Vue sur le ciel en Égypte
Un ciel idéal pour un hôtel idéal
Dans Frêle Bruit (Gallimard, 1976), l'écrivain Michel Leiris décrit
tous les détails de son « hôtel idéal ». Et parmi eux, celui-ci :
« À quelque étage que vous logiez et de quelque côté que vos fenêtres
soient tournées, à l'Hôtel Idéal […], où l'espace est gaspillé comme
à plaisir en vastes pièces sans destination précise et en recoins absurdes,
le tout coupé de dénivellations imprévues, […], vous avez, jour et nuit,
vue sur le ciel. »
Seulement voilà : pour avoir jour et nuit vue sur le ciel, deux conditions
doivent être réunies. D'abord un ciel. Car les cieux ne courent pas les rues.
Surtout un vrai ciel, un beau ciel, c'est-à-dire un ciel pur. Il faut pour cela
la transparence de l'air du désert. Deuxième condition : une nuit. Car
les nuits ne sont pas légion. Surtout les vraies nuits, qui sont noires. D'un
noir qui n'est jamais tout à fait noir, certes, mais du moins, sans aucune électricité
alentour. Pas le moindre jour de lampe.
Texte : Alain Blottière
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