Les États-Unis en train : de Los Angeles à Chicago

Les États-Unis en train : de Los Angeles à Chicago
Le Coast Starlight longeant l’océan Pacifique © Amtrak

Un « rail trip » au pays du road trip. Dans la contrée du tout-voiture et de l’avion, le choix du chemin de fer plutôt que l’asphalte ou les airs étonne encore. Le train, opéré par la compagnie publique Amtrak, offre pourtant un autre regard sur l’immensité du territoire américain.

À condition de savoir apprécier cet éloge de la lenteur : deux à trois jours de voyage pour une traversée ouest-est. Bercés par le roulis, happés par ce travelling grandeur nature, en bonne compagnie, le temps y est comme suspendu pour les voyageurs.

Parmi les lignes les plus intéressantes du pays, le Southwest Chief rejoue la mythique Route 66 en connectant la Cité des Anges à la Windy City : 43 h de voyage, 3 645 km, 32 gares, huit États traversés… Des palmiers californiens au lac Michigan en passant par l’Arizona – porte d’entrée du Grand Canyon –, les roches ocre du Nouveau-Mexique et les plaines céréalières du Midwest. En voiture !

Le train aux États-Unis

Le train aux États-Unis
Amtrak - California Zephyr © Amtrak

Née en 1971, la compagnie ferroviaire publique Amtrak – contraction d’America et de track – assure le transport de passagers dans 46 états, le district de Columbia et trois provinces canadiennes. Près de 300 trains empruntent quotidiennement les 34 000 km de voies ferrées.

L’opérateur national ne possède que 30 % du réseau, la majeure partie étant la propriété de compagnies de fret. Ces dernières sont tenues par la loi d’accorder à Amtrak la priorité sur les trains de marchandises. La législation n’étant pas respectée, l’attente liée au fret occasionne de nombreux retards.

Par ailleurs, la plupart des trains roulent à moins de 130 km/h. La même vitesse qu’au début du XXe siècle, âge d’or du chemin de fer aux USA. Mieux vaut ne pas être pressé et prévoir large pour d’éventuelles correspondances. Avantage des trains longue distance : quand il faut rajouter 4 h sur deux jours de trajet, on ne s’en aperçoit (presque) pas !

Coast Starlight © Amtrak

Ligne mythique, l’une des plus belles d’Amérique du Nord, le California Zephyr assure quotidiennement la liaison entre Chicago et la baie de San Francisco. Près de 4 000 km avalés en 51 h de voyage à travers les plaines du Nebraska, les Rocheuses du Colorado et la Sierra Nevada.

Autres lignes intéressantes : l’Empire Builder qui relie Chicago à Seattle en passant par le Glacier National Park, le Coast Starlight, qui connecte Seattle à Los Angeles en longeant le Pacifique et le Southwest Chief, autre grand train de l’Ouest américain. Ce dernier circule tous les jours entre la deuxième et la troisième plus grande ville des États-Unis. Selon le budget, le voyage se fait sur un siège (à partir de 146 $) ou en cabine privative : de 623 à plus de 1 800 $ (voir Fiche pratique).

Le + de routard.com :

Idée de circuit (testé et approuvé !) : une boucle au départ de Chicago en empruntant le California Zephyr jusqu’à San Francisco (Emeryville), le Coast Starlight de Frisco à LA, et un retour vers Chicago à bord du Southwest Chief.

Coucher de soleil sur la Californie

Coucher de soleil sur la Californie
Los Angeles Union Station © fukez84 - stock.adobe.com

À 18 h, le Southwest Chief quitte Los Angeles Union Station – mélange d’architecture coloniale espagnole et d’Art déco –, laissant derrière lui la tentaculaire et congestionnée mégapole, usine à rêves (brisés), enveloppée dans une chaleur étouffante en cette fin août. Quelque 3 645 km, une trentaine de gares et huit États – Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Colorado, Kansas, Missouri, Iowa, Illinois – nous séparent de Chicago.

Échappant au trafic infernal de la fin de journée, le Superliner gris métallisé rejoint en 30 min son premier arrêt : Fullerton, au nord d’Orange County. À l’étage supérieur, les passagers en coach (la classe économique) prennent leurs marques. Les sièges sont spacieux et inclinables, la nuit s’annonce meilleure que prévue. À moins que la climatisation, cauchemar du voyageur européen aux États-Unis, ne nous transforme en glaçons dans la soirée…

Amtrak - wagon panoramique © Jacob - stock.adobe.com

Le soleil déclinant, on rejoint le wagon panoramique. Des palmiers dépassent des zones pavillonnaires aux maisons clonées. Au loin, le relief se découpe dans une lumière orangée. C’est la golden hour dans le Golden State. Au milieu des passagers, Marti-Ann, en costume bleu foncé, fait des allers-retours. La cheffe de train – conductor en anglais, engineer désignant le conducteur – assure la première rotation du voyage de 43 h. « Je me sens comme à la maison ici, confie cette ancienne avocate qui a rejoint Amtrak il y a 25 ans. Je laisse les problèmes derrière moi et j’aime être avec les voyageurs. »

En achetant une collation, on fait la rencontre d’un ancien professeur de français venu rendre visite à sa famille en Arizona. Il descendra à Flagstaff, au milieu de la nuit. Pourquoi le train ? « Je n’aime pas conduire et… c’est plus romantique. »

À 21 h, le Southwest Chief atteint Victorville et ses panneaux « Route 66 » scintillant dans la nuit. La ville de 135 000 habitants, en bordure du désert de Mojave, abrite un musée dédié à la route mythique. Alors que le train s’enfonce dans la nuit noire, les arrêts ne sont plus annoncés au micro pour préserver le sommeil des voyageurs. Extinction des feux. Chacun tente de rejoindre les bras de Morphée, bercé par le roulis.

Le + de routard.com :

Pour passer une nuit correcte en coach, des accessoires de voyage sont indispensables : bouchons d’oreille, masque, oreiller… Prévoir également de quoi se couvrir car on ne lésine pas sur la clim’ aux États-Unis.

L’Arizona, porte d’entrée du Grand Canyon

L’Arizona, porte d’entrée du Grand Canyon
Williams © jcg_oida - stock.adobe.com

De l’Arizona, on ne verra rien. Avalé dans la nuit. À 4 h du matin, les voyageurs en quête des merveilles de l’Ouest américain descendent en gare de Flagstaff. Le Grand Canyon sans voiture, c’est possible ! Au départ de Flagstaff, des bus Amtrak rejoignent en 2 h le Grand Canyon Village, au plus près du parc national.

Il est également possible de gagner Williams en 40 min. Surnommée la « porte d’entrée du Grand Canyon », la ville de 3 000 habitants est à 95 km du site. L’offre d’hébergement y est plus variée et moins chère qu’au Grand Canyon Village, c’est donc un bon camp de base pour explorer la région. Trois bus font quotidiennement la liaison avec le parc, en 1 h 15. Une fois sur place, le tarif d’entrée est de 20 $ pour les piétons (contre 35 $ pour les véhicules).

Le + de routard.com :

Depuis Williams, on peut également poursuivre l’expérience ferroviaire à bord du Grand Canyon Railway, un train d’époque avec… musique et cow-boys. Le départ se fait chaque jour à 9h30 (8h30 en novembre/décembre) pour une arrivée à 11h45.

Le Nouveau-Mexique, l’autre Ouest américain

Le Nouveau-Mexique, l’autre Ouest américain
Southwest Chief - Nouveau-Mexique © Amtrak

Au petit matin, le train franchit la frontière entre l’Arizona et le Nouveau-Mexique. Le cinquième plus grand État des USA, sans doute l’un des plus méconnus, réserve les plus belles vues du voyage.

Changement de fuseau horaire, il faut reculer sa montre d’une heure. À l’approche de Gallup, le chef de train invite les passagers à « prendre l’air, fumer et se dégourdir les jambes. » Direction ensuite le wagon d’observation, baigné de lumière matinale, pour le petit déjeuner.

Le café prend une saveur particulière devant le spectacle de ces plaines désertiques encadrées de roches rouges. La matinée avançant, le relief abandonne ses tons ocre, devient caillouteux, se pique de végétation et prend de la hauteur. Du rouge, du jaune et des touches de vert sous un ciel bleu éclatant… La palette en jette !

Dans ce village sur rail, les rencontres sont nombreuses : une famille californienne en partance pour un mariage dans le Missouri, un scénariste chicagoan de retour d’un festival de cinéma à Los Angeles, une étudiante chinoise profitant de ses derniers jours de vacances pour traverser le pays…

Gare de Albuquerque © Jeanne Ferron-Guillot

En fin de matinée, le Southwest Chief marque l’arrêt à Albuquerque. Le succès de la série Breaking Bad a placé la plus grande ville du Nouveau-Mexique – 550 000 habitants –, restée jusque-là dans l’ombre de la capitale Santa Fe, sur la carte du monde. Dix ans après son arrêt, les nostalgiques des aventures de Walter White viennent toujours en pèlerinage sur les lieux de tournage.

Avec ses paysages grandioses et sa politique fiscale incitative, le Nouveau-Mexique a des allures de terre promise pour les studios. On y a également tourné Better Call Saul, Sicario, The Avengers, et plus récemment, Oppenheimer, sur le père de la bombe atomique.

C’est d’ailleurs dans la minuscule gare de Lamy, notre prochain arrêt, que débarquèrent les scientifiques du funeste projet Manhattan en route pour Los Alamos. L’essai nucléaire du 16 juillet 1945 a eu des conséquences terribles sur la santé des habitants du Nouveau-Mexique.

Paysage depuis le Southwest Chief après Lamy © Tim - stock.adobe.com

Entre Lamy et Las Vegas, « New Mexico, not Nevada ! » précise-t-on au micro, la végétation se fait plus dense avec, toujours, le relief en arrière-plan. Ensuite, ce sont des plaines à perte de vue. « On peut apercevoir des antilopes et des chiens de prairie », indique Brandon, le chef de train, loquace sur la faune locale.

En fin d’après-midi, la locomotive franchit Raton Pass, un col de montagne à 2 300 m d’altitude marquant la frontière entre le Nouveau-Mexique et le Colorado. Un ours noir fait son apparition. « J’en vois deux par an, c’est un jour de chance ! », s’enthousiasme Brandon qui chasse la panthère sur ses jours off. Après Trinidad, le soleil s’enfonce dans les plaines du Colorado. Le Southwest Chief est à la moitié de son voyage.

Le + de routard.com :

Avec un peu plus de 2 millions d’habitants répartis sur 315 000 km², le Nouveau-Mexique est l’un des États les plus faiblement peuplés du territoire américain : une moyenne de 6,7 hab/km² !

Des plaines du Midwest à Chicago

Des plaines du Midwest à Chicago
Union Station - Chicago © Jeanne Ferron-Guillot

Au second (et dernier) réveil, il faut à nouveau reculer sa montre d’une heure. À 7h30, le train aborde Kansas City – un demi-million d’habitants – à l’extrême ouest du Missouri. Le Kansas est déjà derrière nous. Nous sommes dans le Midwest, le « grenier à blé » des États-Unis. La région concentre 40 % des superficies céréalières du pays. C’est plat, c’est vert… Moins dépaysant que les terres ocre de la veille.

Le Mississippi, qui coule du nord au sud du pays dans sa partie centrale, marque la frontière entre l’Iowa et l’Illinois. Champs verdoyants, maisons en bois, entrepôts en briques rouges et tracteurs composent un panorama typique de ce coin des US.

À l’approche de Chicago, le paysage s’urbanise. Le Southwest Chief fait son entrée dans l’imposante gare centrale en milieu d’après-midi. La Windy City nous tend les bras.

Le + de routard.com :

En sortant du train, on prend le temps d’explorer Union Station. Ouverte en 1925, en remplacement de l’ancien édifice datant de 1881, la gare est dotée d’un superbe hall, coiffé d’une verrière, où l’on patiente sur des bancs en bois. Ses escaliers ont été immortalisés dans Les Incorruptibles de Brian de Palma (1987).

Fiche pratique

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Consulter nos guides en ligne États-Unis, Los Angeles, Chicago et Parcs nationaux de l’Ouest américain

Les horaires

Le Southwest Chief circule tous les jours. Le train quitte Los Angeles à 17h55 pour arriver à Chicago le surlendemain à 14h50. Dans l’autre sens, le départ se fait à 14h50 avec une arrivée à Los Angeles le surlendemain à 8h.

Acheter son billet

Rendez-vous sur le site d’Amtrak ou son application.

Les tarifs

Pour ce voyage de 43 h et deux nuits à bord, plusieurs options sont possibles.

La moins chère : un siège en coach (la classe économique), à partir de 146 $. Le confort est plutôt bon avec des sièges larges et inclinables. À ce tarif, pas d’accès aux douches. Le change et le rafraîchissement se font dans les toilettes ! Pour un voyage en roomette (cabine de 2 personnes), il faut compter au minimum 600 $.

Ensuite, ça grimpe pour la bedroom (2 à 3 personnes, toilettes et douche privative) et la family bedroom (2 adultes et 2 enfants) : à partir de 1 633 et 1 866 $. Les repas servis dans le wagon-restaurant sont inclus.

Les passagers voyageant en coach peuvent apporter leurs provisions (salades, fruits, soupes instantanées…), acheter des snacks ou payer le repas dans le wagon-restaurant. De 20 $ pour le petit déjeuner à 45 $ pour le dîner.

Texte : Jeanne Ferron-Guillot

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