La Camargue gardoise, autour d’Aigues-Mortes

La Camargue gardoise, autour d’Aigues-Mortes
Aigues-Mortes © Pascale Gueret - stock.adobe.com

Des airs de bout du monde, entre lagune, marais et canaux, de vénérables cités marquées par l’histoire, l’immensité du ciel et le bleu de la Méditerranée bordés par d’infinies plages de sable… Direction le Sud de la France, dans une terre de caractère, qui se découvre avec bonheur toute l’année, et encore plus à l’arrière-saison. Du Grau-du-Roi à Aigues-Mortes, la Camargue gardoise, surnommée la « Petite Camargue » n’a rien à envier à celle qui se trouve sur l’autre rive du Petit Rhône. C’est même une superbe destination pour une escapade de quelques jours, aussi intense que dépaysante.

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Dans le Gard, l’autre Camargue

Dans le Gard, l’autre Camargue
Camargue gardoise © Bernard GIRARDIN - stock.adobe.com

La Petite Camargue s’étend à l’ouest du Petit Rhône et confine à l’étang de Mauguio. Côté Gard, Aigues-Mortes et Saint-Gilles en sont les deux pôles. Sur place, un bon conseil : n’utilisez pas l’adjectif « petite », parlez juste de Camargue gardoise. Marécageuse et parsemée d’étangs, cette Camargue-là voue un culte particulier au taureau… et au bateau.

Si vous cherchez à partager la vie des manadiers, si vous rêvez de promenades à cheval ou de balades en mer, faites un tour sur les sites internet des offices de tourisme du Grau-du-Roi, d’Aigues-Mortes et de Saint-Gilles notamment, ou passez les voir dès votre arrivée. Location de bateaux, de résidences au bord de l’eau ou près des étangs, sorties avec des pêcheurs ou découverte des producteurs de vins des sables, tout ça, ils l’ont en réserve. Le reste, à vous de le découvrir, plutôt hors saison, on ne vous en voudra pas, bien au contraire.

La Camargue gardoise a obtenu le label Grand Site de France, une maison d’accueil est implantée à l’étang de la Marette, route du Môle, à Aigues-Mortes.

Balade au cœur de la Camargue taurine

Balade au cœur de la Camargue taurine
Tombe du taureau « Sanglier » © Tourisme Gard

Au Cailar bat le cœur de la Camargue gardoise. Celle qui ne vit et ne parle que de taureaux, de ferias... L’autre, que l’on aime tout autant, sinon plus, avec ses étangs, ses oiseaux, ses rizières, vous attend un peu plus loin, entre Aigues-Mortes et Saint-Gilles.

Le rond-point à l’entrée du village du Cailar donne le ton. Trois taureaux s’y retrouvent : l’un en sculpture, l’autre en peinture, le troisième en sépulture. Ici repose à jamais, debout et sous les tridents du gardian, le « Sanglier » de la manade Fernand Granon. Une façon d’honorer les qualités de bravoures exceptionnelles de ce taureau lors de sa participation aux courses camarguaises des années 20-30. Plus discrète, une autre tombe de taureau « cocardier » se trouve dans les prés mythiques environnants, occupés par les manades locales.

Des pâturages inondables que l’on peut découvrir sur la route du Pont-des-Tourradons où se trouve une table d’orientation qui permet de dominer la situation. Inutile de préciser que la fête votive, début août, rassemble tous les amateurs partageant la fe di bioù (« passion du taureau »). Le moment idéal pour découvrir ce village typique avec sa placette ombragée, ses ruelles circulaires, ses arènes classées, son église où saint Louis vint se recueillir avant ses départs en croisade...

De Saint-Laurent-d’Aigouze à Aigues-Mortes

De Saint-Laurent-d’Aigouze à Aigues-Mortes
Tour Carbonnière © Marine26 - stock.adobe.com

Faites un tour sur la place du village de Saint-Laurent-d’Aigouze, très vivante avec son arène accolée à l’église et ses terrasses de cafés tout autour. La seule place ronde où le toril se trouve dans l’ancienne sacristie de l’église !

Ici, les jeux taurins sont pratiqués toute l’année : Printemps des Royales, fête des Clubs taurins... le summum est atteint au mois d’août, le week-end suivant le 15 (jusqu’à 10 nuits et 10 jours plus tard). Mieux vaut réserver son logement longtemps à l’avance, notamment au moulin de Saint-Laurent, une adresse un peu barge le long du canal, où l’on dîne dans une ambiance de guinguette.

Ne pas hésiter à prendre la D46 pour rejoindre Aigues-Mortes. Vous allez tomber sur ce qui correspondait autrefois à une barrière à péage. La tour Carbonnière, imposante, carrée, visible de loin dans ce désert de marécages, a été construite selon la volonté de Louis IX.

Aigues-Mortes étant le verrou d’accès à la mer, une petite garnison détachée dans cette tour fortifiée avait pour mission de récolter le droit de passage des bateaux sur le canal. Un impôt qui rendit la ville richissime. Dans le cadre de l’opération Grand Site Camargue gardoise, un cheminement en bois a été aménagé pour visiter les marais tout autour, profitez-en pour vous dégourdir les jambes avant d’affronter la foule à Aigues-Mortes.

Aigues-Mortes : un voyage dans le temps

Aigues-Mortes : un voyage dans le temps
Tour de Constance © Brad Pict - stock.adobe.com

Elle surgit tel un mirage entre lagunes, marais et canaux…  « Zone franche » destinée à attirer les marchands de la Méditerranée, Aigues-Mortes devint rapidement le seul port méditerranéen du royaume de France. C’est d’ici, dans un paysage de marais, de sable et d’eau, que le roi Louis IX partit pour les croisades pour en revenir saint. À son retour, il eut le temps, avant de mourir, de faire construire la tour de Constance. Les 20 années qui suivirent virent l’édification d’une enceinte flanquée de 6 tours et percée de 10 portes.

Ce modèle d’architecture militaire médiévale destiné à défendre la porte vers l’Orient du royaume a été vite pris d’assaut par tous les types de visiteurs, au fil du temps, ses rues perpendiculaires facilitant la circulation. Passons sur les années noires, les désastres climatiques (déjà), les épidémies de peste, de choléra et les guerres de Religion.

Aigues-Mortes © cyril ruchet - stock.adobe.com

Au 17e s, le port fut définitivement condamné et la tour de Constance se transforma en prison. Au 19e s, Aigues-Mortes tomba dans l’oubli. Deux siècles plus tard, ses familiers se plaignent qu’elle soit trop connue !

Pour qui voudrait s’offrir un séjour de rêve, les belles adresses ne manquent pas, à commencer par l’hôtel des Remparts. Les bons restos non plus, on a craqué pour l’Aromatik, après en avoir testé beaucoup. Et pour les petites faims de passage, il y a toujours la fougasse de chez Olmeda.

Des salins et des hommes

Des salins et des hommes
Salins d'Aigues-Mortes © Pascale Gueret - stock.adobe.com

Il faudrait du temps pour visiter le salin d’Aigues-Mortes dans sa globalité : l’exploitation couvre une superficie totale de 9 800 ha. On embarque à bord d’un petit train pour un voyage de plus d’une heure. Dans le passé, d’abord. Retour au 17e siècle, quand 17 petits salins étaient exploités. Les « sauniers » ne vivaient pas bien vieux, les femmes pouvaient donc espérer se marier trois fois.

Les conditions de vie ont changé, heureusement. Ceux que vous verrez travailler continuent de gérer les mouvements des eaux en fonction du vent, des orages, comme les anciens. Le faible degré hygrométrique de l’air et le fort ensoleillement font le reste.

Depuis un siècle et demi, c’est la Compagnie des Salins du Midi qui est propriétaire, et les chiffres avancés laissent songeurs (plus de 15 000 t par jour pendant la récolte). Le sel stocké (entre 400 000 et 500 000 t) forme une impressionnante colline que l’on voit à des kilomètres à la ronde et que l’on peut gravir jusqu’à une terrasse d’observation.

Pour les amoureux de la nature, la récolte du sel depuis des centaines d’années a favorisé une flore spécifique : plus de 200 espèces végétales, dont une vingtaine sont protégées, et quelques 157 espèces d’oiseaux protégées. Pour prolonger l’instant, vous pouvez choisir : balade en 4x4 ou plage sauvage rien que pour vous, sur résa.

Balade jusqu’à Saint-Gilles par la route des étangs

Balade jusqu’à Saint-Gilles par la route des étangs
Réserve naturelle régionale © catalyseur7 - stock.adobe.com

Quel bonheur de sillonner le pays en prenant des petites routes où la vitesse est déconseillée, surtout si on veut profiter des paysages. D’abord la Sagne, la plus grande roselière d’Europe de l’ouest où en hiver, les sagneurs récoltent les roseaux qui serviront de couverture aux toits des maisons scandinaves. Et puis les étangs, des sansouïres (zones humides où pousse la salicorne)...

De Gallician à Montcalm, les paisibles D 779 et D 179 traversent des paysages typiques, comme l’étang du Charnier. À faire idéalement en vélo, en suivant la voie verte. Le centre du Scamandre donne accès au cœur d’une réserve naturelle régionale vouée à la protection et à la mise en valeur du patrimoine. Au printemps et en été, des nuées d’habitants ailés, parmi lesquels des ibis falcinelles, vous accueillent ! En hiver, place aux canards et passereaux des roselières.

Flamants roses © Marine26 - stock.adobe.com

En prenant la D202, près du hameau de Sylvereal, on peut aussi profiter des 70 ha de la Réserve du Petit Rhône. Un site privé où, au détour de sentiers balisés, on peut observer la flore et la faune (étangs, cabanes d’observation), mais aussi pique-niquer, se détendre. Pour qui aurait envie de finir la soirée en beauté, surveiller les programmes des fêtes.

Et puis, il y a toujours la manade Saint-Louis, où la famille Groul organise l’été, tous les mercredis, des soirées camarguaises dans la grande tradition (visites sinon le vendredi en juillet-août ; plus d’infos sur www.manade-saint.louis.camargue.fr).

Le trésor de Saint-Gilles

Le trésor de Saint-Gilles
Crypte romane de Saint-Gilles-du-Gard © Roberto Cerruti - Shutterstock

Au cœur du delta du Rhône, à 20 km au sud de Nîmes et à 16 km d’Arles, Saint-Gilles-du-Gard se trouve au centre d’une vaste plaine quadrillée de canaux et de vergers, de rizières (les seules de France) et de vignes (en pleine AOC costières-de-nîmes). La Via Rhôna permet de rejoindre Saint-Gilles à vélo.

La commune ne possède qu’un seul joyau, mais il est de taille : une abbatiale, chef-d’œuvre de l’art roman en Languedoc. La crypte romane date de la fin du 9e s. Elle renferme le sarcophage de Gilles, le doux saint à la biche, qui fut redécouvert en 1865. Le tombeau de Pierre de Castelnau rappelle la croisade contre les albigeois.

Saint-Gilles-du-Gard fut, aux 11e et 12e s, un point de ralliement pour les pèlerins qui arrivaient ici harassés, après avoir franchi l’Auvergne et les Cévennes par la voie Régordane, via Alès et Nîmes. Ils croisaient, si l’on peut dire, autour des tombeaux, ceux qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle (au départ d’Arles) et les Croisés, bien sûr, sur le départ pour Jérusalem.

D’où la nécessité de construire une grande basilique qui apporta prospérité et gloire. Jusqu’à ce que la création d’Aigues-Mortes par saint Louis ruine cette prospérité médiévale. Sans parler des guerres de Religion qui affaibliront la ville encore et encore...

Le Grau-du-Roi et Port-Camargue

Le Grau-du-Roi et Port-Camargue
Le Grau-du-Roi © Marine26 - stock.adobe.com

De nos jours, Le Grau-du-Roi est LA station balnéaire qui accueille 120 000 personnes en été. Hors saison, quand le village retombe à moins de 9 000 habitants, on n’a aucun mal à imaginer le petit port de pêche qui s’est créé autrefois le long du passage naturel entre l’étang et la mer, le grau en occitan.

Le port a su conserver la première place, devant Sète, et une bonne partie de son charme avec son phare, son pont tournant et son quai bordé de chalutiers et de palmiers, que certains ne font qu’apercevoir, en faisant le tour des boutiques et bars, en face.

Port-Camargue © Tourisme Gard

Le village a fêté ses 140 ans en 2019, en même temps que les 50 ans de Port-Camargue, entré lui aussi dans l’histoire du littoral languedocien, et pour cause. L’architecte Jean Balladur (le frère, oui !) s’est inspiré de ce qu’il avait vu en Floride. Il a dessiné un port d’escale et créé un lieu, voire un style de vie au fil de l’eau, qui continue de faire des envieux : depuis la création de la loi littoral, aucune autre marina de ce type n’a été construite en France.

Les marinas, villas sur l’eau, sont orientées côté mer et les garages sont remplacés par des pontons : on amarre son bateau devant sa terrasse, on se reçoit entre voisins. Et là, on parle de quoi ? De bateau, forcément.

Port-Camargue est le 1er port de plaisance d’Europe et le 2e au monde après San Diego (Californie). La promenade à pied, dans cet univers d’immeubles et de canaux, plaira aux trekkeurs urbains, les autres s’échapperont pour retrouver 18 km de plages tout de même à protéger des moustiques !

Plage de l'Espiguette © Olivier Tabary - stock.adobe.com

Par un sentier à travers les dunes, on accède à la plage de l’Espiguette, un superbe site naturel classé Grand Site de France avec la Camargue gardoise. Une immense plage de quelque 11 km bordée de dunes plantées de pins parasols. Et de parasols peints sur la première moitié, tout public, avec des plages privées qui les louent avec les matelas. Plus loin, c’est plutôt un espace naturiste pas triste, voire fort gai selon l’heure.

Des dunes, la mer, des kilomètres de nature vierge de toute construction. La solitude ? Faut pas pousser ! On ne vient pas là pour relire Proust, de toutes les façons. Et comme le site est vaste, on sème assez vite les tire-au-flanc. À l’est, on peut aller jusqu’à la prise d’eau des salines d’Aigues-Mortes, 8 km environ. À l’ouest, jusqu’à Port-Camargue, par les campings.

Des promenades à cheval dans les marais et au bord de la mer sont proposées, de l’heure à la demi-journée, selon les niveaux. Le soir, si on n’a pas trop mal aux fesses, on peut rêver au Cabaret équestre des sables, une institution, route de l’Espiguette. Toute la famille met la main à la pâte pour que la soirée soit réussie. Spectacles avec ou sans repas, sur résa.

Entre mai et septembre, on peut finir la journée en attendant de voir le soleil se coucher, dans une cabane dans le vent, musicalement parlant, tout en sirotant un cocktail accompagné de tapas. En tout, entre l’Espiguette et Le Grau, c’est une quinzaine de bars et cabanes éphémères qui vous proposent transats, happy hours, after beach ou soirée d’été. Un de nos préférés, au Grau, reste le Playa Miramar. À chaque plage son style : bohême, familial, nature chic…

Fiche pratique

Retrouvez toutes les infos pratiques, les bons plans et les adresses dans le Routard Languedoc, Roussillon en librairie.

Consulter notre guide en ligne Languedoc-Roussillon

Tourisme Gard

Office de tourisme du Grau-du-Roi

Office de tourisme d’Aigues-Mortes

Office de tourisme de Saint-Gilles

Comment y aller ?

TGV jusqu’à Nîmes, location de voiture pour sillonner la région.

Où dormir ? Où manger ?

- Le Moulin de Saint-Laurent : route de Marsillargues, Saint-Laurent d’Aigouze. Port. : 06-52-14-52-28. Décalé et gourmand

- Hôtel Café Miramar : 25, av. Frédéric Mistral, Le Grau du Roi. Il y a la plage en face, le soleil et la mer, la déco marine et épurée, et un vrai resto de poisson comme on en trouve dans les îles, d’ordinaire, décontracté, savoureux.

- L’Aromatik : 9, rue Alsace-Lorraine, Aigues-Mortes. Bistronomique et Aromatik, ça rime. Une belle adresse avec une petite terrasse qui ne demande qu’à s’étendre au soleil.

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Sites et activités

- Maison du Grand Site de France de la Camargue gardoise : la Marette, route du Môle.

- Salin d’Aigues-Mortes : route du Grau-du-Roi, Ouv tlj de mi-mars à mi-nov. Compter 1 h 15 de visite guidée en petit train.

- Safari en véhicule tout-terrain et accompagné par de vrais Camarguais, manadiers parfois. Avec Camargue Découverte : 6, rue des Alliés, 30240 Le Grau-du-Roi. Camargue Autrement : 1745, route de l’Espiguette, 30240 Le Grau-du-Roi.

- lLs catamarans Providence et Picardie proposent au départ du Grau des virées qui ont toujours leurs adeptes. Réservations et départ au bout du quai Colbert.

- Seaquarium : au Grau-du-roi. Vastes aquariums qui accueillent 200 espèces de poissons et invertébrés marins et le Requinarium (mais si !) de 1 000 m2, où nagent 25 espèces de requins.

- Cabaret équestre des sables : 1745, route de l’Espiguette, D 255B. Des chevaux, des cavaliers, une ambiance bohémienne, du flamenco, des repas traditionnels, olé !

- Le centre du Scamandre : route des Iscles, à Gallician. Sentiers de découverte, comme le sentier du Butor étoilé ou le sentier de la Fromagère.

- La Réserve du Petit Rhône : pont de Sylvereal.

Fêtes et manifestations

– Au Grau du Roi : mi-avr, les Graulinades, autour de la gastronomie méridionale ; en juin, célébration de la Saint-Pierre (procession, bénédiction et sortie en mer des bateaux, joutes languedociennes, concours d’abrivados taureau) ; mi-sept, joutes languedociennes, lâchers de taureaux et courses camarguaises. La fiesta !

- Ne pas manquer la Saint-Louis autour du 25 août. Damoiselles et damoiseaux animent la cité aux couleurs du Moyen Âge. Défilés historiques, marché et bal médiéval, feu d’artifice. Mi-oct, après les vendanges et la récolte du sel, abrivado, bandido, courses camarguaises. Du local pur 

Texte : Gérard Bouchu

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