1. Albert Londres
  2. Un reporter de première classe
  3. De la chambre au front de l'histoire mondiale
  4. Un redresseur de torts dans les bagnes de la France
  5. Une locomotive à la recherche d'un nouveau souffle
  6. Pour aller plus loin

Une locomotive à la recherche d'un nouveau souffle

Après de tels succès, Londres est évidemment devenu une vedette. Une pièce se donne au théâtre du Nouvel Ambigu : Au bagne, adaptation de son reportage à Cayenne - Dieudonné y tient un rôle (lequel a écrit La vie des forçats, Gallimard, 1930). Le journaliste doit cependant se renouveler. Pour cela, il s'attaque à des sujets de grande ampleur. Il est frappant de constater que ceux-ci sont encore aujourd'hui dans l'actualité brûlante.

Yiddishland, Palestine

En 1929, il part pour l'Europe de l'Est à la recherche du " Juif errant ". Londres, qui n'est pas particulièrement philosémite, y découvre l'ostracisme dont sont victimes les Juifs - lui-même est pris pour un Juif et se fait insulter… Dans la foulée, il va en Palestine, alors sous mandat britannique, afin de rencontrer les sionistes et les Arabes. Là, son constat est que l'implantation juive, ça peut marcher… mais que ça risque aussi de dégénérer grave !

" Environ quatre cents Jeunes-Juifs ont quitté Tel-Aviv pour Jérusalem et, maintenus par la police, se sont rendus fièrement devant le Mur. Là, l'un d'eux se détacha des rangs et prononça un discours. Un autre déploya le drapeau bleu et blanc, nouvel étendard de la terre d'Israël.
Ce fut l'acte le moins politique, le plus imprudent commis par les Juifs depuis leur retour en Palestine. Il signifiait aux Arabes que désormais les Arabes n'auraient plus affaire avec les vieux Juifs à papillotes, mais avec eux, les glabres, les larges d'épaules, les costauds à col Danton !
L'impatience, l'orgueil des jeunes troupes apportaient aux ennemis l'occasion attendue.
Les ennemis la saisirent. "

Extrait de Le Juif errant est arrivé, 1930, recueil des reportages livrés au Petit Parisien en 1929.

Golfe Persique, mer Rouge

Londres veut ensuite mener une enquête sur le monde musulman dans le golfe Persique, et, pense-t-on, sans doute sur les conséquences de l'exploitation du pétrole. Le point fort de ce reportage étant une visite de La Mecque. Pour ce faire, il convainc Chérif Ibrahim, une sorte de Lawrence d'Arabie français nommé Depui. C'est un échec. Dépité, il fait un reportage sur les pêcheurs de perles du golfe et de la mer Rouge.

Balkans

Sa dernière enquête publiée l'entraîne dans les Balkans où il décrit les mécanismes du terrorisme des Comitadjis, nationalistes macédoniens qui s'élèvent contre la division de leur terre entre Bulgarie, Serbie et Grèce. À Sofia, le reporter, plutôt agacé, mène l'enquête :

" Entre-temps j'avais découvert l'adresse du représentant officiel et occulte du comité terroriste. Je me rendis à sa demeure (…). Au-dessus de son bouton de sonnette, son nom suivi de cette qualité : journaliste.
L'homme m'attendait. (…)
- La Macédoine monsieur, en 1893…
- Pitié ! Pitié !
- Êtes-vous malade ?
- J'étouffe. Je ne digère plus la Macédoine de 1893. Je préfère encore recevoir un gâteau d'une livre en plein dans l'estomac !
- Alors, que voulez-vous ?
- Je veux savoir pourquoi l'on assassine des journalistes, des professeurs, des députés, des ministres dans les rues de Sofia ?
- Question de coutume : chez nous, on ne renverse pas les ministres, on les tue. "

Extrait de Les Comitadjis, 1932, recueil des reportages livrés au Petit Parisien en 1931.

Chine

En 1932, Londres part en Chine pour Le Journal. Les Japonais envahissent le pays : le reporter suit le cours des événements, puis disparaît, probablement vers le nord. À son retour, il est pressé de revenir en France, afin de publier les résultats de son enquête. Qu'a-t-il découvert ? C'est " de la dynamite ", confie-t-il à un couple, les Lang-Willar, à bord du Georges-Philippar, navire qui le ramène au pays. Excité, il parle de trafics d'armes et d'opium, des communistes chinois.

Mer Rouge

Le 16 mai 1932, un incendie se déclare en pleine nuit, à bord du Georges-Philippar parvenu au large d'Aden. Soixante-sept personnes disparaissent au cours de la catastrophe. Londres fait partie des victimes. Par un hublot, on le voit coincé dans sa cabine. A-t-on voulu liquider le journaliste ? Est-ce la compagnie maritime qui était visée ? Ou bien, plus simplement, s'agit-il d'un accident dû au mauvais entretien du bateau ? En tout cas, ses confidents, les Lang-Willar, meurent à leur tour, victimes d'un accident d'avion alors qu'ils rentrent en France…

" Je me demande la figure que ferait un commissaire de police français si on lui apportait mon cadavre. Il ne trouverait rien dans mes poches, d'abord ! Le billet de cinquante ou de cent francs est anonyme, n'est-ce pas ? Mais mon chapeau, mon beau taupé vient de Varsovie, mes chaussures portent la marque d'un cordonnier de Buenos Aires et le complet que voici m'a été fort bien réussi par un tailleur chinois qui y posa sa griffe. Et regardez : ma cravate est japonaise, mais mes chemises viennent de chez Abi-Rached le frère, celui qui est dans le souk de Damas. Et dites-moi un peu ce que j'aurais pu rapporter de votre sacrée Afrique Noire ? "

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