Il y a un an, je suis partie avec ma famille pour un voyage de 24 jours en Chine. Nous avons d’abord exploré le sud du pays avec ses rizières et ses pics karstiques, avant de rejoindre Pékin. Nous nous sommes ensuite dirigés vers Xi’an et la province du Sichuan.
Lors de la préparation de l’itinéraire, nous avions prévu de visiter le nord de cette province, avec les parcs de Jiuzhaigou et de Huanglong. Mais un grave tremblement de terre en 2017, suivi par des glissements de terrain au printemps 2018, avaient rendu le parc de Jiuzhaigou peu accessible aux visiteurs. Nous nous étions donc rabattus sur le sud du Sichuan, en prévoyant de visiter deux grands classiques: Leshan et Emeishan. Mais plus au sud encore, une “Bamboo sea”, peu décrite par d’autres voyageurs, nous intriguait. Elle avait donc été inclue dans l’itinéraire, et c’est tant mieux, car ce fut la plus belle découverte du voyage! Ce carnet vous invite, vous aussi, à découvrir cette mystérieuse forêt de bambous.
La Bamboo sea de Shunan Zhuhai s’étend sur une superficie de 120 km<sup>2</sup> et couvre une chaîne de petites montagnes. On y trouve plusieurs dizaines d’espèces de bambous, mais aussi des lacs, des cascades, et des temples accrochés aux falaises. Elle fait partie des “National scenic spots” et a été rendue célèbre grâce au film “Tigre et dragon” en 2000.
Nous y avons passé une journée à l’explorer avec l’aide d’un chauffeur qui nous conduisait d’un point d’intérêt à un autre.
Notre hôtel se trouvant juste à côté du “Qinglong Lake”, nous avons commencé notre journée d’exploration par ce lac. A 8h du matin, il n’y avait que nous, les oiseaux qui se répondaient et une légère brume sur le lac. L’ambiance était magique.
Des chaises renversées et cassées dans la buvette “fantôme” d’un embarcadère, des barques en bambous qui semblaient avoir été oubliées là, et l’absence d’autres touristes nous donnaient l’impression que la Bamboo sea avait autrefois connu son moment de gloire, mais qu’elle n’attirait désormais plus grand monde. Notre chauffeur nous fera remarquer plus tard que les Chinois n’ont pas de raison de visiter une forêt de bambous alors qu’ils en ont plein dans leurs parcs et jardins. Comme vous allez le voir, ils ont bien tort!
Vers 9h, il nous a conduits un peu plus loin, jusqu’à la “Colourful Waterfall”, une succession de quatre cascades de 30, 15, 50 et 74 mètres de haut. A notre arrivée, la troisième se cachait dans la brume, mais elle s’est rapidement dévoilée à nos yeux émerveillés. A notre droite, des escaliers taillés dans la roche rouge semblaient mener à un point de vue au pied de cette cascade. Sur le chemin humide, entourés par une végétation luxuriante, nous nous sommes rapidement pris pour des Indiana Jones!
Plus bas, un chemin partait vers la droite au niveau d’un petit pavillon et permettait en principe d’accéder au point de vue. Mais il était malheureusement inaccessible ce jour-là. En continuant tout droit, les escaliers nous faisaient remonter le long de la troisième cascade, à nouveau cachée par les nuages, avant de nous mener au pied de la deuxième chute.
Le chemin se poursuivait vers la première cascade. Un bac permettait de traverser le bassin dans lequel elle se jetait. Nous ne l’avons pas testé, préférant poursuivre la balade vers le “Bagua square”. Le Bagua est un art taoïste très semblable au Tai chi mais pratiqué de manière plus énergique et en cercle. Les touristes initiés au Bagua pouvaient donc répéter leurs mouvements sur cette place, au son des cascades et du bruissement des feuilles de bambou.
Depuis le square, nous pouvions soit retourner à notre point de départ, soit nous diriger vers un ensemble de temples et d’échoppes. Curieux, nous avons choisi la deuxième option qui offrait quelques statues intéressantes ainsi qu’une jolie vue sur la première cascade et son bassin.
Nous avons ensuite retrouvé notre chauffeur pour qu’il nous conduise à la “Xianyu / Tianbao Cave”. Celle-ci consistait en une enfilade de temples, en partie creusés dans les falaises et en partie accrochés à celles-ci. Les statues colorées de divinités, de Bouddha et de ses disciples contrastaient avec le rouge des falaises et attiraient le regard. Mais la forêt de bambous et la vallée qui s’étendaient en-dessous étaient tout aussi belles.
Pour atteindre ces temples, il fallait effectuer une courte promenade dans la forêt de bambous, franchir un cours d’eau et s’enfoncer dans les falaises par une volée d’escaliers. En chemin, nous sommes passés à côté de l’entrée d’un téléphérique permettant de franchir un canyon. Pour ceux qui auraient eu une petite faim, des vendeurs ambulants exposaient des plantes étranges dans des paniers posés à même le sol.
Après les temples, le chemin se poursuivait par des tunnels et le long des falaises. Celles-ci étaient ornées de gravures assez récentes et représentant des scènes historiques. Mais la mousse verte qui les recouvrait leur donnait un air plus ancien et mystérieux. A nouveau, nous nous prenions pour des explorateurs découvrant des trésors cachés au fond de la jungle. Ce sentiment était renforcé par le fait qu’à l’exception de quelques vendeurs de champignons séchés, nous étions seuls. Pas un seul touriste chinois à l’horizon!
Le chemin finissait par bifurquer. Il était possible de poursuivre le long des falaises ou de grimper quelques volées d’escaliers pour retourner au point de départ. Nous avons dû choisir les escaliers afin de rejoindre le chauffeur et aller déjeuner. Non loin d’un “Lake in the sea” se trouvaient un grand parking et plusieurs restaurants. Parmi ceux-ci, notre chauffeur nous a incités à en choisir un qui contenait à peine trois tables mais qui proposait des plats simples et délicieux. Les enfants du propriétaire s’amusaient de nos efforts pour manger nos nouilles (au bambou, bien sûr) avec des baguettes (en bambou).
Après le repas, nous nous sommes dirigés vers l’“Emerald Gallery”, une portion de route pavée avec la pierre rouge de la région et contrastant joliment avec la forêt de bambous.
Un petit sentier s’en échappait et menait à des bambous dorés dont le tronc était particulier. Des échoppes de nourriture et de souvenirs étaient disposées le long du chemin. Dans certaines d’entre elles, nous pouvions observer les artisans à l’oeuvre.
Ensuite, direction la “Wangyou Valley” pour la dernière visite de la journée. Dans cette petite vallée remplie de bambous s’écoulait un cours d’eau tantôt paisible, tantôt cascadant sur des rochers. Un panneau à l’entrée indiquait aux visiteurs que “marcher dans la vallée tout en observant la lumière du soleil filtrer à travers les bambous ondulant au vent, et tout en écoutant le bruit du cours d’eau, leur ferait temporairement oublier la morosité de la vie”. Et bien, ce panneau ne mentait pas!
Nous avons terminé d’explorer la jolie vallée de Wangyou vers 17h. Il était temps alors de quitter la “Bamboo sea de Shunan Zhuhai” pour rejoindre la ville de “Leshan” et ses milliers de Bouddhas.
Si ce carnet vous a plu et que vous aimeriez en savoir plus sur la “Bamboo sea” ou sur nos aventures dans le Sichuan, n’hésitez pas à lire l’article complet sur mon blog :
https://www.lenemooquivoyage.eu/carnet/voyage-en-chine-chengdu-leshan-emeishan-shunan-zhuhai-bamboo-sea