Micronésie Palau
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Culture Micronésie

Les ensembles culturels du Pacifique

Les îles du Pacifique sont habitées par trois grands groupes culturels humains : les Mélanésiens, les Polynésiens et les Micronésiens. C’est l’explorateur français Dumont d’Urville qui a proposé ce découpage en 1831 – toujours à l’ordre du jour, même si historiens et ethnologues ont depuis apporté des bémols.

La Mélanésie (« îles noires ») forme un arc insulaire au sud-ouest du Pacifique, entre la Papouasie et l’ouest de l’archipel de Fidji. Elle est essentiellement composée de grandes îles. Elle doit son nom aux plus nombreux de ses peuples, à la peau sombre, qui ont commencé à occuper la zone il y a au moins 40 000 ans.

De loin la plus connue, la Polynésie, qui la prolonge vers l’est, forme un immense triangle entre Hawaii au nord, la Nouvelle-Zélande au sud-ouest et l’île de Pâques au sud-est. C’est un unique et même peuple originaire du sud-est asiatique, arrivé graduellement par la Mélanésie il y a 3000 à 5000 ans, qui a colonisé ce vaste espace.

Les Micronésiens seraient, eux, originaires des Philippines et d'Indonésie. Ils auraient atteint en pirogue les plus occidentales des îles Carolines (Yap et/ou Palau) entre 2000 et 4000 avant J.-C., avant de se disperser toujours plus avant dans ce territoire sans fin aux atolls encore plus petits et isolés qu’en Polynésie.

Au fil du temps, les mouvements de population, les guerres et les contacts sporadiques ont été à l’origine de métissages et d’échanges culturels. Si la très grande majorité des habitants de Micronésie sont Micronésiens, l'atoll de Nukuoro, qui dépend de Pohnpei, marque le point le plus septentrional atteint par des Polynésiens (Hawaii excepté).
Bien que les statues de l'île de Pâques et les tikis marquisiens soient plus connus, les Micronésiens ont eu aussi été de grands bâtisseurs : les cités de Nan Madol (Pohnpei) et de Lelu (Kosrae) témoignent de l'essor de cette culture méconnue.

Clans

Malgré leurs nombreuses différences (y compris de langues), fruit de leur isolement, les sociétés micronésiennes ont d’importants points communs : elles accordent toutes une place centrale à la famille étendue, au partage, au travail communautaire et conservent l’essentiel de leur hiérarchie sociale ancienne, marquée par une organisation en clans (principalement matrilinéaires).

Yap se distingue en outre par une forme d’organisation en castes, héritées des anciens conflits entre les villages et les îles avant que ne débarquent les Européens. À cette époque, les rôles pouvaient varier, les vainqueurs du moment imposant leurs conditions aux vaincus – et vice versa au terme d’un renversement de situation. Mais, depuis deux siècles, la réalité sociale s’est figée. Les vainqueurs d’autrefois se retrouvent ainsi aujourd’hui en haut de l’échelle sociale et les habitants des îles extérieures, anciens vaincus, tout en bas, avec bien moins de chances d’accéder à des postes à responsabilité. La timidité des insulaires à voyager d’une île à l’autre et même à franchir les limites de leur municipalité en découle directement – en dehors de Colonia, la capitale, devenue terrain neutre. Alors même que la grande île de Yap mesure seulement 100 km², bien des habitants des secteurs de Gilman ou de Kanifay, au sud, n’ont jamais mis les pieds à Ruul, Tomil ou Gagil, les trois « piliers de Yap », au nord, peuplés de descendants des clans « supérieurs » !

En miroir, les îles extérieures de Yap sont elles-mêmes gouvernées par des systèmes de castes. Chacun y intègre un rôle particulier : nettoyer les chemins par exemple, ou faire respecter l'ordre – avec le pouvoir d'imposer des amendes, sous forme de nourriture ou de lava lava (les pagnes de coton épais portés par les femmes).

À Yap, à Pohnpei, plus qu’ailleurs, les systèmes politiques hérités du passé perdurent aussi. La seconde, malgré son statut nouveau de capitale des États Fédérés de Micronésie, reste ainsi marquée par le respect dû aux nahmwarki, ces roitelets dont les ancêtres se partagèrent autrefois l'île à la manière d'une coconut pie – une portion pour chacun, du sommet central vers les côtes. Surprise : ils prélèvent toujours une dîme sur les récoltes et n'hésitent pas à vendre des titres de « noblesse » aux commerçants enrichis !

À Yap, les Conseils de Pilung et de Tamol, regroupant les chefs traditionnels des castes supérieures, conservent un pouvoir important : ils ont notamment droit de veto sur certaines lois adoptées par le Parlement s’ils les jugent contraires à la coutume. À Chuuk, le plus peuplé des États, les clans ont conservé moins de prééminence, de même qu’à Kosrae, massivement convertie par l’Église congrégationaliste.

Place de la femme

De même qu’il existe une hiérarchie sociale très marquée en Micronésie, il existe une grande différente entre les rôles des hommes et des femmes. Traditionnellement, chacun se voyait assigner des tâches spécifiques sans qu’aucune ne puisse être confiée au sexe opposé. Si ces dames ramassaient les coquillages, ces messieurs pêchaient au large. Et si elles contrôlaient les terres et en déterminaient l’usage, elles étaient interdites de parole en public ou de postes de décision…
Au quotidien, chacun possédait ses propres quartiers. Les femmes se retrouvaient jadis au dapal, une maison commune interdite aux hommes, où elles demeuraient le temps de leurs menstruations.
À l’inverse, le faluw, la maison des hommes, était en toute logique interdit aux femmes… à l’exception d’une seule, la plus belle, la mispil, désignée volontaire comme l’hôtesse des lieux et l’épouse de tous – un honneur dubitatif contre lequel les missionnaires se dressèrent naturellement.
La coutume disparut avec la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Japonais la prohibèrent.

Stone money et autres monnaies traditionnelles

Sous leurs abords débonnaires, les villages de Yap cachent un étrange secret : l’île possède les plus grosses pièces de monnaie du monde : les rai. Taillés dans la roche, les disques, dont certains pèsent plusieurs tonnes, trônent dans des « banques » collectives, le long des sentiers ou au pied des maisons communes.

Dans un temps très ancien, les Yapeses découvrirent dans l’archipel de Palau, à 230 milles nautiques au sud, une pierre calcaire qu’ils taillèrent en forme de rai, la baleine. Le chef Anugmang leur substitua des monnaies à l’image de la pleine lune, percées d’un trou central pour faciliter le transport.
Au fil du temps, leur taille grandit. La plus impressionnante, conservée sur l’île de Rumung, interdite jusqu’en 2004 aux étrangers, mesure 3,60 m de diamètre !
Yap conserve aujourd’hui un peu plus de 6000 rai. C’est eux fois moins qu’avant la Seconde Guerre mondiale : lorsque les Yapeses leur résistaient, les Japonais détruisaient leur monnaie de pierre.

Leur valeur n’est pas tant fonction de leur grosseur que de leur histoire particulière. Les plus précieuses sont celles dont le prix se mesure en sueur et en vies humaines. Les pièces postérieures à 1871 sont a contrario moins considérées : la plupart furent ramenées de Palau par un entreprenant capitaine irlandais naufragé à Yap, David O’Keefe. Recueilli par les insulaires, il se rendit à Hong-Kong après s'être remis de ses émotions pour y acheter une jonque et monta un business prospère, important les rai en se faisant payer en coprah, exporté ensuite vers l’Asie… Lorsqu’il mourut en 1901 dans un typhon, il était à la tête d’une vaste fortune… en dollars !

D’autres formes de monnaies traditionnelles perdurent, comme le yar en forme d’écope, taillé dans la lèvre d’un bénitier géant et emmanché de fibres de coco. Sa valeur, comme celle des rai, dépend de la difficulté à l’acquérir.

Les échanges avec les îles extérieures reposent également sur la poudre de curcuma, utilisée pour embellir le corps des danseurs, l’écaille de tortue, les plumes de frégates et, plus récemment, les lava-lava, ces lourds pagnes de coton tissé introduits par les missionnaires.

Si le dollar est aujourd’hui roi à Yap, toutes ces monnaies conservent un important rôle cérémoniel. La stone money est ainsi encore utilisée en paiement d’une terre, d’un champ de taro, de la construction d’un édifice traditionnel, ou donnée à titre de dédommagement à une victime ou sa famille lors d’un meurtre, d’une bagarre ou… d’un accident de voiture ! La transaction n’implique pas de changement de place des monnaies : l’effort serait bien inutile, l’échange étant connu de tous.

Les entorses à la coutume, comme le refus de participer aux danses de Yap Day, peuvent aussi faire l’objet d’amendes à régler en monnaies de coquillages. Autrefois, on pouvait aussi être verbalisé si l’on pénétrait de nuit dans un village sans se signaler d’une lumière… Les yar trouvent toutefois leur rôle principal lors des mariages : ils forment à la fois la dot et la compensation payée par le futur mari à la famille de son épouse. En cas de séparation, il suffit de les rendre pour entériner le divorce.

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posté par Bettymau