cet imaginaire de la révolution cubaine, beau mensonge dont vous vous faites l’écho.