Les précieuses vertus de l’arganier
L’huile magique ou l’émancipation des femmes berbères
Au croisement de la lutte pour la préservation de cet arbre porteur de mille
espoirs et des femmes berbères, une chimiste, Zoubida Charrouf a misé sur la
valorisation des produits de l’arbre et sur l’implication des communautés locales.
Des femmes de la région se sont associées pour valoriser la production d’huile
d’argan. L’existence de coopératives a permis de créer des emplois rémunérés.
Les femmes ont ainsi pris conscience de leurs droits, et l’appui des groupements
a contribué au reboisement des forêts d’arganiers et favorisé le tourisme local.
Grâce à un savoir-faire ancestral et à des gestes de grand-mères maintes fois
répétés, alliés à des techniques modernes, les femmes produisent et conditionnent
elles-mêmes la précieuse huile. Un dur labeur, puisqu’il s’agit d’enlever la
pulpe du fruit (de la taille d’une grosse noix), puis de casser la noix afin
d’obtenir l’amendon qui sera ensuite torréfié à feu doux et broyé dans un moulin
à bras traditionnel. La pâte ainsi obtenue est malaxée manuellement avec de
l’eau tiède, puis pressée entre les mains pour en extraire l’huile au goût de
noisette.
Avant qu'elle n'existe, ce genre d'entreprise n'avait rien pour plaire aux hommes.
Mais, ainsi que l'exprime une des responsables de l'association, « comme
toutes les femmes sont salariées, les hommes ont fini par apprécier, car il
n’y a pas beaucoup de travail par ici et comme il faut renouveler les stocks,
ils sont payés pour récolter les fruits sur l’arbre… ».
Texte : Laurence Pinsard
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