Bonjour,
Je ne voudrais pas vous jeter un seau d’eau froide à la figure, mais il faut regarder les choses en face.
Première chose, aucune personne non vietnamienne ne peut posséder un bien immobilier au Vietnam, c’est une loi qui ne souffre de pratiquement aucune exception. Et même pour les Vietnamiens, plutôt que de propriété au sens occidental du mot, il s’agit très souvent de bails emphytéotiques d’une durée de 49 à 99 ans. L’idée étant que le sol vietnamien est la propriété inaltérable de l’ensemble des Vietnamiens, représentés par l’État. Vous me direz, avec raison, que si l’on est pas spécialement attaché à l’héritage, il n’y a pas de vraie différence entre ce type de bail et la propriété.
Mais, en tout cas, même marié, vous ne posséderez pas légalement cet appartement, c’est votre femme qui en serait propriétaire.
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Venons-en à quelque chose de plus délicat, vous connaissez une personne durant deux jours et vous envisagez de construire votre vie avec. Pardonnez-moi, ma cela me semble un peu léger, certes, vous correspondez depuis cinq ans, mais pensez-vous vraiment que vous savez tout de votre amie ?
D’autant plus que les différences de civilisation sont importantes, bien plus ce qu’une approche sommaire peut laisser supposer.
J’ai connu, en 1968, au Vietnam, alors que j’étais délégué du CICR, celle dont je suis toujours heureux d’être l’époux. Elle venait d’une famille qui, sans être riche, faisait partie de la petite bourgeoisie intellectuelle vietnamienne : médecins, prof, artistes, etc. Il a fallu plus d’une année et demi pour que mon futur beau-père consente à notre mariage et comme ma douce ne voulait pas se marier contre l’avis familliale… Certes, les choses ont changé, mais les fondements culturels restent stable, en particulier le confucianisme__*__, le fait que la collectivité prime sur l’individu.
Ma femme a reçu une éducation française, elle parle parfaitement français, anglais, elle se débrouille en allemand elle a donc, en plus de sa culture vietnamienne, une très bonne connaissance de la culture occidentale. Et encore maintenant, après plus de 50 ans de vie commune en Europe, et que je parle, lis et écrit vietnamien de façon raisonnable, il arrive parfois que nous ayons des fous rires en constatant nos différences d’appréhension de la vie.
Je souhaite vous dire que si l’on vous demande des investissements importants après des relations que je qualifie, excusez-m’en, de sommaires, il faut agir avec la plus grande prudence et la plus extrême vigilance.
* Parmi les avantages du confucianisme, l’importance donnée à l’instruction. Ma belle-famille, après avoir beaucoup souffert dans les années 1970, s’est complétement rétablie, et même pour certains, enrichis, grâce à leur niveau d’instruction. Comme le dit mon épouse : “ce que tu as dans la tête, personne ne peut te le voler”.