Formentera, l’île bohème et discrète des Baléares

Formentera, l’île bohème et discrète des Baléares
Côte de Formentera © fernandobosch - stock.adobe.com

Les hippies, Bob Dylan, Led Zeppelin, les Pink Floyd… Formentera, depuis les années 60, est une île de légende, réputée pour le dégradé de bleu de ses côtes et sa douceur de vivre au goût de paradis méditerranéen.

La plus petite île habitée des Baléares (83 km2), entièrement tournée vers le littoral, est restée une destination moins fréquentée que ses consoeurs, une sorte de Baléares pour happy few (et chère !), qui n’échappe toutefois pas aux foules estivales.  

C’est à l’arrière-saison ou au printemps qu’il faut sans doute jeter l’ancre à Formentera afin de profiter de la sérénité de ses plages, mais aussi arpenter ses chemins de randonnée, à pied ou à vélo, toujours sous le soleil, mais la canicule en moins.

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Formentera, toutes les nuances de bleu de la Méditerranée

Formentera, toutes les nuances de bleu de la Méditerranée
Ses Illetes © borjalaria - stock.adobe.com

On ne se risquera pas au concours de beauté avec ses camarades mais la plus ramassée des (grandes) îles des Baléares, seulement 83,2 km2 au compteur, ne finirait pas dernière, c’est sûr. Moins construite, moins haute (192 m à son max), moins grouillante (12 000 habitants mais 4 fois plus l’été), Formentera a su conserver une indolence très sixties-seventies, elle qui connut de fort célèbres estivants, citons Bob Dylan, Led Zeppelin ou les Pink Floyd.

Point ici de boites paquebots qui dégueulent de fêtards comme à Ibiza. Aucune colonne de cyclistes ne ventouse les routes comme à Majorque. Pas non plus de grands circuits de randonnée qui ceinturent ses côtes comme à Minorque.

Formentera, l’île qu’on a cru longtemps sans passé avant de découvrir plusieurs vestiges mégalithiques, joue la carte du calme, de l’indifférence et du charme discret. L’absence d’aéroport y est pour beaucoup même si, en haute saison, les noceurs à la journée, débarquant d’Ibiza (entre 30 minutes et une heure de bateau), alignent leur serviette à Ses Illetes et les cañas dans les bars.

Cala Saona © AlexanderNikiforov - Fotolia

L’ancienne « Frumentaria » (île du blé), qui fut aussi une base de ravitaillement pour les pirates au XIXe siècle, a su tenir son urbanisme et il est appréciable qu’aucun resort mastoc ne soit venu enlaidir un littoral de carte postale (sauf peut-être à Es Pujols). Ça aurait été dommage tant ses eaux (69 km de côtes), favorablement filtrées par les herbiers de posidonie, arborent mille teintes, du turquoise à l’émeraude.

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Pas besoin de voiture ici et, d’ailleurs, leur circulation est strictement réglementée en été. Formentera se découvre plutôt en chaussures de sport, le long de ses 20 km de plages (nudistes de coutume) ou sur les 32 rutes verdes qui se parcourent à pied ou à vélo. On vous rassure, l’île ne fait que 23 km de long et 17 km de large (parfois il n’y a même que 1,5km entre le nord et le sud). Peut-être croiserez-vous ces figuiers qui poussent à l’horizontale ou les charmants lézards sargantanes que l’île a pris pour symbole…

Le Nord de Formentera : salines, plages iconiques et villages de charme

Le Nord de Formentera : salines, plages iconiques et villages de charme
Parc naturel de Ses Salines d’Eivissa et Formentera © Tolo - stock.adobe.com

C’est à La Savina, au nord, que les ferries déversent les visiteurs de l’île. Ce petit port de passage, construit à la fin du XIXe siècle, concentre tous les services qui doivent faciliter la vie des vacanciers. Office du tourisme (allez-vous procurer la version papier des Rutes Verdes), consignes à bagages, loueurs de scooters et surtout de vélos, le moyen de locomotion parfait pour une balade autour des deux lacs intérieurs de l’île : l’Estany Pudent (l’étang qui pue) et l’Estany des Peix (l’étang des poissons) et autour des salines.

Ces derniers font partie du parc naturel de Ses Salines d’Eivissa et Formentera, une vaste zone de près de 1 800 hectares terrestres et plus de 14 000 hectares marins, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999 et qui accueille de nombreuses espèces d’oiseaux. Certains jours, les eaux se parent de rose, le spectacle est grandiose.   

Il faut savoir que, si ces salines tournent aujourd’hui à très faible régime, le sel extrait fut pendant longtemps la principale ressource et une monnaie d’échange très importante pour l’île. Ce qui attisa les convoitises de sa voisine Ibiza qui n’hésita pas à se servir… salement.

L’îlot de S’Espalmador © Tolo - stock.adobe.com

Si le sel a été la star locale pendant de nombreux siècles, il a dû laisser sa place à la plage de Ses Illetes. En voilà une qui ne compte plus ses podiums au concours de la plus belle plage du monde ! Ses Illetes, 450 mètres de long, n’est jamais plus désirable que vue d’en haut avec sa forme en croissant, son sable blanc et sa carnation turquoise. Car l’été, plus bas, c’est un peu la foire d’empoigne…

On vous conseille d’arriver tôt et à vélo (le parking pour voitures, payant, est vite complet). Plus venteuse en haute saison et moins populaire, l’autre plage de l’isthme d’Es Trucadors, la platja de Llevant, longue (environ 1,5 km) mais fine (90 m), alterne étendues sablonneuses et saillies rocheuses. Une alternative toute aussi splendide à la cohue de sa voisine d’en face.

Si près et pourtant si loin. En allant tout au bout de la pointe d’Es Trucadors, on le discerne parfaitement. Normal, l’îlot de S’Espalmador, intégré au parc naturel de Ses Salines, n’est qu’à quelques mètres. Mais ne vous avisez pas de le rejoindre par vos propres moyens, les courants sont forts et c’est tout aussi fortement déconseillé. Là-bas, deux maisons, une tour de défense et basta. On y vient surtout pour ses plages paradisiaques. Et on n’est pas les seuls (renseignez-vous à La Savina pour connaître les horaires des navettes).

Sinon, d’autres plages à l’est de l’Estany Pudent comme la Platja de Sa Roqueta (les nudistes y sont rois) ou la minuscule Platja des Canyers (pas de sable) constituent de bonnes zones de baignade.

Eglise de Sant Francesc Xavier © stbaus7 - stock.adobe.com

C’est au nord que se replient les principales villes (ou plutôt villages) de Formentera. Sant Francesc Xavier, la capitale de l’île, s’organise autour de son église fortifiée du XVIIIe siècle (fin des travaux en 1738), grand cube blanc aux murs bien épais, exhibant sur sa façade les trois croix du Calvaire comme beaucoup d’églises des Pityuses (archipel d’Ibiza et de Formentera). Tout autour obliquent de nombreuses ruelles colonisées par les boutiques de fringues (si vous goûtez le style ad lib, ce look baba qui chérit le blanc et les tuniques de coton brodées) et de décoration. Son marché (les mardis et les samedis) et sa chapelle de sa Tanca Vella (XIIIe siècle, ouverte aux visiteurs du mardi au samedi entre 10h et 14h) méritent qu’on s’y arrête.

À 5 minutes en voiture de là, s’alanguit la ville de Sant Ferran de Ses Roques. Ses atouts ? Son église en pierre (1889), la plus récente de l’île, la frémissante Calle Mayor, son mercado artisanal le soir (de mai à octobre, à partir de 21h, tous les jours sauf les mercredis et les dimanches) et surtout la bleutée Fonda Pepe, auberge et épicentre hippie dans les années 60. Sachez que sur les routes attenantes à ces deux villages, plusieurs moulins (Molí d’en Teuet, Molí de ses Roques, Molí d’en Jeroni) résistent contre vents et marées.

Enfin, plus au nord, bouillonne Es Pujols. Pas d’église ici mais des boutiques, des hôtels, des bars, des (petites) discothèques (oui, oui, Formentera n’a pas pu résister à toutes les attaques). Bref, quelque chose de plus conforme à l’idée qu’on se faisait des Baléares, même si on est encore loin du Disneyland de la fiesta. Du coup, on lui préfèrera des périphéries moins bâties, même si sa plage, stoppée par les falaises de la Punta Prima, reste très attrayante.

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L’architecte Henri Quillé s’est installé à Formentera dans les années 1970. L’île lui doit plusieurs maisons aux murs presque aveugles (toutes petites fenêtres carrées) et recouverts de sable et de chaux pour optimiser l’inertie thermique. Vous en trouverez une, la Casa Ferró, près de la platja d’Es Carnatge, au nord de l’île, avec un mur intérieur d’inspiration Mirò. Cuidado, maison habitée, merci de respecter ses occupants.

L’Ouest de Formentera : phares, grottes et petites criques

L’Ouest de Formentera : phares, grottes et petites criques
Cap et phare de Barbaria © Alexandre ROSA - stock.adobe.com

Le cap de Barbaria a beau être la zone la plus méridionale de l’île, il reste aussi bougrement occidental. A 9 km de la capitale, on l’atteint en traversant des champs d’amandiers, des vignes mais aussi des pinèdes. Attention, l’été, la zone est fermée aux voitures et il faut se garer à 2 km. Une raison supplémentaire de privilégier le vélo mais faites gaffe aux coups de chaud.

Le maître des lieux est son phare immaculé (l’un des trois de l’île, ceux de Barbaria et de la Mola sont contrôlés d’Ibiza), immortalisé par le film de Julio Medem, Lucia y el Sexo (2001). Il veille sur des falaises vertigineuses (100 m sous les pieds), sur des colonies de sargantanes et sur de vifs parterres de medicago, une fabacée sauvage qui dore ce paysage désertique, surtout au printemps.

À quelques mètres du phare, vous trouverez la cova foradada, une grotte naturelle. On y accède par une échelle fatiguée. Mais le jeu en vaut la chandelle : une vue magnifique sur le littoral escarpé et la grande bleue. Ne vous approchez pas trop du bord, ça peut souffler. Autre soldat du cap, la tour de défense des Garroveret (9m de haut) qui servait à guetter les bateaux pirates. Toutes les îles des Baléares en ont érigé. Le cap de Barbaria est aussi l’un des spots les plus courus pour profiter du coucher du soleil.

Torre de Sa Gavina © Naeblys - stock.adobe.com

Si la côte orientale de la Mola a été gâtée en parois inattaquables, le reste du pourtour de Formentera a toujours été plus vulnérable. Pour parer aux abordages des pirates, il a été décidé, au XVIIIe siècle, de maçonner plusieurs tours de défense. Celle de l’ouest, la torre de Sa Gavina se gagne au prix d’une agréable balade (ça tape !) au départ de Can Marroig.

Plus au sud, vous pourrez vous récompenser de vos efforts en faisant un plouf dans la petite (140 m) crique, cala Saona. La recette est connue : sable blanc, eaux cristallines et en sus, les hangars à bateaux des pêcheurs et les hiératiques falaises de la Punta Rasa. Il y a aussi un hôtel, mais ça, ça ne compte pas.

Le + de routard.com :

La route 9 (rutes verdes) embranche Es Cap à la Punta Rasa. Courte (2 km), elle alterne les paysages ruraux d’Es Cap (avec les fameux figuiers de Formentera) et les falaises grenat de la Punta Rasa. Coucher du soleil magique avec l’îlot d’Es Vedrà en fond.

Le Sud de Formentera : Pink Floyd, naturisme et petits paradis

Le Sud de Formentera :  Pink Floyd, naturisme et petits paradis
Caló d’Es Mort © Florent Oumehdi

Le sud, c’est le royaume de la platja de Migjorn, de Corb Marí aux falaises du plateau de la Mola. Une forêt de pins clairsemée et surtout 5 kilomètres de plages et de criques, plus belles les unes que les autres, alloties par de courtaudes concrétions rocheuses. En août 1967, c’est ici que séjournèrent les Pink Floyd.

Aujourd’hui, plus aucune trace du groupe ni même, certains jours, des maillots de bain. Le nudisme a remplacé le rock comme religion. D’ouest en est s’étirent les plages d’Es Mal Pas, d’Es Ca Marí (la tour de guet du sud a été bâtie entre ces deux plages), de Raco Fondo, de Codol Foradat, d’Es Valencians, et d’Es Arenals. Mais, pour en prendre vraiment plein les mirettes, c’est encore plus à l’est qu’il faut crapahuter. Es Copinar, la crique de Caló d’Es Mort, peut-être notre préférée de toute l’île, et la Cala d’Es Ram sont trois paradis à ne pas snober.

La plage de Migjorn concentre de nombreux chiringuitos (ah, le Kiosko 62 !). On ignore ce que ça va donner maintenant que les autorités locales y ont fourré leur nez mais avant, c’est devant ces guitounes que toute l’île pistait les derniers rayons de soleil.

Le + de routard.com :

L’exiguë plage d’Es Valencians est connue pour ses hangars à bateaux avec ces cales d’échouage qui plongent dans la mer. Sur le mur d’un de ces abris, vous trouverez une fresque street art représentant l’un des personnages les plus fantasques de Formentera, Schoppi. Cet artiste autodidacte, décédé en 2007, avait fait des sculptures d’animaux bien bariolées sa spécialité.

L’Est de Formentera : isla latina

L’Est de Formentera : isla latina
Balade à l'est de Formentera © Florent Oumehdi

Dépaysement garanti à l’est. Comme l’impression d’avoir quitté l’Europe pour une contrée plus latine.

Es Caló de Sant Agustí est un village de pêcheurs bordé par les criques de Ses Platgetes. Sur le chemin, vous pourrez jeter un œil au castellum de Can Blai (il en faut de l’imagination pour se représenter ce que ça a été).

El Pilar de la Mola est surtout réputé pour son marché artisanal (le mercredi et dimanche, de mai à octobre), son anguleuse église du Pilar (l’une des trois de Formentera) et son phare de la Mola, le point le plus haut de l’île.

Jolie vue sur la Punta Roja. Ne soyez pas surpris du monolithe dédié à l’écrivain Jules Verne. C’est au phare de la Mola qu’il a situé une partie de l’action de son roman Hector Servadac (1877).

Le + de routard.com :

Une balade à l’est, du village d’Es Caló de Sant Agustí à Es Cala de Caló. Ça grimpe un peu mais le parcours ne présente aucune difficulté. Une fois Es Caló derrière vous, le chemin, étrangement pavé, est appelé « la voie romaine » (Römerweg sur Google Map) ou le chemin de Sa Pujada. Vues en camaïeu de bleu sur Racó de Ses Pedreres et Racó de Sa Pujada. Ensuite, toute une portion de la balade se fait le long de la route, ce n’est pas très agréable mais on vous déconseille de paralléliser par les terres. Les sentiers sont très peu entretenus ou privatisés par les habitants, vous pourrez vite vous perdre. Au bout d’une heure et plusieurs murets de pierres sèches dépassés, vous arriverez à un portail métallique (panneau blanc et vert), allez tout droit pour profiter d’un panorama unique sur la Punta de Sa Palmera et Sa Cala.

Fiche pratique

Retrouvez toutes les infos pratiques, les bons plans et les adresses dans le Routard Baléares en librairie. 

Office du tourisme de Formentera

Comment y aller ?

Vols vers Ibiza avec Transavia, Easy Jet, Vueling... Puis ferry vers Formentera (entre 30 minutes et une heure). Trouvez votre billet d’avion.

Carnet d’adresses

- Fonda y hostal Pepe : c/ Major, 55. à Sant Ferran. Doubles 50-125 €, petit déj compris. Repas complet 25-35 € Q.G. des hippies dans les années 1960, ce bar fait aussi hôtel (7 chambres) avec des chambres très simples, avec lino au sol et meubles tendance Formica. La plupart ont désormais l’AC, mais pas de TV (frigo en location). Cuisine basique. On y vient plus pour la légende toutefois.

- Es Marès : c/ Santa María, 15 à sant Francesc Xavier u 971-32-32-16. Doubles 150-480 €, petit déj et accès au spa compris. L’un des plus beaux hôtels de l’île, tout en blanc, avec des chambres hyper confortables à la déco classe et épuré. Bon rapport qualité-prix hors saison pour cette adresse très chic.

- Can Pasqual : Carrer des Vicari Joan Mary, 2, 07872 Es Caló. Déco de bois clair, présentation super chiadée, saveurs travaillées, Can Pasqual, à Es Caló de Sant Agustí, est une institution depuis 1964. On comprend pourquoi. Nos papilles se souviennent encore du poulpe grillé sur son lit de purée et de l’entrecôte cuite parfaitement. Et que dire du cheesecake présenté en esquimau ? Une tuerie qui vaut à elle seule le déplacement. Can Pasqual propose aussi la spécialité locale du bullit de peix (bouillon de poisson, en fait une parillada de la mer avec du riz), mais on ne l’a pas testée (pour deux personnes).

- Casanita Carrer des Fonoll Marí, 110, 07871 Es Pujols. Ne vous étonnez pas si on vous parle italien dans les restaurants de Formentera. Comme à Ibiza, les ritals ont pris possession des commerces de bouche. La carte de la Casanita, une cantine transalpine d’Es Pujols, ne présente certes pas de grandes surprises, mais que dire de ses pâtes maison ? Que du bien ! Des paccheri all’amatriciana fondantes à souhait qui se tirent la bourre avec des tagliatelles à la bolognaise tout aussi impeccables. Mamma mia ! On en redemande.

Texte : Florent Oumehdi

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