Roumanie : la Transylvanie secrète
Poursuivi par Dracula à Sighisoara
Dans le labyrinthe des ruelles médiévales de Sighisoara, il n’est pas rare de voir la silhouette étrange de Dracula, sur un panneau publicitaire, un rebord de balcon, un rayonnage de magasin de souvenirs. Les Roumains profitent de son image et l’utilisent dans un but commercial, mais personne ne l’aime vraiment. L’air féroce et satanique, les dents rougies par le sang, des mains comme des griffes d’aigle, et des ailes de chauve-souris en forme de cape d’opérette noire et rouge…
« Dracul » signifie Dragon en roumain. De son vrai nom, Dracula s’appelait Vlad Tepes, dit aussi Vlad l’empaleur. Il serait né dans une maison de la place centrale de Sighisoara, et y aurait vécu entre 1431 et 1435. Héros de la résistance anti-turque certes, il avait la fâcheuse habitude d’empaler ses victimes…par milliers. Sa cruauté a desservi son image. Il est mort décapité après avoir été maudit par le peuple. Voilà l’histoire. Ensuite vient la légende, sortie de l’imagination de l’écrivain irlandais Bram Stoker (1897) qui transforma la vie de ce prince sanguinaire en une sorte d’être hybride, mi-homme mi- vampire… Plus tard, le comte Dracula donnera des idées de film à Murnau, Coppola, Roman Polanski…
Comment échapper à cette figure romanesque ? En faisant la distinction entre la réalité et la fiction. Dracula continue de fasciner les détraqués. Une entreprise de loisirs bon marché ne rêvait-t-elle pas d’inaugurer en Transylvanie une sorte de vaste Draculaland, qui serait au monstre ce que Mickey Mouse est pour Disneyland ? Heureusement, ce projet de mauvais goût n’a pas plu au gouvernement roumain qui l’a mis aux oubliettes…
Texte : Olivier Page et Bertrand Deschamps
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