Shanghai : dans la gueule du dragon chinois

Conquérir le troisième millénaire

Conquérir le troisième millénaire
Olivier Page

Je reconnais la tour Jin Mao haute de 420 m, le quatrième gratte-ciel le plus élevé du monde qui dépasse la tour Eiffel de 100 m. Sa forme évoque une vertigineuse tour de pagode couverte d’écailles métalliques, mais d’autres y voient un gigantesque épi de maïs. En 2008, elle sera déjà dépassée en hauteur par sa voisine, la tour World Financial Center, en cours de construction sur l’avenue du Siècle (Shiji Dao). Conçue par les architectes américains Kohn Pedersen & Fox et Leslie Robertson, cette dernière mesurera 492 m de haut, comptera 101 étages et sera donc l’immeuble le plus élevé du monde après la tour Taipeh 101 (Taiwan). Elle ressemblera à un immense décapsuleur couvert de vitrages fumés, terminé par une vaste ouverture de forme ovoïde, destinée à limiter paraît-il la poussée du vent. Le Manhattan de la Chine que je vois depuis le pont Nanpu n’est-il pas le symbole même de l’ambition d’un pays désireux de se faire une place parmi les grands de la planète ?

À Shanghai, rien n’est trop beau, ni trop cher dès lors qu’il s’agit de rattraper les années perdues et le marasme de l’économie collectiviste. Question d’orgueil national. Cette mégapole trépidante prête à conquérir le troisième millénaire, a, semble-t-il, trouvé un modèle urbain à la mesure de son ambition : celui des grandes villes américaines. Faut-il y voir, comme à Pékin, elle aussi touchée (pour le meilleur et pour le pire) par la même fièvre, « l’incarnation d’un rêve occidental ou plutôt américain, qui ne dit pas son nom », comme se demande le journaliste Pierre Haski, correspondant de Libération en Chine dans son récent (et excellent) livre Cinq ans en Chine, chronique d’une Chine en ébullition (Éditions Les Arènes, paru en octobre 2006).

Immense, active, envahissante, Shanghai connaît une expansion foudroyante depuis quelques années. Ici tout va plus vite que dans le reste de la Chine. Ne dit-on pas souvent : « Pour voir mille ans d’histoire, il faut aller à Pékin, mais pour connaître la Chine actuelle, il faut venir à Shanghai ». En 2005, son taux de croissance économique à deux chiffres avoisinait les 12 % pour la treizième année consécutive. Ce vent de modernisation qui souffle sur Shanghai et la Chine, cette fièvre immobilière, et de spéculation, a pris l’aspect d’une démesure. On y construit autant que l’on y détruit. Au point que certains observateurs inquiets se demandent si la vitrine capitaliste du socialisme de marché n’est pas en train de vendre son âme au diable du progrès et d’enterrer la Shanghai mythique et mystérieuse du Lotus Bleu...

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Texte : Olivier Page avec l’aide de Marie Page

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