Peut être que vous ne le savez pas mais il existe de bons médecins, pharmaciens sénégalais…il existe aussi d’autres médecines que la médecine occidentale…enfin, la plupart des africains n’ont pas la possibilité de prendre des médicaments en prévention et d’ailleurs ce ne serait pas bon…Excusez moi de penser à eux aussi…et je vous rappelle que ce sont les traitements préventifs (souvent pris par les touristes…) qui ont rendus le palu plus dangeraux…Je ne souhaite par là culpabiliser personne mais faire prendre conscience aux gens…et sortir de ce discours que l’on a entendu maintes fois…en quoi le fait d’avoir accouché au Sénégal vous donne une légitimité? je vois pas le rapport!
bref, je joins à ces quelques remarques un article assez intéressant de MSF, bonne lecture!
CONTRE LE PALUDISME, IL EST TEMPS DE PASSER AUX ACT
Pour soigner le paludisme, un traitement simple et efficace existe : les ACT. Pourtant, faute de volonté politique, la plupart des malades continuent d’être soignés avec des médicaments anciens, devenus inefficaces.
Si le nombre de décès dus au paludisme connaît une augmentation alarmante depuis une vingtaine d’année, c’est que l’efficacité des médicaments utilisés, anciens, a considérablement chuté.
Le parasite responsable de la maladie a développé des résistances à la chloroquine (également connue sous son nom commercial, la Nivaquine®), à la sulphadoxine-pyriméthamine (ou Fansidar®) et à l’amodiaquine. Ainsi, les études prouvent que, dans la plupart des pays africains, le taux de résistance à la chloroquine varie entre 40 et 95%. Et il n’a fallu que cinq ans pour qu’apparaissent les premières résistances au Fansidar®, utilisé pour tenter de contrer les résistances à la chloroquine.
» UN TRAITEMENT EFFICACE EXISTE : LES ACT
Il existe pourtant un traitement efficace contre le paludisme : les ACT (artemisinine-based combination therapy). L’artémisinine est un dérivé d’une plante chinoise dont des études sur plus de 2 millions de cas ont prouvé l’efficacité. Ce produit est facile d’utilisation (par voie orale et sous forme injectable) et d’action rapide, éliminant les parasites présents dans le sang plus vite que les autres molécules disponibles. C’est donc un atout en phase épidémique, puisque cela “casse” le cycle de transmission de la maladie.
Si l’on parle de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT), c’est que l’artémisinine est administrée en association avec une autre molécule encore efficace (Fansidar®, amodiaquine ou méfloquine). Ceci afin de prolonger et de renforcer l’effet du traitement, mais aussi de retarder l’apparition de résistances.
» DEPUIS 2001, MSF EST PASSÉE AUX ACT…
Afin de garantir aux malades des soins adéquats dans des contextes de résistances aux anciens traitements, MSF a décidé en 2001 d’utiliser systématiquement les ACT pour ses patients atteints. Chaque jour, en Afrique, les équipes de Médecins Sans Frontières soignent en moyenne 3.000 malades du paludisme – soit plus d’un million de personnes par an. C’est la pathologie que nous rencontrons le plus fréquemment dans nos programmes en Afrique. En 2004, les équipes de la section française de MSF ont, à elles seules, pris en charge avec des ACT 350.000 cas, dont 100.000 lors d’épidémies.
» …ET SE BAT POUR LA GÉNÉRALISATION DES ACT
Malheureusement, dans la grande majorité des pays d’Afrique, ce sont les médicaments anciens et inefficaces qui continuent d’être massivement prescrits. Selon l’OMS, un traitement est efficace si le taux d’échec est inférieur à 5%. S’il dépasse 25%, il faut changer de protocole. Dans la plupart des pays africains, la chloroquine et le Fansidar® se heurtent à des taux de résistance bien supérieurs à ces seuils.
Un traitement ACT coûte cinq à six fois plus cher que les traitements classiques mais inutiles. Seule une fabrication à grande échelle pourra faire significativement baisser le prix des ACT. Dans cette optique, la DNDi (drugs for neglected disease initiative), fondation créée avec le soutien de MSF, a conclu en avril 2005 un accord avec un laboratoire pharmaceutique pour la production d’une nouvelle co-formulation (artémisinine et amodiaquine) qui ne sera protégée par aucun brevet et pourra donc être librement copiée par d’autres fabricants.
» PASSER AUX ACT, UNE QUESTION DE VOLONTÉ POLITIQUE
Mais si l’argument financier est souvent invoqué pour justifier les réticences à passer aux ACT, l’explication réelle se trouve dans l’absence de volonté politique. MSF, dans les pays où elle intervient et à travers la Campagne d’accès aux médicaments essentiels (CAME), milite donc pour convaincre les pays africains de choisir des médicaments efficaces dans leur protocole national, l’OMS de recommander ce changement et l’aide internationale de financer ces médicaments.
En 2002, l’OMS a publié une recommandation claire sur la nécessité d’utiliser les ACT dans les pays touchés par les résistances aux antipaludéens classiques. Le Fonds Global des Nations unies contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a récemment déclaré ne plus désormais accepter de financer de médicaments inutiles. Plusieurs pays comme le Burundi et le Liberia ont, suite notamment à des pressions de notre part, accepté de changer leur protocole national de traitement. Mais l’adoption des ACT dans l’ensemble des pays d’Afrique n’est toujours pas faite. Seuls 33 pays d’Afrique ont décidé de changer leur protocole de traitement pour inclure des ACT, mais aujourd’hui, seuls 9 d’entre eux ont commencé à concrétiser ce changement. Pour garantir l’accessibilité des ACT aux malades du paludisme, une volonté politique forte est plus que jamais nécessaire.
Photo : Florence Gaty / MSF - Akuem, province du Bahr el Ghazal, Sud du Soudan
