Collioure côté fauve
Le réveil des fauves
Plage du Boramar, un matin de printemps. Un vieux monsieur repeint sa barque.
Une couche de vert, une couche de rouge… « À Collioure, les [barques]
catalanes font partie du paysage, dit-il entre deux coups de pinceau. Il
faut les garder jolies pour les artistes et les touristes ! »
Face à lui, les pierres mordorées de Notre-Dame-des-Anges. « Drôle d’édifice,
hein ? Pardi, avant, c’était un phare ! ». En effet :
l’antique fanal qui se dresse virilement au cœur de la baie ne fut transformé
en clocher qu’au XVIIe siècle, à la demande de l’architecte
Vauban. Le fleuron d’une église aussi simplette de l’extérieur que gaillardement
gothique à l’intérieur !
À deux pas de là, au Petit Café, on commence aussi tranquillement la
journée. Les uns préparent la terrasse, les autres sont plongés dans la lecture
de L’Indépendant (le bien nommé journal du coin)… Une ambiance bon enfant
qui aurait bien pu donner à Derain des fourmis dans le fusain. D’ailleurs, le
grand peintre n’est pas loin : sur les murs du rempart qui bordent la plage,
la reproduction d’une de ses toiles invite le passant à découvrir les lieux
où le maître, il y a un siècle, posa son chevalier pour immortaliser les couleurs
et l’âme de la cité catalane.
Texte : Réjane Ereau
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