L’importation des voitures de plus de 5 ans (minibus 8 ans et camions 10 ans) est interdite au Sénégal.
J’ai rencontré au bac de Farafény (passage de la Gambie)un convoi d’une trentaine de véhicules (4L, ambulances, camionnettes) destinées à être données à différents dispensaires de Casamance par une organisation caritative clermontoise.
Vu le temps d’attente (6 heures), j’ai eu largement le temps de discuter avec les différentes personnes de ce convoi: elles étaient complètement dégoutées.
Tous les chauffeurs avaient pris sur leur temps libre pour descendre ces véhicules, à leurs frais : ils pensaient lier le don de leur temps, de leur argent avec un beau voyage…Non seulement ils étaient outrés, mais effondrés d’être obligé de payer pour faire des dons, et avec toutes les tracasseries à l’africaine qui vont avec.
Leurs problèmes avaient commencés en Mauritanie: elles ont été littéralement rançonnées, pas spécifiquement pour les véhicules, mais pour le matériel et les produits qu’elles transportaient (médicaments, frigos, vaccins, matériel médical) ; elles ont du payer une forte somme ! Transit ou pas transit.
Le calvaire a continué au Sénégal : le convoi a été bloqué pendant une dizaine de jours à la frontière sénégalaise. Après moults palabres, tout le monde a été dirigé par convoi de la police et de la douane à l’entrepôt sous douane de Dakar…où ils sont restés 3 semaines le temps « d’arranger certaines formalités »!
Là encore, après d’intenses palabres, elles ont quand même du payer de fortes sommes et des frais de douane (sic)…alors qu’il s’agissait d’un don gratuit !
J’ai également vu qu’après la traversée de la Gambie, le convoi avait l’air d’être de nouveau bloqué en arrivant à Sénoba (coté sénégalais)…
Le cas n’est pas isolé : un ami a déménagé de France. Pour compléter son container, il a accepté de prendre des lits d’hôpitaux. Bien qu’il ait dit que la douane pouvait garder ces lits, il a du quand même payer la douane , sinon, c’est l’ensemble de son container qui était bloqué !
Et on peut multiplier les exemples : l’UE a fait cadeau de la réfection de routes. Elle a envoyé des engins de travaux publics pour faire les travaux. Les douanes sénégalaises voulaient rien de moins que de percevoir les droits de douanes sur ces engins…
Faire de l’humanitaire dans ces conditions, ce n’est même plus du sacerdoce, c’est de l’abnégation.
Bon courage quand même. Ici c’est Sénégal.