Italie : en Ligurie, sur les chemins de l’olivier

Italie : en Ligurie, sur les chemins de l’olivier
Apricale © andrzej2012 - stock.adobe.com

Limitrophe de la Côte d’Azur, la Ligurie, ne se résume pas à Gênes, San Remo et aux Cinque Terre. Juste de l’autre côté de la frontière, à 1 h de Menton, la méconnue Imperia et son trésor, l’huile d’olive (à ramener chez soi), méritent un séjour de quelques jours. Ce voyage sur les chemins de l’olivier conduira ensuite, côté mer, à Bordighera et, côté terre, dans les Alpes ligures qui abritent quelques-uns des plus beaux villages d’Italie. Que faire en Ligurie sur les chemins de l’olivier ? Suivez-nous pour un voyage enchanteur, juste de l’autre côté de la frontière…

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Imperia, capitale de l’huile d’olive

Imperia, capitale de l’huile d’olive
Imperia© Rafal Wolinski - stock.adobe.com

Bien avant de devenir une charmante station balnéaire située à égale distance de Nice et de Gênes, Imperia (42 000 habitants) s’affichait déjà capitale de l’huile d’olive. Si la Ligurie en produit moins que d’autres régions italiennes, l’huile y est de grande qualité.

Elle a été, rappelle Enrico Lupi, président de la Chambre de commerce, « un élément clé de (leur) développement », également porté par les cultures florales, d’où vient le surnom « Riviera des fleurs ».

Longtemps fournisseur des savonneries de Marseille, Imperia a été, au début du XXe siècle, championne des exportations vers New York, porte d’entrée des migrants italiens. Chaque début novembre, la ville dédie le festival Olioliva au précieux liquide. C’est un mélange réussi de dégustations, de gastronomie, de divertissements et de tourisme. Les moulins des vallées proches y vantent « l’huile nouvelle ». Les vignerons, leur vermentino et leur pigato.

Musée de la maison Carli © Museo dell’Oliva Carlo Carli

Que ce soit à l’occasion d’Olioliva ou à un autre moment, les visites liées à l’huile d’olive sont évidemment un « must » à Imperia. Le musée que la puissante maison des Frères Carli, fondée en 1911, a eu la bonne idée d’accoler à ses installations, y témoigne du vieux compagnonnage de la Ligurie avec l’olivier.

L’imposante collection d’amphores, de jarres, de presses – dont une pièce monumentale du XVIe siècle –, de fresques, de mosaïques, de céramiques, de lampes à huile, de verrerie retrace l’histoire de cet arbre qui « se confond avec celle de la civilisation méditerranéenne depuis au moins 7 000 ans ». Parti d’Orient puis passé par la Grèce, il est arrivé en Italie en 1300 av. J.-C.

Maison Raineri/Rinaldi © Raineri SPA

Tout près, à Pontedassio, la maison Raineri/Rinaldi qui prospère depuis 1910, a axé son petit musée sur l’extraordinaire évolution des techniques de pressage et a remis en état de marche un très ancien moulin à eau.

Cher Carli, chez Raineri et partout dans la province d’Imperia, l’huile est largement faite avec des olives de la variété taggiasca. Celle-ci doit son nom à Taggia, localité voisine où des moines venus de l’île de Lérins se sont installés à la fin du VIIe siècle. Ce sont eux qui ont développé sa culture sur des terrasses soutenues par des murets de pierres sèches qui sculptent toujours les paysages de l'arrière-pays d'Imperia.

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Les boutiques de Carli et Raineri regorgent de spécialités locales et bien sûr d’huile. On la choisira toujours extra-vierge et, selon son goût, avec plus ou moins de caractère. Assez douce, l’huile d’Imperia dégage cependant une légère amertume et des arômes d’herbe fraîche et d’amande plus ou moins prononcés.

Imperia : deux bourgs jadis ennemis

Imperia : deux bourgs jadis ennemis
Oneglia - Imperia © Mor65_Mauro Piccardi - stock.adobe.com

Curieuse ville qu’Imperia, tout de même ! Cette commune est née en 1923 de la fusion de deux bourgs mais les habitants se disent seulement de l’un ou de l’autre. Ils ont été longtemps ennemis, il est vrai ! Porto Maurizio était sous la domination de la République de Gênes, Oneglia sous celle de la maison de Savoie.

Oneglia a gardé ses maisons de pêcheurs, Porto Maurizio son enchevêtrement de ruelles qui courent vers la mer, ses passages couverts, ses maisons jaunes et roses, ses façades patriciennes peintes en trompe-l’œil, sa cathédrale fin XVIIe siècle qui se dit la plus grande de Ligurie. Quelques ouvrages défensifs rappellent qu’il fallut se protéger des Barbaresques et des pirates.

À la sortie d’Imperia, sous la piste cyclable qui longe la mer, une tour bien restaurée témoigne, elle, de la nécessité de prévenir, jadis, les fréquents raids sarrasins.

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À Imperia, la romantique « Passeggiata degli Innamorati » (promenade des amoureux) démarre à deux pas de la plage, près de l’hôtel Croce di Malta. Elle serpente entre les touffes colorées et odorantes de plantes méditerranéennes puis contourne Borgo della Marina qui surplombe joliment la mer. Au bout d’un quart d’heure, elle croise la piste cyclable. La location de vélos Nolobici permet alors de décider si l’on poursuit en pédalant ou à pied. Avec la seconde option, on pourra aisément profiter de la plage qui est tout de même l’un des attraits d’Imperia.

Bordighera : Monet, Garnier et les autres

Bordighera : Monet, Garnier et les autres
Bordighera © Coffeechocolates - stock.adobe.com

À moins de 50 km d’Imperia, Bordighera, située entre les célèbres Vintimille et San Remo, mérite deux jours de visite. Si le bleu de la Méditerranée y est le même qu’à Imperia, l’ambiance est tout autre. Non seulement ici l’olivier cède un peu la place aux palmiers et aux essences exotiques, mais Bordighera peut se targuer d’un passé glorieux : en effet, après l’arrivée du train sur la « Riviera des fleurs » italienne en 1872, les hivernants anglais en firent une station balnéaire très chic.

Depuis, Bordighera a bien changé. Mais, les ruelles étroites de l’ancien bourg médiéval peuplées de cafés et restaurants restent charmantes et pas mal d’anciens hôtels chics – souvent vendus par appartements – et d’élégantes villas entourées de grands parcs subsistent. Le nom de Bordighera reste aussi associé à celui de plusieurs célébrités.

Sentier du Beodo - Bordighera © Paula Boyer

Pour commencer, celui de Claude Monet, qui y a peint 38 toiles à l’hiver 1884. Il avait notamment posé son chevalet dans la propriété de Francesco Moreno, un commerçant marseillais qui, fou de plantes exotiques, y plantait celles qu’il rapportait de ses voyages. Après le rachat en 1909 par un peintre milanais fortuné, Pompéo Mariani, la villa a été agrandie et décorée dans le style Liberty alors en vogue. Un second bâtiment était venu abriter « L’Observatoire », son vaste atelier et ses collections d’art.

Aujourd’hui, sur rendez-vous, le conservateur Carlo Bagnasco fait visiter le jardin. Faute de posséder les œuvres peintes sur place par Monet, il installe, à l’intention des visiteurs, des copies à l’endroit même où le peintre a posé son chevalet. Les oliviers séculaires y sont toujours, la vue sur Vintimille reste sublime.

Le sentier du Beodo avait également inspiré Monet. Il part de l’église Saint-Marie-Madeleine et remonte le lit du torrent Sasso jusqu’à Seborga. L’aller-retour est long (18 km) et exigeant. Heureusement, pour marcher sur les pas de Monet, il suffit de parcourir les premiers kilomètres – très faciles – entre villas et terrasses cultivées : ils longent la palmeraie la plus septentrionale d’Europe et ouvrent sur de magnifiques vues sur le vallon et sur la mer.

Villa Garnier © Perachino - Tourisme de Ligurie

Le nom de Charles Garnier est également attaché à Bordighera. L’architecte de l’opéra de Paris y a, en effet, fait construire une villa pour sa famille en 1872. Les sœurs de Saint-Joseph du Val d’Aoste, désormais propriétaires, font volontiers visiter, sur rendez-vous.

L’imposant escalier décoré de fresques fin XIXe siècle, autour duquel s’enroulent les pièces, conduit jusqu’à la tour ajourée qui domine la villa. De là-haut, la vue sur Bordighera et la mer est sublime au coucher du soleil. De jour, par temps clair, on voit la Corse, au loin !

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L’autre visite à ne pas rater, c’est celle du musée Clarence Bicknell. Arrivé en 1875 à Bordighera, il se consacra très vite à l’étude de la flore et des gravures pariétales remontant à l’âge de bronze dans la fameuse « vallée des Merveilles ». Son musée expose ses dessins de plantes, ses moulages en papier des pétroglyphes du mont Bégo, sa collection de papillons et sa correspondance avec des botanistes du monde entier. Il abrite aussi une bibliothèque internationale de 20 000 volumes.

Autour de Bordighera, les pépites de la « Riviera des fleurs »

Autour de Bordighera, les pépites de la « Riviera des fleurs »
Jardin botanique Hanbury © Paula Boyer

À 6 km, toujours au bord de la mer, Ospedaletti a vu naître le premier marché aux fleurs et aussi, dans la splendide villa Sultana désormais à l’abandon, le premier casino d’Italie. Dans la rue au-dessus, vivaient les Laura, un couple d’antiquaires fortunés. Depuis leur décès, une fondation, le FAI, gère la stupéfiante collection de meubles et objets d’art, orientaux notamment, accumulée dans leur villa.

Dans la direction opposée, à Vintimille et à quelques kilomètres de Menton, sur le promontoire de Capo Mortola, le jardin botanique Hanbury dégringole sur 18 ha jusqu’à la mer. Il a été créé à la fin du XIXe siècle par Thomas Hanbury, un riche commerçant anglais. Son frère Daniel, pharmacien et botaniste, a planté toutes sortes de variétés exotiques : palmiers, cactus, euphorbes et succulentes, agrumes ou plantes odoriférantes venues des cinq continents. Une explosion de formes, d’odeurs et de couleurs, au milieu des oliviers bien sûr !

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Dans le bas du jardin, se trouve le pittoresque Palazzo Orengo, une villa du XVIe siècle dans laquelle résida la famille Hanbury. Elle offre un beau point de vue sur le site et sur la Méditerranée. On peut y boire un verre et s’y restaurer légèrement.

Les Alpes ligures, où l’on retrouve l’olivier…

Les Alpes ligures, où l’on retrouve l’olivier…
Dolceacqua © KseniaJoyg - stock.adobe.com

Quelques kilomètres suffisent pour passer de la Riviera à un arrière-pays de moyenne montagne appelé les Alpes ligures. Dans la vallée de Nervia, l’olivier règne de nouveau en maître. Si les olivastres ont colonisé les collines, ici aussi, sous l’impulsion des moines bénédictins, les hommes se sont battus avec les pentes, élevant des milliers de murets puis montant de la plaine, sur leur dos ou celui des mulets, la terre qui manquait pour garnir les terrasses ensuite plantées d’oliviers.

Ce n’est que lorsque l’altitude s’élève, du côté de Pigna, que châtaigniers, mélèzes et sapins s’imposent dans un paysage plus montagnard. Partout, les routes tortillent, dévoilant, au détour d’un virage, des villages pentus littéralement encastrés dans ces collines où vivait jadis le fier peuple ligure. Leur conquête par les Romains, à partir de 181 av. J.-C., a été difficile, violente et longue. Plus tard, ils durent se fortifier pour résister aux raids sarrasins.

Ces bourgs pittoresques se serrent autour de rues étroites et tortes dites carruggi. Le plus important, c’est Dolceacqua. L’impressionnant château en ruines des Doria, puissante famille génoise, domine la cascade des maisons qui dévale jusqu’aux arches du Pont vieux. Celui-ci enjambe la Nervia. C’est d’une pierre plus austère que sont faites, plus loin, les maisons d’Apricale dont les ruelles-escaliers s’entrecroisent jusqu’à déboucher sur une placette avec son château, ses arches, son église et son café.

Pigna © andrzej2012 - stock.adobe.com

Fondés par les comtes de Vintimille puis rachetés par les Doria, Apricale et Dolceacqua furent ensuite sous la coupe de la maison de Savoie, tout comme Roccheta Nervina qui aligne ses hautes maisons à touche-touche de part et d’autre du torrent Barbaiera et est un excellent point de départ pour des randonnées dans le parc naturel régional des Alpes ligures. Ce bourg est l’un des « plus beaux d’Italie », comme Apricale et comme Pigna qui est postée un peu plus haut à l’ombre de son imposante tour-clocher médiévale. Si jadis Pigna était aussi dans le giron de la maison de Savoie, Castel Vittorio, qui la dévisage depuis la colline d’en face, était dans celui de la République de Gênes…

Pigna a perdu les trois quarts de ses habitants en 150 ans. Le tourisme côtier et l’expansion de Monaco les ont d’autant plus facilement aspirés que longtemps Pigna a vécu en quasi-autarcie. Si son musée glorifie cette « civilisation paysanne », ses églises et les remarquables fresques de Canavesio dans la chapelle Saint-Bernard valent aussi le détour. Tout comme la belle loggia médiévale où se réunissait le « conseil » – un petit parlement – dont Pigna s’était dotée dès le XIIe siècle.

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L’huile de Paolo. Ici aussi, l’huile d’olive taggiasca extra-vierge est délicieuse. En particulier celle que fabrique Paolo Cassini, à Isolabona, dans son moulin encore artisanal et pourtant à la pointe de la technologie. Surtout, ne pas résister !

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Comment y aller ?

De Nice ou Menton, le train mène à Imperia, Bordighera, Vintimille. En revanche, visiter les Alpes ligures en bus est compliqué, même si la ligne Vintimille-Cuneo passe par la vallée de Nervia ; les horaires ne sont pas pratiques.

À défaut d’être venu avec sa voiture, mieux vaudra en louer une sur la Côte d’Azur ou à Imperia.

Où dormir ?

– Hôtel Croce di Malta : Via Scarincio, 148, à Imperia. Très bien situé à proximité du port de plaisance et avec vue sur mer. Double à partir de 93 €.

– B&B I Colori di Monet : via della Madonetta, 4, à Bordighera. Double à partir de 69 €.

– Villa Garnier : une magnifique villa blanche surplombant la mer, bâtie par l’architecte Charles Garnier en 1871 au milieu d’un jardin exotique. L’adresse est gérée par des sœurs. Doubles 70-110 €.

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Texte : Paula Boyer

Mise en ligne :

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