Tais-toi et marche…

Auteur : Théodore Monod

Editeur : Actes Sud

61 Pages

Tais-toi et marche… La loi du désert, au moment où l'on y pénètre, est plus rude que son visage de sable. Il faut serrer les dents et avancer. Pour penser, et pour survivre. Dans son journal d'exploration entre El Ghallaouya, Aratane et Chinguetti, Théodore Monod ouvre les yeux à qui veut bien l'accompagner un peu, le temps de quelques pages, d'une densité bouleversante.
Théodore Monod est une légende, respectée et admirée par les plus grands de ce monde. Le résumer à son surnom de « marcheur du désert » serait insuffisant, car on omettrait les dimensions spirituelles, scientifiques et non moins humaines de sa démarche.
Dans Tais-toi et marche…, chaque mot compte, comme chaque pas, si douloureux et incertain qu'il soit. Les pas, ces empreintes qui ne resteront imprimées dans le sol meuble des étendues sahariennes que quelques instants, sont les garants de sa survie. Et plus il avance, s'éloignant ainsi du point d'eau précédent, plus il se dirige vers un inconnu qui le fascine et l'attire, sans lui faire aucune promesse. Il ne se plaint pas de ses pieds meurtris, de la faim ou de la fatigue, cruelle compagne. Il sait que « chaque pas de ce rude pèlerinage [le] rapproche des joies escomptées : le jus d'ananas, les œufs sur le plat (…) ». Petites joies qui deviennent miracles.
L'idée de Dieu et de la mort est elle aussi présente, toujours, tous les jours. Sa mort à lui, s'il ne parvient pas au prochain puits, et la mort des bêtes dont lui et ses compagnons se nourrissent, malodorante mais salvatrice. Les journées de marche les plus dures, où le paysage est le plus monotone « ont leur saveur, et leur poids, irremplaçable. On échappe, ici, à une existence de "surface", hors-d'œuvre, condiments et bagatelles. Ici, la vie se fait grave, sérieuse, implacable ».
Malgré cela, Monod fait preuve d'humour parfois, ou d'ironie, c'est selon. L'espace s'élargit et devient insondable, le temps se fait éternité. Comme celle d'où Théodore Monod nous contemple aujourd'hui, tristement peut-être, plein d'espoir sûrement.

Retrouvez également Théodore Monod dans notre dossier " Le voyageur philosophe ".

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