Indonésie : Yogyakarta, capitale culturelle de Java

Indonésie : Yogyakarta, capitale culturelle de Java
Yogyakarta © Creativa Images - stock.adobe.com

Étape incontournable de tout voyage indonésien, Yogyakarta est « spéciale » :  c’est le qualificatif utilisé pour la région de 2 000 km², située au centre de l'île de Java, dont elle est capitale. Voici l’héritière de royaumes javanais remontant au 8e s, puis d’un sultanat, la fière gardienne de sites, arts et traditions classées par l’Unesco : Borobudur et Prambanan, tissus batik, marionnettes wayang.

Lire aussi notre article sur Borobudur et les temples autour de Yogyakarta.

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Yogyakarta, cœur de Java

Yogyakarta, cœur de Java
Grand bassin de l'ancien harem du Taman Sari © Dominique Roland

Officieux mais prestigieux, le statut de capitale historico-culturelle confère à Yogyakarta (env. 1 000 000 hab.) un rôle unique dans l’espace indonésien, dominé par Java.

Du 5 au 16e s, l’hindouisme et le bouddhisme irriguent la région, avant l’installation progressive de l’Islam, puis sa domination. Mais le quotidien et le spirituel restent marqués par l’animisme et la puissance passée de l’hindouisme javanais, dont témoigne le spectaculaire temple de Prambanan.

En important de nouvelles expressions artistiques et culturelles et renouvelant les anciennes, l’avènement régional de l’Islam a généré un espace dit islamo-javanais. Les nombreux commerçants indiens, chinois et occidentaux, particulièrement les Portugais puis les colonisateurs hollandais, enrichirent ce substrat.

À l’indépendance du pays, le sultanat de Yogyakarta est maintenu pour remercier le patriotisme de son souverain. Respecté, ce caractère aristocratique explique la conservation de monuments et d’habitats traditionnels.

Volcan Merapi © gunawanarief - stock.adobe.com

Parallèlement aux vestiges archéologiques, la région est également bien dotée en paysages intéressants. Les campagnes vallonnées sont veillées plein nord par la puissante silhouette du volcan Merapi (alt : 2 900 m), sacré pour les Javanais. 

Les lieux à voir dans un rayon proche ne manquent pas : 60 km au nord-est, la cité de Solo (Surakarta), cousine princière ; 40 km plus loin le Candi Sukuh, temple aux sculptures érotiques dominant de superbes plantations de thé ; 150 km au nord-ouest l’étrange et fumant plateau de Dieng ; 130 km plein nord, Semarang et son patrimoine sino-colonial méconnu mais remarquable, et 70 km à l’est le port de Jepara d’où embarquent les chercheurs d’îles aimantés par l’archipel Karimunjawa.

Yogyakarta : la découverte ; Jl Malioboro, son axe palpitant

Yogyakarta : la découverte ; Jl Malioboro, son axe palpitant
Yogyakarta © Creativa Images - stock.adobe.com

D’un hublot d’avion la nuit, le grand Yogyakarta ressemble à une marqueterie géante de nacre phosphorescente.

Une mégapole de plus ? L’inquiétude s’estompe après l’atterrissage. Dépassant rarement 3 étages, le centre de « Jogja », bien tenu et de circulation tolérable, distille une atmosphère presque paisible, comparé aux chaos d’autres grandes villes d’Indonésie.

D’une densité de 10 000 hab./km² (deux fois moins que Paris), Jogja est une ville de kampung, des quartiers d’esprit villageois où on conseille de se perdre. Les maisonnettes et les villas, des modestes aux plus cossues d’inspiration coloniale, restent majoritaires. La cohérence est renforcée par les toits de tuiles, allant de simples deux pans aux élégants quatre pans à pointe dits « joglo », trop souvent démontés et envoyés à Bali.

Avenue Jl Malioboro © Subodh Agnihotri - Shutterstock

Aligné sur le Bromo et le Kraton, l’axe central nord-sud est matérialisé à partir de la gare Tugu par la célèbre avenue Jl Malioboro qui concentre l’animation maximale, l’armada des cuisines mobiles kaki lima y contribuant jusqu’à tard dans la nuit. Le nom de ces Champs-Élysées locales, en plus populo s’entend, fait l’objet de conjectures. L’une d’elles renvoie à une pub pour de célèbres cigarettes située autrefois à la sortie de la gare !  

Dédiés au commerce et à la promenade des badauds-clients, ses larges trottoirs partagés avec les calèches à cheval et triporteurs becak longent des commerces en tout genre, dont beaucoup de vêtements et batiks. Côté ouest, les arcades rappellent un passé sino-colonial, masqué par la disparité des styles et l’absence de sinogrammes.

Plus qu’une avenue, Malioboro définit un quartier intégrant de nombreuses perpendiculaires. 

Au nord, Jl. Sosrowijayan file vers l’ouest. Coupée de gang (allées en Indonésien), elle irrigue un « village international » de pensions et resto-bars très fréquentés. Plus au sud côté est, le grand marché Beringharjo précède le fort Vredeburg dont l’angle sud-ouest regarde le kilomètre 0 de la ville, marquant le passage vers l’hypercentre historique. 

Le quartier du Kraton, Jl. Prawirotaman et Kota Gede

Le quartier du Kraton, Jl. Prawirotaman et Kota Gede
Street art dans le quartier du Kraton © Dominique Roland

Au-delà du km 0, la place carrée et herbue Alun Alun Utara, flanquée par le musée Sonobudoyo au nord-ouest, est plantée de deux bosquets enclos, objets d’une amusante croyance : éloignez-vous, couvrez vos yeux et essayez de passer entre... Ne riez pas.

Bien plus grand que la seule fraction qui se visite aujourd’hui, le périmètre réel du Kraton (1 km2), le palais des sultans, englobait autrefois cette place. Témoignent de ce changement d’échelle, les murs crénelés et portes blanches aux décorations florales donnant au quartier son élégance.

Au gré des balades, on y découvre d’intéressants voisinages, comme celui proche du Taman Sari, mêlant ses traditions au street art.  

À l’extrémité sud du Kraton, la place carrée Alun Alun Kidul est plus petite que sa jumelle, mais très fréquentée le soir.

Au sud-ouest du palais, Jl. Prawirotaman oriente est-ouest un quartier mixte, à la fois touristique (hôtels, resto-bars) et arty : galeries, boutiques branchées, street art (voir plus bas).

Côté opposé de Jl. Parangritis, la rue Tirtodipuran prolonge vers l’ouest ce secteur où les voyageurs finissent toujours par se retrouver. 

5 km à l’est de Jogja, Kota Gede fut la première capitale du sultanat. Les antiques tombes du N’Dalem Natan ne sont accessibles que guidé. Resté assez traditionnel – marché animé, nombreuses maisons typiques – ce bourg est célèbre pour le travail de l’argent. Les fabriques-boutiques comme HS Silver regorgent de beaux objets et bijoux, les réparations sont possibles, le tout à prix ultra compétitif.

Le patrimoine du sultanat : le Kraton et Taman Sari

Le patrimoine du sultanat : le Kraton et Taman Sari
Porte ornée au Taman Sari © Dominique Roland

Sans être extraordinaire, le Kraton, palais des sultans de Jogja, est un espace majestueux et vivant. Si vous visitez le bon ! (Voir l’avertissement dans la fiche pratique).

Dans la première cour, des représentations d’orchestre gamelan ou de danse sont organisées tous les matins sous le pavillon. S’enquérir des horaires à l’entrée.

Le plus vaste et important bale (pavillon ouvert) du palais occupe la cour suivante. En atteste son luxe et ses détails : marbres de Carrare, piliers aux subtiles décorations, symboles bouddhiques du Lotus, etc. Voisinent des kiosques et galeries couvertes aux beaux toits de tuile bordés de lambrequins, et une cour où se nichent de belles demeures d’inspiration coloniale.

La visite se poursuit à travers de plus petites cours et des salles d’expo où curiosités, ustensiles, vaisselles, photos et cadeaux diplomatiques parfois surprenants témoignent d’un temps révolu. Ne pas manquer le musée du batik.

Autrefois dans l’enceinte du Kraton, le Taman Sari, « Jardin des fleurs » en javanais, était dédié à la relaxation. Plus aquatique, il enserrait notamment un lac, comme son surnom anglais de Water Castle le rappelle. Seuls les bains sont pour l’essentiel conservés. Plusieurs belles portes aux frontons ornés et d’élégants bâtis de briques couverts de chaux y composent un décor atypique, mélange de styles javanais, occidentaux et de symbolique hindoue.

Depuis la petite tour surplombant le grand bassin enclos, les sultans observaient nager celles qu’ils destinaient au harem, installé ici…

Les musées de Yogyakarta

Les musées de Yogyakarta
Gamelans au musée Sonobudoyo © Dominique Roland

Modeste et de muséographie timide, le musée Sonobudoyo est cependant incontournable. 

Dans les salles préhistoire, classique puis islamique, on remarque les tambours de bronze dits de Dongson, une superbe cloche bouddhiste plaquée d’argent, de fins plateaux de bois sculptés et des manuscrits sur palmier lontar. Couverts d’ancienne écriture javanaise, ils sont encore utilisés à Bali, alors que l’islam et ses illustrations colorées imposèrent à Java le papier.

La section batik décrit les phases de fabrication et les motifs javanais, liés à la nature, au quotidien et au religieux, de ce mode d’impression textile classé par l’Unesco.

Les salles Art Performance rappellent le caractère distrayant, mais aussi royal et religieux de ces expressions. En vedettes, les marionnettes wayang (superbes représentations tlj sf dim de 20 à 22 h), kulit (plates, type théâtre d’ombre) ou golek (en 3 D) sont également protégées par l’Unesco, pour les multiples talents qu’elles requièrent. S’ensuit une magnifique collection de masques de théâtre de topeng.

Les salles suivantes s’attachent aux décorations et ustensiles des maisons javanaises, aux poignards magiques kriss, ainsi qu’aux jouets et jeux traditionnels.

Le pavillon situé à l’entrée abrite une impressionnante réunion de gamelans en bois et en métal. De remarquables spectacles de marionnettes Wayang Kulit sont régulièrement organisés en soirée.

Au musée des calèches du Sultan, les modèles d’apparat sont aussi kitsch que luxueux.

Yogyakarta : des traditions aux arts contemporains

Yogyakarta : des traditions aux arts contemporains
Street art à Jeblog © Dominique Roland

Forte de ses traditions et de son statut particulier, Jogja se réinvente en continu. Musique, danse, théâtre, arts graphiques et street art y sont d’une grande vitalité. Acceptée sur la carte d’identité, la mention « artiste » est source de respect. Une biennale est organisée depuis 1988.

L’Indonésie est dans le trio de tête mondial pour l’usage des réseaux sociaux. Tirant certes le pays vers le consumérisme et l’immédiateté, ils boostent néanmoins la créativité et l’impact des artistes. Mais, contrairement au contexte balinais hindou et cosmopolite, digérant les évolutions sociales, la poussée conservatrice subie par l’islam javanais affecte la vie socioculturelle.  Est-ce pour cela que la scène artistique de Jogja est parfois discrète, voire underground ?

Discrétion n’est toutefois pas le propre du street art, domaine dans lequel Jogja jouit d’une aura internationale et compte plusieurs artistes et collectifs locaux reconnus.

Favori des expats, flashpacker et nomades digitaux, le quartier de Prawirotaman-Tirtodipuran joue naturellement un rôle d’incubateur et d’échange « East Meets West ». 

Bel espace moderne avec mezzanine, la galerie Kedai Kebun y combine boutiques-ateliers d’artistes et café-resto.  Non loin : Cemeti, une des plus anciennes galeries ; plus au sud, Ace House Collective mélangeant art et épicerie (!) et, 150 m à l’est, le réputé collectif de photographe MES56.

À l’ouest de Jogja, Survive garage expose et diffuse aussi bien des artistes reconnus qu’en devenir.

La périphérie n’est pas en reste. 6 km au sud-est, le village de Jeblog sert de scène vivante à un street art communautaire. Dans la même veine, environ 7 km plus loin, des tours street art sont organisés à Gendeng.

Le bio et l’équitable rencontrent un fort écho auprès des jeunes générations. L’agence-café-resto-boutique Via Via en est un bon exemple.

Fiche pratique

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Taux de change 1 € = 15 500 roupies env (15,5 K)

Comment y aller ?

La ville est très bien desservie par les trains, bus classiques et minibus d'agences. Aéroport : liaisons domestiques principalement, quelques vols vers Singapour et Kuala Lumpur ; trajet vers le centre, 50/80 K (Grab ou taxi).  Aucun vol direct depuis la France.

Quand y aller ?  Eviter la saison des pluies nov-avril, avec pic en janv-fév.

Office de tourisme de Jogja : lun-sam 8 h-20 h, dim 9 h-14 h. Docs, infos et résas d’excursions. 

Se déplacer :

Bus de ville : clim’, stations surélevées, tourniquet... La ligne 1A relie l'aéroport et Prambanan au centre.

Motos et voiture via appli smartphone (Grab ou Go-Jek) : très pratique et peu cher (en moto prévoir 5-12 K en ville).

Location vélo/moto : à partir de 30/70 K/j. Laisser une carte d’identité plutôt que le passeport. On conseille Agung In (voir « où loger »). Rouler lentement et faire très attention au trafic.

Où dormir ?

Secteur de Prawirotaman :

Via Via Guesthouse : 2 dortoirs à partir de 110 K/pers et 7 double à partir de 220 K/chambre, petite piscine.  

Agung Inn : Tél. : 0274-383577 ; agung_suganda@yahoo.com. 7 doubles propres et bien équipées, avec fenêtre et petit balcon, 250 K.

Arjuna Homestay & Garden Resto : dortoir et chambres en pavillon typique.

Yez Yez Yez : tanière d’artiste transformée en homestay.

Abrakadabra (Mantrijeron ; Jl. Minggiran Baru) : même esprit que le précédent.

À l’est de la ville :

Hanindo Tour and Guesthouse : 3 belles et grandes chambres, dont une familiale avec cuisine. 350/450 K. Un peu excentré, mais très bien, d’autant plus si on y booke un tour.

Où manger ? Où prendre un verre ?

La cuisine typique de Jogja est en général aussi douce que celle de Padang (Sumatra) est épicée.

Malioboro, Sosrowijayan et environs 
On y trouve une myriade de lesehan, cantines mobiles ou fixes où on mange souvent accroupi.

Oleh-oleh Khas Jogja Butini (Jl. Mataram) : une échoppe de spécialités locales comme ses voisines, où goûter aux feuilletés bakpia d'origine chinoise, cousins des hopia philippins.
Bedhot : honorable cuisine locale, quelques plats occidentaux et jolie salle, 25-75 K.

Oxen Free : resto-bar cosmopolite dans une maison coloniale avec terrasse, plats 40-100 K.

- Prawirotaman et environs :

K'Meals Bar & Restaurant : pizzas, grillades, bières, petits prix et musique live.

Viavia : plats locaux et tendances, environ 30-80 K.

Mediterranea Restaurant : pâtes, pizzas, plats méditerranéens et viandes, environ 50-170 K. Une référence locale.

Milas Vegetarian : 3 rues au sud de Prawirotaman, dans une enceinte jardinée, resto (mar-ven 15 h-21 h, w-e midi-21 h) et marché végé les sam 10 h-14 h.

- La rue des Gudeg : Jl. Wijilan, au N.-E. du Kraton
Pas épicé, le gudeg, jacquier cuit avec sucre de palme et lait de coco, servi avec riz et divers accompagnements, est LA spécialité de Jogja. D’autres restos en servent dans toute la ville !  

- À Kota Gede : Warung Jawi : allée sur la gauche avant le marché (panneau). Pavillon joglo dans une cour, cadre idéal pour une soupe et boisson typique, par exemple un bronkos et iun Wedang Uwuh.

Agences de voyage :

- Shanti Travel Indonésie : antenne indonésienne d’une agence française spécialisée en voyage sur-mesure en Asie. Très bonne connaissance du terrain et grande réactivité, même en dernière minute. Tarifs compétitifs. À titre indicatif : à partir de 100 €/pers/j.

- Hanindo Tour : agence locale de qualité, voir aussi « Où loger ».

- Toutes les pensions sur Prawirotaman (on conseille Via Via, Agung et Arjuna, voir « Où loger ») et Sosrowijayan proposent des excursions. Bien se faire préciser tous les détails. 

Visites

- L’arnaque des 2 kratons : complicité des applis GPS, brouille familiale (?), guides locaux dans la combine… des voyageurs reviennent frustrés du Kraton car ils n’ont pas visité le bon (!) mais une annexe, située pile au sud de la place Alun Alun, petite et sans grand intérêt (pavillon d’entrée au toit de tôle rouge ; vieilles limousines américaines, vitrine de mannequins, entrée environ 7 K). Le véritable Kraton (entrée 16 K) est plus à l’arrière de la place, par la rue qui longe l’ouest du périmètre.

Contact et tuyaux sur la scène artistique locale : Vivien Poly : @vivien.poly . Artiste urbain et photographe français talentueux basé à Jogja.

Achats :

Prawirotaman et environs : antiquaire Moessen Antik Gallery ; batiks de qualité et facture classique chez Plentong et  Winotosastro; designer d’accessoires et vêtements Lemari Lila.

Sur Malioboro et environs : Batik Keris véritables batiks et imprimés de bonne qualité et abordables.

Texte : Dominique Roland

Mise en ligne :

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