Ecrivait Maurice Barrès au début de son roman “la Colline Inspirée”.
S’il est un tel lieu, c’est bien le monastère du 11e siècle de Bachkovo. Dans l’égilse monastériale y sont enterrés deux patriaches de l’Eglise Orthodoxe, Stefan et Cyril, qui prirent sous leur protection, et réussirent à sauver, l’ensemble des Juifs bulgares durant la Seconde Guerre Mondiale.
Lorsque j’arrivai à Bachkovo, je cherchai le camping… Qui était fermé définitivement.
Qu 'à cela ne tienne, un restaurateur m’invita à planter ma tente derrière son resto pour autant que je vienne manger chez lui. Pas de problème, une excellente cuisine et des prix à faire rire.
Seulement, il fallait que le matin je me lave au lavabo des toilettes, lequel se trouvait à l’extérieur. Alors je me levais très tôt, quand il n’y avait encore personne en rue dans le village, pour qu’on ne me voie pas à walpé. Ensuite, comme rien encore n’était ouvert, je montais au monastère ou je m’asseyais dans la cour. Les moines avaient leur service religieux et je pouvais entendre leur chants, contemplant le ciel bleu aux quelques nuages filandreux et les montagnes couvertes de conifères.
Quand les moines en avaient terminé avec leurs chants, un vieux moine aux longs cheveux grisonnants sortait en premier de l’église. Il avait l’air d’un personnage d’un film d’Eisenstein. Me voyant assis dans la cour, il me donnait sa bénédiction d’un signe de croix.
Vous imaginez comment je me sentais.
Un jour, un couple d’israëliens, juifs orthodoxes, se présentaient à l’entrée du monastère. Je leur fit lire la plaque commémorative en hébreu. L’homme dit simplement “beautiful”. Je les envoyai ensuite dans l’église voir les tombes des patriarches. Ils étaient manifestement peu à l’aise, mais je les ai vut ressortir plus tard de l’église tout à fait détendus.
Un autre jour un bus de pélerins grecs sous la direction d’un jeune prêtre s’arrêta à Bachkovo. J’échangeai quelques mots avec lui, puis il dit : “god bless you”. J’ai répondu qu’il l’avait déjà sans doute fait en m’amenant dans cet endroit…
Perso, quand je me suis receuilli sur la tombe des deux patriarches, j’ai , chose assez rare, cru à une vie après la mort. Des hommes comme ceux-là ne pouvait mourir…
Voilà pourquoi j’aime la Bulgarie…