La guerre des riads
Une ville en chantier
Avril 2002. Marrakech est un immense chantier
en construction. Sur les longues avenues de la ville nouvelle, on plante des
rosiers et des palmiers, les fontaines des ronds-points sont repeintes, de nouveaux
éclairages sont installés le long des remparts. Les raisons de cette subite
réhabilitation urbaine sont les festivités prochaines pour le mariage de sa
Majesté le Roi. Devant cette suractivité, le chauffeur de taxi semble dubitatif,
cultivant l’ironie et la dérision à l’image d’un personnage d’un roman d’Albert
Cossery : « Toujours les mêmes promesses… ».
Un autre plus positif affirme que ces travaux ne
sont pas une opération de maquillage et qu’ils profiteront à tous. Quoiqu’il
en soit, le peuple devra attendre pour participer aux agapes royales, puisque
le palais a annoncé le report des réjouissances populaires en raison de la crise
au Proche-Orient. Dans son élan de générosité, la municipalité a décidé également
de paver certains quartiers de la médina dont les ruelles poussiéreuses se transforment
en champ de boue à la moindre averse. Une médina qui, ces dernières années,
résonne des coups de marteaux et des raclements de pelles d’un autre chantier,
celui de la restauration des riads. Il suffit de pousser au hasard la porte
entrebâillée d’une maison pour tomber sur des équipes de maalem (maîtres-artisans)
œuvrant aux travaux de menuiserie et de maçonnerie.
Texte : Jean-Luc Bitton
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