Turquie : la Lycie, sur la côte méditerranéenne

Turquie : la Lycie, sur la côte méditerranéenne
Lagon bleu - Olüdeniz © Alexander Ozerov - stock.adobe.com

Berceau de la civilisation lycienne (un peuple de marins, cité par Homère himself au 8e siècle av. J.-C., mais qui aurait pris ses aises sur ce versant de la Méditerranée dès 1 400 av. J.-C.), la côte turquoise, qui s’allonge de Fethiye à Antalya, se démène entre, on a connu pire, vestiges antiques (ah ces iconiques tombeaux lyciens), mer turquoise (facile !) et monts protecteurs.

Communément surnommée la Riviera turque, elle est, depuis une dizaine d’années, prise d’assaut par les touristes qui viennent y chercher leur shoot de paysages idylliques.

Cap sur la plus belle région côtière de Turquie avec 10 bonnes raisons d’y aller…

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La voie lycienne, superbe chemin sur la côte turque

La voie lycienne, superbe chemin sur la côte turque
Kayaköy © O'SHI - stock.adobe.com

La voie lycienne (500 km « ouverts » par une exploratrice anglaise, Kate Clow, en 1999) qui borde le littoral entre Fethiye et Antalya et perce la péninsule de Teke (ancienne Lycie) présente de superbes portions de randonnée, protégées par les pins et les cèdres et balisées par les vestiges d’anciennes cités lyciennes et, plus pratique, par des marques rouges et blanches (quelques variations parfois).

Celle qu’on vous propose câble Olüdeniz et le village abandonné de Kayaköy. Une fois que vous aurez profité des ruines fantomatiques (400 maisons, deux églises du 17e siècle) de ce hameau abandonné après le traité de Lausanne de 1923 et malmené par le tremblement de terre de 1957, engagez-vous sur le sentier qui grimpe derrière le village.

Si la première partie peut être délicate (satanés végétaux qui écorchent les gambettes), le reste (8 km, 2 h de marche) ne révèle que beautés végétales et points de vue plongeants sur les paysages côtiers. Pour votre gouverne, les routards qui voudraient avaler les 509 km de la voie lycienne devraient en avoir pour cinq semaines de marche.

Dolmuş (minibus) Olüdeniz (partie basse de la ville) – Hisarönü (partie haute) puis Hisarönü – Kayaköy

Termessos, Létôon, Arycanda… Cités et sites antiques turcs

Termessos, Létôon, Arycanda… Cités et sites antiques turcs
Termessos © kenan - stock.adobe.com

Plusieurs cités et sites antiques ourlent, de près ou de plus loin, la Méditerranée. On pense d’abord à Termessos. Imaginez que vous vous baladiez en montagne et que vous tombiez sur une cité antique avec son théâtre bien conservé, sa nécropole foutraque, le tout à plus de 1 000 m… Une telle féérie existe à 34 km au nord-ouest d’Antalya. Seulement, elle ne vous a pas attendu pour être exhumée. Termessos n’aurait été fondée ni par les Lyciens, ni par les Grecs, mais par les Pisidiens, un peuple plus confidentiel, mais pas moins accrocheur.

Deux cités sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Létôon, consacrée à la déesse Léto (encore une dont s’est entiché Zeus), mère d’Apollon et d’Artémis et dont les temples dédiés à ces trois protagonistes et le théâtre restent de bonne tenue. Et Xanthos, à quelques kilomètres de Patara, dont le passé d’ex-capitale de la Lycie ne saute pas aux yeux. Encore une fois, c’est le théâtre hellénistique qui s’en sort le mieux et il faut beaucoup d’imagination pour se représenter l’acropole et l’agora avec ce qu’il en reste.

Caunos (Kaunos) © elen_studio - stock.adobe.com

D’autres sites valent le détour. Près de Dalyan, Caunos (Kaunos), ancien port carien bâti en 400 av. J.-C., seulement accessible par la mer, étrenne ses nécropoles troglodytes qui ressortent de la falaise comme des bas-reliefs. À 35 km à l’est de Fethiye, on trouve l’ancienne cité lycienne de Tlos, enserrée dans l’Ak Dağları, qui vaut le détour pour son acropole et le tombeau émaillé de sculptures de Bellérophon qui serait venu à bout de la chimère.

Arycanda et son cadre majestueux, égrené sur 5 terrasses et près de 100 m de dénivelé, forment une étape vivement conseillée. Un stade, une agora, deux nécropoles, un odéon, une citerne, un théâtre et des thermes vous donneront un bon aperçu de la vie dans cette cité lycienne, environnée par l'Ak Dağları (encore lui) et le Kızlar Sivrisi.

Enfin, Aspendos, pour son théâtre et son aqueduc, et Pergé, cité centrale de l’ancienne Pamphylie, méritent qu’on y baguenaude.

Les plus belles plages de la côte méditerranéenne de Turquie

Les plus belles plages de la côte méditerranéenne de Turquie
Plage de Kaputas © h.61.b - stock.adobe.com

Sur la route embranchant Fethiye à Antalya vous trouverez, en contrebas, des plages sauvages, minuscules baies désertées (deux-roues obligatoires pour se garer). Le segment entre Kaş et Finike est souvent prodigieux pour ces bandes de sable riquiqui et les tableaux sur le littoral. 

Logée dans une anse étriquée entre Kaş et Kalkan, la plage de Kaputas est peut-être la plus connue de la région. Elle déride des eaux azurées, cérulées, dragées… et tumultueuses aussi. Frangée en surplomb par les lauriers roses, elle n’est accessible qu’après un effort à pic et une descente de 180 marches ! Pas beaucoup de places de parking, deux-roues une fois encore à privilégier.

D’autres pépites dans leurs écrins rocheux s’égaillent le long de la côte. On pense à Akçagerme, à Küçükçakıl (Kaş), à la plage de galets de Büyükçakıl, à 1,5 km au sud-est de Kaş, à la plage de Çıralı ou à celle caillouteuse d’Adrasan (Adrasan Sahili) entre Finike et Çıralı.

Kaş, Üçağız et autres villages pittoresques de Lycie

Kaş, Üçağız  et autres villages pittoresques de Lycie
Kaş © milda79 - stock.adobe.com

Victime de son succès, la côte turquoise en a malheureusement profité pour cimenter son littoral même s’il demeure çà et là des enclaves qui ont su préserver leurs antécédents moins rutilants.

Protégée par sa montagne, Kaş (qui n’était accessible que par la mer jusque dans les années 1950) déplie sa nonchalance portuaire et quelques maisons blanchies à la chaux. Préparez-vous à solliciter vos mollets, beaucoup d’hôtels et de pensions ne se rejoignent qu’après avoir escaladé (on exagère à peine) une belle côte. Mais les vues sur la baie constituent des récompenses de choix. Sur les hauteurs, le théâtre d’Antiphellos, musicalisé par le brouhaha des voitures, est assez bien conservé, mais on se demande encore s’il méritait une telle suée.

Plus à l’ouest, Kalkan ressemble à s’y méprendre à Kaş. Même disposition à flanc de colline, même panorama sensationnel sur la baie et même histoire de village de pêcheurs. L’ambiance y est cependant plus survoltée que chez sa voisine. Certains apprécieront, on préfère le calme (tout relatif) de Kaş.

Chimaera © Suzi - stock.adobe.com

Le village d’Üçağız, en face de l’île de Kekova, a bien compris la recette du succès : un horizon bleuté pointillé d’îlots, des falaises carnées et une architecture très peu grandiloquente qui se fond dans le paysage. Un pied-à-terre pratique pour visiter l’île de Kekova ou Kaleköy.

Enfin, la verte Çıralı n’est pas, loin de là, un village pittoresque, mais plutôt une enfilade d’hôtels luxueux le long de sa plage de 4 km, autre lieu de ponte des tortues de mer. Malgré ce parti pris touristique, il y règne une atmosphère plus apaisée qu’à Kaş ou Kalkan. Un détour par les Chimaera, ces flammes qui s’échappent de la roche, est à programmer à la nuit tombée.

Olüdeniz et le lagon bleu version turque

Olüdeniz et le lagon bleu version turque
Lagon bleu - Olüdeniz © muratart - stock.adobe.com

Lagune de sable blanc, eau qui minaude dans son camaïeu de bleu, forêt de pins qui en rajoute dans le contraste, ça c’est pour la carte postale et les vidéos promotionnelles du lagon bleu d’Olüdeniz, posée sur la face sud de la montagne Babadağ.

Pour ce qui est de la réalité estivale, rajoutez dans le champ des milliers de baigneurs, des biplaces augmentés de perches à selfie qui piquent par dizaines pour atterrir sur la grève, et, le soir, cette coloratur anglo-saxonne, tendance karaoké, pool dance et gros débit de boisson.

Et pourtant, dès que l’on s’éloigne des comptoirs de la fête, de la grande plage ou de celle de la lagune, payantes, et qu’on prend un peu de hauteur, on se laisse berner par cette beauté géométrique à couper le souffle. À privilégier hors saison, donc.

La vallée des Papillons, havre de paix sur la côte turque

La vallée des Papillons, havre de paix sur la côte turque
Vallée des Papillons © Kotangens - stock.adobe.com

À 30 minutes de bateau d’Olüdeniz, la vallée des Papillons, en contrebas du village de Faralya, offre un havre de paix inespéré sur la côte de Yedi Burun (« sept caps »). Évidemment, de bruyants bateaux pirates (version des Caraïbes) viennent parfois tonitruer, mais ils ne restent pas très longtemps.

Une fois que vous aurez posé vos tongs sur cette plage de sable plus ou moins fin, foncez sur le sentier de randonnée, juste après le campement flower power, vous y verrez peut-être le très recherché écaille chinée. Ce papillon de couleur crème, orange et noire est la star de la région.

Au bout du chemin, après 30 minutes de marche et quelques parois gentiment varappées (tongs déconseillées), vous attend, au cœur de cette gorge exubérante, une douce cascade naturelle pour vous laver de vos efforts (vous ne devriez pas être seuls). Une fois redescendus, profitez de la plage avec douche et panorama digne de la série Lost, les tracas existentialistes en moins.

Patara, entre vestiges archéologiques et plages

Patara, entre vestiges archéologiques et plages
Plage Patara © delbars - stock.adobe.com

À 8 km au sud de Xanthos, on trouve Patara, qui fut un temps le principal port de la région, devenant même la capitale romaine de la Lycie et de Pamphylie. Pataros, l’un des fils d’Apollon, n’a pas fait que fonder la cité ; vous l’aurez compris, il lui a également donné son nom.

Depuis ces temps bénis, la ville cultive son indolence. Il y a d’abord ses vestiges antiques, le théâtre de 5 000 places, les incontournables sarcophages lyciens, la rue à colonnades ou le phare, datant de 60 av. J.-C. et dont il ne reste que le socle et quelques pierres.

Et puis, à une demi-heure à pied du village, s’étire, languissante, une bande de sable fin de 18 km (la plus longue plage de Turquie) vierge de toute construction bétonnée qui viendrait en parquer les perspectives. C’est ici que les tortues de mer Cacouanne (caretta caretta) viennent pondre entre mai et août (la plage est de ce fait bouclée dès le coucher du soleil, à partir de 20 h/20 h 30).

L’île de Kekova et du village Kaleköy en gület

L’île de Kekova et du village Kaleköy en gület
Vue depuis la forteresse de Kaleköy - Kekova © Xavier Allard - stock.adobe.com

Considérant la beauté de ses rivages et des fonds marins, squattés par les cités englouties, les épaves et une faune colorée (athérine, picarel, bonite, castagnole, sériole, barracuda…), vous comprendrez qu’une sortie en caïque est à prévoir pour parfaire l’exploration de la côte turquoise.

Beaucoup de gület (le nom de ces embarcations) partent de Kaş. Les parcours diffèrent, mais ils naviguent généralement autour de l’île de Kekova pour pister les ruines de l’antique Simena (Batık Şehir), visibles bien qu’à plusieurs mètres de profondeur.

Après quelques haltes de snorkelling, les gület viennent mouiller à Kaleköy pour permettre aux plaisanciers de grimper tout en haut de la forteresse (la vue panoptique vaut largement la montée abrupte sous le cagnard) ou de barboter autour de la tombe lycienne à demi immergée. Kaleköy est connue, par ailleurs, pour ses glaces artisanales, alors laissez-vous tenter ! 

Compter 150 TL la journée (de 9 h 30 à 17 h 30, déjeuner compris, sans musique, avec Larsoy Travel & Tourism Office ou Captain Ergun).

Larsoy Travel & Tourism Office : Andifli, Liman Sk. 4 B, 07580 Kaş/Antalya

Boat trips by Captain Ergun : Andifli, Liman Sk. 4/A, 07580 Kaş/Antalya

Demre, cité antique en Turquie

Demre, cité antique en Turquie
Myra © ikthus2010 - stock.adobe.com

On vous voit déjà rouspéter… Encore une cité antique ! Assurément, mais le site de Myra (alias Demre, alias Kale), à 45 km à l’est de Kaş, est bien représentatif du style classique lycien avec les façades de pierre de la nécropole qui cherchaient à imiter les maisons en bois typiques de cette période.

Les sépultures de Myra datent du 4e siècle av. J.-C. Sur les 23 gravées, 13 sont lyciennes et 10 sont grecques. Remarquez que les formes et les tailles des tombes informent sur le statut social de son occupant. Aucun piège ici, plus c’est gros et travaillé, plus le défunt était important. Le théâtre, insensible au temps, et les tombes rupestres ajoutent à la majesté du lieu.

Tant que vous êtes à Kale, allez faire un tour par l’église Saint Nicolas (36TL) qui fut l’archevêque de la ville au 4e siècle. Beaucoup de Russes viennent profiter des fresques et des magasins de souvenirs bourrés d’icônes et de croix. Le reste de la ville n’a que peu d’intérêt.

Antalya, capitale de la Turquie méditerranéenne

Antalya, capitale de la Turquie méditerranéenne
Kaleiçi - Antalya © saiko3p - stock.adobe.com

On peut prendre peur quand on arrive par la route à Antalya tant la circulation y est foisonnante sur ces larges artères quadrillant la capitale de la Riviera turque.

Il suffit pourtant de poser un regard amoureux sur ses paysages (les chutes de Düden Şelalesi ou, près du vieux port, ce rideau alpestre architecturé par la chaîne de montagnes Taurus) ou un premier pied explorateur dans la vieille ville, Kaleiçi, pour être rassuré. Vous surprendrez au gré de vos déambulations le minaret cannelé (Yivli Minare), des remparts romains, la porte d’Hadrien (Üçkapılar) et les vestiges de cette cité fondée au 2e siècle av. J.-C. par Attale II, roi de Pergame.

D’instructifs musées pour en apprendre de belles sur l’histoire des cités antiques (musée archéologique d’Antalya) ou sur l’art de vivre à l’époque ottomane (musée Suna & İnan Kıraç Kaleiçi) contenteront les plus curieux.

Il existe une petite plage calfeutrée dans une crique, Mermerli, non loin du vieux port, avec en toile de fond les crêtes ennuagées du mont Taurus, mais elle est vite bondée. Les autres plages, Konyaaltı et Lara, sont accessibles en voiture ou en tram.

Fiche pratique

Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos pratiques dans le guide du Routard Turquie en librairie.

Consulter notre guide en ligne Turquie.

Office de tourisme de Turquie

Comment y aller ?

Vols vers Fethiye ou Antalya avec Turkish Airlines ou Pegasus via Istanbul. Trouvez votre billet d’avion.

Réseau de bus et de minibus entre les différentes villes. Se renseigner sur place aux gares routières.

Où manger ?

The Hideaway Hotel : Andifli, Anfi Tiyatro Sk. No :7, 07580 Kaş/Antalya. Dans un quartier calme de Kaş (oui oui, ça existe), le Hideway Hotel joue la carte du blanc et de la sobriété avec ses 20 chambres (économiques, standards, deluxe avec vue, ou non, sur la mer) sur trois niveaux. On aime le petit déjeuner et la piscine avec son émoji, tout aussi enthousiaste que nous, mosaïqué dans le fond. Chambre double à partir de 70 €.

White Garden Hotel : Kılınçarslan, Hesapcı Geçidi Sk. No : 9, 07100 Muratpaşa/Antalya. Si la façade de cette maison ottomane d’Antalya a été rajeunie, l’intérieur préserve le cachet des murs de pierres, végétalisés tout de même. Belle piscine, service irréprochable et des chambres certes petites, mais fonctionnelles et joliment décorées.  Chambre double à partir de 45 €.

Natur-el : Andifli Mh. Uzun Çarşı Gürsoy Sok. No : 6, 07580 Kaş/Antalya. Dans une rue animée (ça va de soi) de Kaş, voilà un restaurant qui ne paie pas de mine avec ses tables empaquetées dans leurs nappes Vichy. Kaş-solette goûtue de fruits de mer, raviolis onctueux et affabilité des serveurs, une adresse sans prise de tête, mais qui Kaş la baraque. 15 € par personne.

Arma : Selçuk, Selçuk Mah No : 75, 07100 Muratpaşa/Antalya. Dévisagés par les serveurs tirés à quatre épingles, on craint, en arrivant, que ce ne soit trop chichiteux. Et puis on se laisse prendre au jeu et par le coucher du soleil sur le relief d’Antalya. On n’est pas les seuls, puisque le restaurant est réputé pour les demandes en mariage avec projection laser des noms des fiancés sur la falaise en face. À part ça, des plats copieux et un service de qualité. Addition légèrement supérieure à la moyenne turque. 20 € par personne.

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Texte : Florent Oumehdi

Mise en ligne :

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