Kumamoto peut se vanter d’avoir la côte en tant que destination touristique, du moins au Japon. Il est vrai que les Japonais sont très familiers avec cette région du Sud, réputée à travers l’archipel pour sa nature luxuriante, ses sources d’eau chaude, son boeuf rouge ou encore son littoral sauvage. Mais Kumamoto vise dorénavant plus haut : la région manque encore cruellement de visiteurs étrangers, et elle est certainement prête à les accueillir et à faire découvrir un tout nouveau chapitre de la culture japonaise aux amoureux de l’archipel. Voici un exemple des journées hors des sentiers battus que Kumamoto peut offrir, avec sa petite voisine charmante la ville d’Aso.
Se rapprocher des Kami en grimpant au Sanctuaire Kamishikimi Kumanoimasu
Malgré une petite difficulté d’accès, car le Sanctuaire est littéralement perdu dans sa nature, le Kamishikimi Kumanoimasu vaut le détour et est un Sanctuaire qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie. Il est réservé pour les grandes occasions dans la vie des Japonais, tant son ascension est longue et fatigante. Les anciennes lampes en pierre massive s’alignent à travers les arbres hauts et serrés, bordant étroitement des escaliers irréguliers en pierres, en terre, en racines qui permettent d’accéder au Sanctuaire perché dans la forêt.
L’envie prend souvent de capturer l’endroit enchanteur en photo, et pourtant il faut faire attention à ses pas tant les marches sont anciennes et accidentées. L’ascension prend une quinzaine de minutes, dans le silence, une étape transition jugée nécessaire dans la religion shinto pour accéder au monde des Dieux. Le petit Sanctuaire à l’arrivée ne fait pas partie des plus majestueux, mais son humble charme n’en est que plus envoutant encore : sa simplicité est en corrélation avec la nature qui l’entoure. Pour les courageux, une montée supplémentaire derrière le Sanctuaire apportera une expérience différente de la culture japonaise : les power spot. Traduit en anglais maladroitement comme étant un endroit de pouvoir, c’est pourtant littéralement ce dont il s’agit. Arrivés en haut du chemin, dans une petite grotte/tunnel ouvrant sur plus de nature, les Japonais s’étirent, respirent à pleins poumons, s’arrêtent, ferment les yeux et s’imprègnent. Les visiteurs ont du mal à comprendre, mais pour les Japonais les power spot sont des lieux spéciaux au Japon qui emplissent d’une énergie spirituelle et qui nettoient l’âme. Très certainement un exercice qui vaut bien la peine d’essayer.
Dans la ville de Kumamoto, une après midi à l’âme japonaise
Dans la ville de Kumamoto elle-même, les informations attractives pour les touristes ne manquent pas et bien sûr son château est sûrement la visite incontournable pour une première impression de la ville. Mais pourquoi ne pas s’éloigner un peu des brochures et se rendre au jardin de Suizenji? Ce magnifique jardin japonais est lui aussi bien connu, mais reste néanmoins dans l’ombre de son voisin château.
L’inévitable essayage de kimono est une expérience à essayer une fois dans sa vie au moins. L’équipe du magasin Collection communique sa passion des kimonos avec calme et émotion, les gestes sont assurés et précis lors de l’essayage de kimono en cabine. Le choix est vaste parmi les couleurs, mais une fois le kimono sélectionné les mouvements sont rapides et efficaces. Les femmes virevoltent autour du client, resserrant ce lien et tirant ce bout de tissu et nouant ces deux fils, et finalement la tornade de couleurs, d’effleurements et de tissus s’arrêtent lorsque l’obi est resserrée autour de la taille. Les femmes s’accordent souvent à dire que le kimono fait ressortir le côté féminin de celle qui le porte, l’incitant avec son obi raide à se redresser, ou à faire de plus petits pas pour éviter que les pans du kimono ne s’ouvrent trop. Le plus de la boutique est son emplacement juste à côté du jardin magnifique de Suizenji qui mérite une visite, kimono ou pas. Porter un kimono dans ce cadre idyllique garanti non seulement des photos dignes d’un shooting professionnel, mais bien sûr des souvenirs inoubliables d’une expérience japonaise. Croiser les Japonais en kimono également, échanger des sourires et des signes de tête, s’arrêter à la maison de thé pour compléter l’expérience en immersion dans la culture japonaise… Le temps passe vite, et le jardin demande plusieurs heures d’exploration tranquille avec ses multiples chemins et même son petit sanctuaire. Le jardin fut créé, non pas par un professionnel paysagiste, mais plutôt par un poète amoureux du thé vert. Ce qui explique pour les connaisseurs son style et organisation de la nature un peu différente, puisque le jardin fut créé avant tout pour y apprécier un bol de thé vert.
Le meilleur ramen de la ville… testé et approuvé
A Kumamoto, la compétition pour devenir le meilleur restaurant de ramen est rude. Ici un très sérieux candidat se présente, non lui du parc Suizenji, et une dégustation s’impose.
Ajisen Ramen offre ce style de ramen que les Japonais affectionnent tant, simples, rapides et délicieux. Le restaurant est tenu par une équipe énergique habituée à servir des clients pressés pendant la pause déjeuner, mais pourtant l’impasse n’est pas faite sur la qualité. Le restaurant est toujours complet, avec son emplacement pratique au centre-ville et son prix raisonnable qui sauvent faire des heureux. Une très bonne adresse de ramen, en somme. Est-elle la meilleure de Kumamoto? Il faut goûter pour juger.
La voisine discrète de Kumamoto : la ville d’Aso
En une journée le timing devient très serré, mais si on veut s’éloigner des sentiers battus pourquoi ne pas donner une chance à la ville d’Aso, située à une vingtaine de kilomètres de Kumamoto, donc une demie-heure en voiture? Voici le quartier favori de la ville, et pourquoi il vaut le détour.
Le Sanctuaire d’Aso est assurément l’un des coins favoris des locaux, de par son histoire incroyable, son allure et son architecture incongrue pour un sanctuaire Shinto, mais également pour les épreuves qu’a endurées le Sanctuaire centenaire durant le terrible tremblement de terre de 2016. Malgré son bâtiment principal effondré après les fortes secousses, le Sanctuaire d’Aso reste un lieu de visite populaire en particulier pour les connaisseurs du Japon et les locaux. Il s’agit en effet d’un rare représentant des sanctuaires Shinto à travers le Japon dont la porte principale, le Torii, ne fait pas face directement au Sanctuaire, mais plutôt à la montagne volcanique à laquelle le lieu est dédié. Sans compter le fait qu’au lieu d’abriter une divinité, ou deux maximum dans le cas d’un couple comme pour la plupart des sanctuaires Shinto, le Sanctuaire d’Aso abrite un total de douze divinités.
Et pour les plus sceptiques, malgré les dommages subis pendant le tremblement de terre de 2016, le Sanctuaire se situe juste à côté d’une rue commerçante charmante et traditionnelle, qui accueille le visiteur avec de quelques petites boutiques artisanales, cafés et restaurants. Il faudra peut-être préférer une saison animée, comme les sakura ou l’automne, pour voir la petite rue au plus fort de son activité. La petite boutique Tanoya saura ravir les gourmands : ses petits choux à la crème nommés les Tanochoux donnent l’impression que l’estomac n’a plus de limites, et sont souvent complètement vendus à la fin de la journée.
Il y a bien plus à voir, à visiter et à expérimenter à Kumamoto. Bien sûr les villes de Kumamoto et Aso peuvent constituer une première étape, et remplissent le carnet d’une journée fatigante mais gratifiante. Restez connectés sur le Guide du Routard pour voir les prochaines étapes de mon voyage à Kumamoto!