Ce n’est pourtant pas encore gagné pour les russoph(ils/ones):
07/03/14 08:31 Le vote du parlement de Crimée, un choc pour nombre d’habitants
par Alissa de Carbonnel
SIMFEROPOL Ukraine (Reuters) - Les autorités pro-russes qui ont voté le rattachement de la Crimée à la Russie affirment agir selon la volonté d’une majorité écrasante de la population de la péninsule ukrainienne.
Les rues appartiennent aux partisans de la Russie: des foules scandant “Rossiya! Rossiya!” et brandissant le drapeau tricolore russe.
Mais pour des habitants plus discrets, qui se disent fiers d’être ukrainiens - personne ne sait de quel côté penche la balance - la décision du parlement de Simféropol est un choc, qui leur fait redouter le chaos, l’émigration ou la guerre.
“Je suis ukrainien. Je veux que les soldats ukrainiens me protègent. Je ne veux pas faire partie de la Russie. Je déteste la Russie”, lance Tanya Koulik, 16 ans, à l’adresse d’un groupe de militants pro-russes.
Beaucoup d’autres, y compris les Russes de souche, se considèrent aussi comme des Ukrainiens.
“Je suis russe. Je suis née en Russie. Mon père était un officier russe. Mais nous vivons en Ukraine depuis 1989. Je suis citoyenne d’Ukraine. Même si j’ai le droit d’obtenir la nationalité russe, je ne l’ai jamais demandée”, déclare Alexandra Kvitko, rédactrice en chef de Black Sea TV.
Sa chaîne, la seule chaîne de télévision indépendante de Crimée, a été coupée cette semaine par les autorités pro-russes. Son signal et ceux de deux autres chaînes de Kiev ont été remplacés par des chaînes russes pour les habitants de la région autonome.
Si Moscou en venait à annexer la Crimée, Alexandra Kvitko pourrait être amenée à quitter la péninsule. “Parce que la Russie n’a pas de médias indépendants - ou à peine - peut-être que nous transférerons la chaîne à Kiev et nous tâcherons de transmettre de Kiev le point de vue criméen.”
COLLABORATEUR
La Crimée a une majorité d’habitants d’origine russe et appartenait à la Russie au XIXe siècle et à l’époque soviétique, jusqu’en 1954, date à laquelle Nikita Krouchtchev, lui-même ukrainien, céda la péninsule à l’Ukraine.
De nombreux habitants ont un passeport russe, en particulier près de Sébastopol, qui abrite la Flotte russe de la mer Noire.
Mais cela ne signifie pas que l’opinion publique de cette région de 2 millions d’habitants est nettement favorable à Moscou. En 1991, ils avaient voté à une courte majorité pour l’indépendance avec le reste de l’Ukraine.
Leonid Pilounski, un membre du parlement régional opposé aux autorités pro-russes, souligne qu’il n’a pas, comme d’autres élus, été convoqué jeudi pour le vote du rattachement à la Russie.
“Il n’y avait pas de quorum. Ce n’est pas une décision du parlement, c’est une proclamation faite par un collaborateur”, dit-il. “C’est illégal et criminel. Quand le parlement est encerclé d’hommes en uniforme sans insigne, il est impossible de légitimer la moindre décision prise dans son enceinte.”
Même si la prise de contrôle de la Crimée par la Russie, le week-end dernier, s’est déroulée sans effusion de sang, Leonid Pilounski redoute des violences. “Il y aura des provocations. Les agents russes ont besoin de sang.”
“LA CRIMEE EST L’UKRAINE”
Un groupe ethnique, celui des Tatars de Crimée, pourrait réagir brusquement à une éventuelle annexion.
Ce peuple musulman autochtone de la péninsule a été déporté massivement en Asie centrale après la Seconde Guerre mondiale, et autorisé à revenir seulement dans les années 1980.
Ceux qui forment aujourd’hui 12% de la population régionale ont fait renaître des villes que leurs parents ou grands-parents avaient dû quitter sur ordre de Joseph Staline.
La semaine dernière, plusieurs milliers d’entre eux ont défilé en faveur de l’unité avec Kiev, juste avant la prise de contrôle russe de la péninsule.
“Mes collègues, les députés (…) qui ont voté (le rattachement) sont tout simplement fous”, déclare Refat Tchoubarov, chef de file des Tatars au parlement criméen, sur le site Facebook.
Une centaine de femmes Tatars se sont rassemblées jeudi dans un village aux cris “La Crimée est l’Ukraine” ou “Nous sommes pour la paix”.
Deux femmes fondent en larmes. Elles sont arrivées ici il y a vingt ans, en provenance d’Abkhazie, une région de Géorgie aujourd’hui occupée par les forces russes après la fuite de plusieurs centaines de milliers de Géorgiens lors d’un conflit ethnique au début des années 1990.
“On a été prises exactement dans le même conflit. On a fui avec nos petits-enfants. Maintenant, ça recommence”, dit Remize Khaiboulaïev, 58 ans.
“On ne peut pas savoir ce qu’est la guerre quand on ne l’a pas vécue. On a vu la guerre, la faim, les réfugiés. Tout le monde a peur que les soldats provoquent quelque chose.”
(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)
dépêche Ruters
Pas vraiment surprenant