Chine : 3 mois de baroud

La gare des hasards

La gare des hasards
Anne-Laure Jozan

Petit matin, entrée en gare de Nanning (province du Guanxi, au sud-est de la Chine) après une nuit de train en provenance du Vietnam. Le sac à dos incrusté dans l'épaule et une furieuse envie de café, je saute du wagon, impatiente de fouler enfin le sol de ce pays mythique. Accessoirement, il faut que je trouve un moyen de rejoindre l'étape du jour, Yangshuo, à quelque trois cents bornes de là. Complètement happée par l'effervescence environnante, je reste plantée dans le hall… Des Chinois, des Chinois partout, qui s'affairent et qui courent, pour attraper un train ou accueillir un proche. Un vacarme étourdissant : ça piaffe et ça bataille, ça chuinte et vocifère, ça braille en hurlements dont j'ignore le sens… Puis il y a ceux qui attendent, qui lisent, qui bouffent, qui dorment ou bien, comme moi, qui ne savent pas pourquoi ils restent là. Perdus, éberlués, ils déambulent hagards au bon gré du hasard...

Dans la chaleur pesante de cette mousson d'été, je cherche abasourdie le spectre d'une enseigne. Bien sûr, tout est dessiné en idéogrammes chinois, c'est certes joli, mais moi pas comprendre ! Faut se lancer, demander : " Chichou, chichou ah… " Hein ?! C'est pas gagné, personne ne parle anglais. Pendant que je me perds entre trois mots de vocabulaire, c'est l'attroupement. Je n'arrive à rien, à part déclencher de frénétiques crises de rire. Dans la cohue, un vieux monsieur me tire le bras. Il semble vouloir m'aider et m'entraîne vers la sortie. Dehors, le grand soleil, un parvis digne de la Défense, des jeux d'eau, des buildings modernes, des enseignes lumineuses et ça grouille de plus belle : vélos en pagaille, piétons en tous sens, autos, motos, tout s'entremêle en concert de klaxons… Pas le temps de rêver, mon sauveur me pousse déjà vers un guichet en extérieur. On fait la queue quelques minutes et une femme au regard rébarbatif s'intéresse à mon cas. La langue de Shakespeare, bien évidemment, on va oublier. Heureusement, j'ai une carte avec le nom des villes en chinois sur laquelle je lui pointe ma destination. " Méyo, méyo ", qu'elle me dit alors que je me débats avec mon dictionnaire. Sa collègue arrive à la rescousse, uniforme militaire, mais sourire aux lèvres, elle m'explique dans un anglais parfait que je ne suis pas au bon guichet, ici c'est les objets trouvés !

Elle me conduit ensuite vers un autre bureau où là enfin on doit pouvoir me délivrer un billet. Ça tchatche sec entre elle et son homologue des tickets. Y aurait-il un os ? Oui, plus de place assise avant une semaine. À moins de vouloir rester en carafe ici, va falloir accepter sept heures de trajet… debout ! Et ce sera de " l'Assis Dur " (?). O.K. Pendant qu'elles blablatent, je jette un œil au guide… Ah oui ! Dans le train chinois, on ne parle pas de " classe ", comme il se doit en pays communiste, on dit, dans l'ordre, Assis Dur, Assis Mou puis Coucher Dur ou Mou. Bref, ce ne sera pas le grand luxe, mais au moins je quitte les lieux au plus vite. Ce qu'on ne m'a pas précisé, c'est qu'en Chine, si tu sais quand tu pars, tu sais pas quand t'arrives...

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Texte : Anne-Laure Jozan

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