Le Stac Pollaidh est une montagne très caractéristique, pas très élevée mais elle a une forme étrange et domine une région très lacustre . Il y a un parking juste au pied ,les bus pour Achiltibuie s’y arrêtent . L’ascension jusqu’à la crête ne semble pas présenter de difficultés particulières . Nous verrons ensuite si la crête nous inspire .
Donc, nous arrêtons le pedal pub au parking des bus . Il est désert ,grâce au confinement . le sentier d’accès semble bien entretenu , nous commençons l’ascension, par un temps médiocre . Pleines d’optimisme , nous continuons dans la brume , mais nous sommes accueillies à notre arrivée sur la crête par un vent abominable accompagné de grésil , avec uen totale absence de visibilité . Nous n’insistons pas, nous redescendons aussi vite que la prudence le permet et nous nous réfugions transies dans le pedal pub . Après avoir pris le temps de nous restaurer de haggis en boîte acheté à Ullapool et de purée en flocons, et bu une infusion chaude , nous repartons avec notre engin de plus en plus bringuebalant en direction d’Achiltibuie . L’éolienne doit être laborieusement démontée et rangée dans le tonneau à bière, le vent étant désormais beaucoup trop menaçant . Pas de soleil non plus . Nous sommes obligées de pédaler contre le vent .
Normalement, nous aurions dû nous arrêter près d’Althandhu où nous aurions dû jouir d’une vue extraordinaire sur les Summer Isles et les montagnes du Wester Ross. Nous n’avons droit qu’à un brouillard épais jusqu’à Achiltibuie. Epuisées par cette journée quand nous arrivons, et vu l’absence totale de visibilité, il ne nous reste plus qu’à dormir .Demain, nous allons nous risquer sur le postie’s path .
Le postie’s path est un sentier côtier que j’ai repéré depuis la préparation de la randonnée de 2013 . Il longe la mer au pied du Ben More Coigach . C’est par ce sentier que le facteur transportait le courrier jusqu’à une époque récente C’est un itinéraire qui n’est pas de tout repos, d’après ce que j’ai lu : des passages en dévers affectionnés par les dahus sur des roches parfois glissantes, de la végétation envahissante (mais parfois utile lorsque les racines sont solides (les amateurs de pentes scabreuses assez végétalisées voient parfois dans les racines de genêts des amies ,à défaut de vraiment sympathiser avec les églantiers) . Notre cher Robin Hood aimait beaucoup les terrains touffus et pentus, les sentiers dont il ne reste plus que des vestiges discernables par des archéologues particulièrement perspicaces, et par dessus tout l’absence de sentier . Notre Whymper , son digne successeur ,semble affectionner les passages scabreux en balcon, les sentiers pour dahu (ceux qui s’intéressent au dahu peuvent consulter https://fr.wikipedia.org/wiki/Dahu ), et les itinéraires historiques des postiers
Nous avons eu droit l’été dernier au "sentiero del postino " sur le tour du Viso, itinéraire somme toute assez innocent , même pour moi dont le courage se manifeste plutôt dans les pires broussailles, familères à toute personne qui cherche les cèpes de mes Highlands cantaliennes
Le postie’s path jugé dangereux ,est actuellement en cours de restauration. Je voulais savoir ce qu’il en était , et examiner ce que nous pourrions faire sur le Ben More Coigach. Nous avons fait quelques tentatives , dans un épais brouillard ,interrompues par une tempête abominable , et nous nous sommes donc repliées ,une fois de plus ,sur notre cher pedal pub .
Donc, à mon grand regret, je ne peux communiquer de photos de l’ascension du Stac Pollaidh ni du postie’s path.A suivre
Nous avons renoncé à nous rendre à Lochinver pour effectuer la traversée jusqu’à Elphin en passant par Suileag bothy . L’objectif était d’approcher le Suilven et d’examiner l’itinéraire classique d’accès à la crête dont j’ai lu qu’il était en cours de restauration . Ce n’est plus possible , parce qu’il nous faudrait revenir en arrière pour récupérer le pedal pub . Nous nous rendrons donc directement à Inchnadamph avec notre véhicule .
Rejoindre Inchanadamph à partir d’Achiltibuie par la route à bord d’un pedal pub a de quoi nous occuper toute une journée, surtout par vent défavorable . Par chance, les conditions, sans être optimales ne sont pas les pires que l’on puisse imaginer : ni vraie tempête , ni averses de neige .
. Nous n’avons pas malgré tout le loisir de nous arrêter pour identifier avec précision les sommets visibles à l’Ouest de la route .
Je regrette que presque toutes les photos que j’ai prises soient assez floues ,mais les herbes étaient souvent très agitées par le vent .
Peut-être s’agit-il ici du loch an Ais, et à droite du Cul Mor .
Au loin apparaissent maintenant les sommets enneigés de l’Est de l’Assynt, Ben More Assynt et Conival qui dominent Inchnadamph. Cela nous réconforte et décuple notre ardeur à pédaler .
.
Je reconnais avec certitude la forme caractéristique du Suilven, avec ses deux sommets .
Je suppose qu’il s’agit ici du Canisp . Nous ne sommes pas loin de l’endroit où nous aurions dû arriver si nous étions venues à pied de Lochinver .
Au vu de la proximité de la route et des îlots, je pense qu’i ls’agit du loch Awe …
Enfin, nous arrivons à Inchnadamph .
Comme on le voit sur cette photo , Inchnadamph est une localité importante située à l’extrémité Est du loch Assynt . On reconnaît , dominant le loch Assynt ,la silhouette caractéristique du Quinag .
A suivre
En 2013, nous étions partis d’Inchnadamph pour monter au bealach na H-Uidhe, le col le plus élevé du Cap Wrath Trail avec le bealach Coire Malaghain que nous avions franchi l’année précédente .Nous avions choisi les étapes qui passaient par les cols les plus hauts : ils sont en effet dans l’ensemble d’une altitude très modeste et nous aimons bien les longues montées .En revanche , j’avais choisi dans l’ensemble d’éviter les étapes où nous devrions longuement remonter des glens parfois monotones .Après ce col , nous avions le choix entre descendre sur le loch Bealach a’ Bhuirich (avec le passage intermédiaire d’un petit col ) puis le loch na Gainmhich pour rejoindre Unapool et Kylesku, ou rejoindre Glencoul bothy au bord du loch du même nom.Nous devions nous décider , une fois arrivés au col ,en fonction des conditions météo .L’arrivée du brouillard et les averses de grésil nous avait fait opter pour la première solution , elle nous paraissait la plus sûre .Il n’est pas sûr que nous ayons eu raison , car nous avions bien repéré la descente sur la vallée de la Glencoul River , au terme de laquelle on passe au pied des chutes Eas A’Chuall Aluinn, les plus hautes de Grande Bretagne.Les chutes Eas an t-Strutha Ghil leur font face .( Nous les avions toutes deux aperçues de façon fugitive, sans avoir le loisir de les prendre en photo ,trop occupés que nous étions à suivre les méandres d’un sentier peu visible dans le bog écossais) .
Le choix de la seconde solution nous aurait épargné un parcours interminable jusqu’à la route A 894 rejointe au niveau du loch na Gainmhich . La nuit tombait , plus de six kilomètres nous séparait de Kylesku, et le bitume avait aggravé la tendinite de notre Whymper . Nous étions complètement trempés par les averses de neige et frigorifiés . J’ai raconté cette affaire dans mon carnet de voyage de 2013 Comment la montagne accoucha de quatre souris trempées . Nous avons pu pressentir ce que sont les risques liés à l’hypothermie .L’autre solution , descendre sur Glencoul bothy ,était plus élégante . mais , si le terrain avait été rendu difficile par les conditions météo et si nous n’avions pu rejoindre la cabane Glencoul, la situation aurait été dramatique .
Depuis le col , nous n’avons vu nulle part de terrain où planter les tentes . Tout était détrempé, pour ne pas dire pire .je pense qu’il en était de même sur les deux itinéraires . Il faut se méfier dela météo des montagnes écossaises .
J’ai vécu cette histoire comme un échec assez grave . Le premier guide du Cap Wrath Trail publié aux éditions Cicerone disait que c’était une étape magique . Je n’aime pas renoncer définitivement .Je voulais donc revenir au col et si les conditions le permettaient faire l’ascension du Ben Uidhe, pour avoir, enfin , une belle vue sur les montagnes de l’Assynt .
A suivre
Comme nous avons dormi à Inchnadamph dans notre pedal pub, et que nous n’avons pas de tente à démonter, nous partons de bonne heure, d’abord sur un large chemin carrossable, puis nous arrivons à une passerelle .
Juste avant la passerelle ,il y a une bifurcation . La branche de droite , une fois la passerelle franchie remonte le cours de la rivière Traligill jusqu’au col visible sur la photo , à gauche du Conival enneigé . On rejoint ensuite le glen Oykel .
Nous choisissons le sentier de gauche qui remonte le cours d’un affluent de la rivière Traligill en le surplombant de quelques dizaines de mètres .C’est un sentier bien tracé , d’où nous voyons les sommets de l’Assynt que je trouve d’aspect assez sinistre .
Nous arrivons ensuite en vue de petits lochs ,et nous laissons sur la droite un tout petit abri non fermé, qui ne pourrait accueillir trois personnes . Il n’y a aucun abri à partir de là jusqu’à Glencoul bothy ou Unapool.
On voit ici tout au fond l’échancrure du bealach na H-Uidhe . Nous sommes encore loin d’y parvenir .
A suivre
L’ascension du col n’est pas une montée continue . Il nous faut d’abord descendre jusqu’au loch Fleodach Coire avant de grandir les pentes du col . Il faut franchir plusieurs gués . L’un était équipé d’un petit pont de bois assez sommaire mais il s’est effondré .
J’emprunte cette photo à Cyrus qui l’avait prise en 2013 . Les lieux n’ont pas changé .Nous étions comme on le voit assez chargés, avec tout notre matériel de bivouac, n’ayant pas d’autre part de possibilité de ravitaillement avant KInlochbervie .
Le sentier que l’on voit ici se poursuivre au delà du loch est de plus en plus sinueux . Il contourne des marécages et de ce fait la progression est plus lente que prévu .
Tout ce qui n’est pas rocheux est extrêmement humide . Le temps est de plus en plus brumeux et l’atmosphère devient assez sinistre .
Le sentier devient de moins en moins évident au moment d’aborder les dernières pentes où le terrain devient plus rocheux , nous découvrons le loch bealach na h-Uidhe .
Le col n’est pas loin .Lorsque nous y arrivons enfin, les conditions météo s’aggravent . Nous nous arrêtons juste un instant pour nous restaurer. Inutile de poursuivre dans ces conditions . Nous faisons demi-tour et nous regagnons au plus vite notre pedal pub . Le lendemain nous quitterons l’Assynt .
A suivre
Mon projet initial pour cette année était de revenir à Ullapool en bus, de nous y ravitailler, puis de rejoindre, toujours en bus, Poolewe puis Kinlochewe , avec peut-être au passage une visite de Scoraig . Les jours et horaires de circulation des bus ne convenaient pas . J’avais donc renoncé à la côte et opté pour un bus Ullapool Inverness que nous aurions quitté à Garve pour rejoindre la ligne de chemin de fer Inverness Kyle of Lochash par le glen Carron De là , le but était de gagner Torridon, où nous avions prévu de dormir à l’auberge de jeunesse puis de finir notre séjour autour de Kinlochewe . Plus de possiblité avec l’épidémie de nous installer pour quelques jours à Torridon et Kinlochewe à l’auberge de jeunesse et au bunkhouse , ni à la Ling Hut comme nous l’avions envisagé . Nous allions prendre la tente, comme je l’avais de toute manière prévu . Nous avons donc décidé de rejoindre Garve avec notre pedal pub plus brinquebalant que jamais et nous avons pris le train (par chance, il circulait), jusqu’à Strathcarron .
Je dois dire que c’est avec un certain soulagement que nous nous sommes débarrassées de notre véhicule . Il y avait en effet par chance une agence de location de pedal pubs située juste à côté de la gare de Garve .Le temps avait été épouvantable, les protections latérales que nous avions installées risquaient à chaque instant d’être arrachées par le vent, l’engin était de plus en plus difficile à diriger . Nous n’avons donc pas pu prendre de photos. Par chance , comme nous approchions de Strathcarron, le temps s’est beaucoup amélioré et nous avons trouvé un lieu de camp tout à fait charmant au milieu des ajoncs près de la rivière Carron .
Nous montons avec quelques difficultés ma tente . Je dois avouer que Langue de Vipère,et la Madone des sleepings ont été beaucoup plus efficaces que moi qui laisse l’essentiel du travail à Cyrus . C’est une tente trois places ,convenable pour trois, et un vrai palace pour deux . Nous y avions mangé à quatre lors de précédentes expéditions écossaises dans des conditions tout à fait acceptables ,grâce à l’auvent …
Pour seul voisinage ,nous avons la visite d’un troupeau de moutons .
Nous passons une soirée agréable, mais nous allons assez rapidement nous reposer , la journée ayant été rude .
A suivre
Le glen Carron permet un accès ferroviaire et pédestre aisé au glen Torridon à partir des deux gares de Strathcarron et Achnashellach . Deux stations plutôt que deux gares : il faut d’ailleurs solliciter l’arrêt .Plusieurs cols permettent de passer dans la vallée parallèle du glen Torridon . Le plus à l’Ouest est le bealach na Lice . C’est celui que nous avons l’intention de gravir aujourd’hui.Nous sommes encore très près de l’extrémité Est du loch Carron , que la voie ferrée longe jusqu’à Kyle of Lochash , comme le montre le rapprochement de ces deux photos,l’une prise en quittant notre lieu de camp vers l’Est, l’autre en 2012 lorsque nous venions par le train de Kyle of Lochash . On reconnaît distinctement sur ces deux photos une même montagne .
Nous suivons donc la vallée de la rivière Carron sur trosi kilomètres en longeant un bois puis nous prenons la première vallée qui se dirige vers le Nord , au niveau du hameau de
Coulags .Nous allons remonter cette vallée jusqu’au bealach na Lice .
C’est une montée en pente douce, sur un bon sentier .
Nous arrivons très peu de temps après à une belle cabane de chasseurs, où nous faisons une petite halte .
A l’intérieur , la température est glaciale . C’est vraiment une cabane bien entretenue, où nous pourrions dormir, parce que ce n’est pas la période de chasse . Mais nous ne sommes qu’en fin de matinée, et nous poursuivons notre marche .
Nous arrivons à un beau loch, le loch Coire Fionnaraich
La montée se fait un peu plus raide , et nous parvenons rapidement au bealach na Lice .
Regard en arrière sur la montée que nous avons effectuée .
A suivre .
Immédiatement après le col , nous découvrons plusieurs lochs .
Le plus important est le loch an Eion, pourvu de deux îles .
Le loch an Eion est dominé par un munro, le Maol Chean - Dearg .
Continuant notre chemin, nous découvrons deux lochs plus petits, le lochan Domhain et le loch an Uillt - Bheithe, tandis qu’apparaissent à l’horizon les falaises du Liathach .
Nous arrivons maintenant au niveau du lochan Domhain.
Nous en franchissons à gué le déversoir . Les eaux sont basses . C’est le seul point qui peut ,par conditions défavorables, poser un problème sur ce parcours .
Le sentier tourne ensuite à gauche et poursuit sa descente , à flancsur les pentes du Beinn na
h-Eaglaise .
Au premier plan ,le débouché de la vallée secondaire nommée Strath nam Poll Dubha . Au fond, dominant le glen Torridon, les falaises du Liathach .
Nous découvrons enfin l’extrémité du loch Torridon et nous terminons la descente à Annat .à l’extrémité de la rive Sud du loch .
On voit ici au loin à gauche le Beinn Alligin,et en face les maisons du village de Torridon et les falaises du Liathach .
Nous arrivons maintenant à Annat . Lorsque nous débouchons sur la route,en nous
retournant, nous découvrons ce panneau .
Il ne nous reste plus qu’à traverser l’extrémité du glen et à rejoindre le campsite de Torridon, où nous avons décidé de nous établir, la réservatio nde l’auberge de jeunesse ayant été annulée . C’est la fin d’une belle étape (à peu près 22 kilomètres entre les deux lieux de camp) , qui aurait été très agréable et facile sans le port du sac .
A suivre
Nous nous sommes installées le plus discrètement possible sur le terrain de camping de Torridon, entre les ajoncs et les rochers des dernières pentes du massif du Liathach. La tente n’est pas visible . Nous ne tenons pas, malgré nos laissez-passer à devoir jusstifier de notre présence . Certes, nous n’avons rencontré personne jusque là , mais mieux vaut faire preuve de prudence .
La nuit a été très difficile, le temps ayant été épouvantable. Nous n’avons guère pu dormir mais un programme particulièrement intéressant nous attend : nous devons nous rendre de Torridon à la Ling hut en empruntant la vallée de l’Abhainn Coire Mhic Nobuil puis Coire Dubh Mhor , avec un crochet par le loch Coire Mhic Fearchair . C’était notre projet en 2012.Nous y avions renoncé en raison de conditions météo épouvantables . Nous nous étions rendues par la route de Torridon à Kinlochewe, où nous avions fini l’étape, complètement trempés, au Whistle Stop café un jour mémorable .
Je n’aime pas renoncer de manière définitive . Donc l’objectif le plus important de cette année est de passer derrière le Liathach pour voir enfin les paysages étranges de l’intérieur des montagnes de Torridon . J’ai vu seulement jusqu’ici l’entrée du passage, de loin en descendant sur Annat :
Torridon est à droite de la photo . Il s’agit d’emprunter le passage entre Liathach à gauche et Beinn Alligin à droite et de ressortir sur le glen Torridon entre Liathach et massif du Beinn Eighe au niveau de la Ling Hut .
Le Liathach est au premier plan à gauche, le Beinn Eighe à l’arrière plan au centre . On devine bien qu’il y a un passage .
J’ai repris ces deux photos de la descente en grossissant ce qui m’intéresse, pour que l’on comprenne mieux le parcours.
Et voici maintenant l’arrivée sur le glen Torridon, photographiée par Cyrus en 2012 . Cette image alimente nourrit depuis des années mon rêve .
A suivre
Après un rapide mais consistant petit - déjeuner, nous levons le camp à l’aurore , après avoir plié notre tente mouillée . Nous commençons par longer l’ Upper loch Torridon sur un peu plus de deux kilomètres vers l’Ouest . Les lieux sont totalement déserts .Juste avant le pont sur l’Abhainn Coire Mhic Nobuil , nous trouvons un sentier sur la rive du torrent . A quelque distance , nous le franchissons. Nous laissons à gauche des cascades et un iinéraire qui conduit sur les pentes du Beinn Alligin . La vallée n’est pas large , et dominée par de hautes falaises, pour autant que nous puissions en juger dans le brouillard épais .Nous franchissons de nombreux petits cours d’eau , et le terrain est bien marécageux, comme il est coutumier en Ecosse .Fort heureusement,nous ne trouvons pas de passage infranchissable qui nous contraigne à rebrousser chemin . Quelques heures plus tard (la progression est lente sur de tels terrains, surtout lorsqu’on est assez lourdement chargé ) , nous arrivons à une nouvelle bifurcation : un sentier se dirige vers le Nord, à flanc sur la pente Ouest du Sail Mhor mais vraiment en bas de la pente . Il bifurque ensuite à l’Ouest . Une raide montée et nous arrivons enfin au bord du loch Coire Mhic Fearchair , au pied du Tripple Butteress.
Le temps malheureusement ne s’est pas du tout amélioré . Nous sommes dans un brouillard très dense et de plus , la pluie se met à tomber , obstinée .Impossible de voir par où il serait possible d’accéder aux vallées situées en contrebas, au passage nommé Maol Cheannan puis à la vallée de l’Allt Toll a Ghiubais par laquelle on peut rejoindre Kinlochewe (ce n’est pas à ce que j’ai lu , un itinéraire de tout repos , mieux vaut ne pas avoir un accident dans ces
parages ). Finalement, nous n’aurons vu distinctement que quelquesmètres carrés de l’eau du loch, rien qui justifie une photo . Nous rebroussons donc chemin, nous revenons à la bifurcation pour choisir de descendre le cours de l’Allt Coire Dubh Mor. Plus de trois cents mètres de descente, plus raide sur la fin et nous débouchons dans le glen Torridon . Nous traversons le route . Nous sommes très proches de la LIng Hut .
La Ling Hut est un petit refuge de montagne pourvu d’un gardien (c’est chose très rare en Ecosse ) Il est fermé, à cause de l’épidémie . Nous établissons notre camp tout près de la maison, à l’abri des regards et du vent .
Nous avons la chance de trouver un petit bout de terrain solide : c’est chose rare dans le glen Torridon comme on peut le voir sur cette photo de 2012 prise plus près de Torridon par Cyrus .
Nous avons la chance de béneficier à proximité d’une vue très intéressante sur les falaises du Liathach .
Comme on le voit sur ces deux photos prises non loin de la LIng Hut, bien que l’on soit à proximité de la route , l’environnement est sauvage .
A suivre
Le lendemain,c’est quasiment jour de repos . Nous avons fait pas mal d’efforts les jours précédents,et nous souhaitons nous ravitailler à Kinlochewe .Nous allons donc tout bonnement suivre la route et visiter au passage les lochs Clair et Coulin qui sont tout proches .
Lorsque nous levons le camp, nous avons droit à une bruine tenace . Il est difficile de randonner en Ecosse quand on ne peut jamais dormir dans un abri en dur, vraiment au chaud et au sec . L’humidité ambiante est telle que même à l’abri de sacs plastique , nos vêtements de rechange deviennent humides . D’autre part , à la longue, il est lassant de vivre de semoule , de cubes de bouillon au vermicelle , de purée en flocons, de poisson en boîte et de cakes . Pas de pub où se réchauffer non plus ,avec ce confinement . Du coup , nous renonçons à une boucle plus ambitieuse par Coire Grannda et Drochaid Coire Lair (d’ailleurs il y a trop de neige, et vraisemblablement gelée , nous ne sommes pas équipées pour ça) .
Cependant ,suivre la route n’est pas dépourvu d’intérêt ,à pied ,s’il n’y a pas de circulation automobile . Nous allons bénéficier de vues intéressantes sur plusieurs lochs, sur le Liathach toujours ,et sur le Beinn Eighe .
Je pense qu’il s’agit ici du loch Bharranch et du Liathach .Nous regardons ici en arrière , vers Torridon.
Nous arrivons maintenant au loch Clair .
Nous longeons le loch Clair et nous arrivons au loch Coulin, dont nous allons faire le tour .
Nous avons droit à une apparition fantômatique du Beinn Eighe enneigé .
Enfin, ce petit détour achevé, nous rejoignons la route .
A suivre
Il nous reste à peu près cinq kilomètres par la route pour rejoindre Kinlochewe . Nous pourrions effectuer une partie de ce trajet par un sentier sur l’autre rive mais j’ai lu qu’il était assez encombré par la végétation . L’ensemble gros sac plus végétation mouillé ne rend pas cette solution très attirante . Donc nous choisissons le plus facile . Nous sommes désormais au pied du massif du Beinn Eighe .
Enfin nous arrivons à Kinlochewe .
Kinlochewe est une étape importante pour les marcheurs . On y trouve une poste-épicerie qui vend vraiment de tout , des possibilités d’hébergement et aussi celle de se restaurer . Nous y avons passé plusieurs nuits en 2012 et 2013 où nous avions nos habitudes au Whistle Stop Café et au bunkhouse de l’hôtel . Malheureusement, cette année ,seule la poste-épicerie est ouverte. Nous en profitons malgré tout pour refaire nos provisions, et , bonne nouvelle, j’apprends que Bradamante pourra nous prendre au passage à son retour de l’île de l’Eléphant Elle m’ a laissé un message poste restante , la couverture réseau étant aussi aléatoire dans les Highlands du Nord Ouest que dans les Shetlands du Sud .C’est une bonne nouvelle pour nous trois . Elle pourra ramener directement chacune d’entre nous à son domicile , à dos d’hippogriffe et du coup, nous pouvons allonger un peu notre parcours .
Tout heureuses ,nous franchissons la rivière qui vient du glen Torridon puis une seconde rivière .
Kinlochewe est situé à peu près à trois kilomètres du loch Maree. C’est un carrefour
important .Trois vallées s’y rejoignent : le glen Torridon, le glen Docherty ,et la vallée de l’Abhainn Bruachaig . qui conduit au Nord Ouest si on la remonte . Cette dernière n’est pas accessible aux véhicules . Nous nous dirigeons donc vers cette dernière en traversant Incheril, puis nous trouvons un lieu de camp bucolique , près de la rivière et d’un bosquet , non loin d’un troupeau . le temps s’est amélioré ,et nous jouissons pour la première fois d’une agréable soirée près de la tente en contemplant au loin le Beinn Eighe enneigé .
A suivre
Nous nous étions rendus par deux fois ,en 2012 et 2013, notre Whymper, Théodorine, Cyrus et moi dans la région située à l’Est du loch Maree que l’on appelle souvent Great Wilderness, sans doute parce qu’elle est quasi inhabitée et qu’aucune route n’y pénètre .Je regrette beaucoup de ne pas avoir poussé plus avant son exploration et j’ai toujours rêvé d’y revenir . J’ai beaucoup aimé le lochan Fada et aussi le site de la digue de Carnmore . C’est donc pour moi un objectif prioritaire de faire découvrir ces lieux à mes deux amies .
Aujourd’hui,après avoir plié la tente, nous partons pour la direction du lochan Fada , un loch quasi parallèle au loch Maree, mais plus petit ,situé à l’Est du Slioch .Pour cela , il nous faut d’abord remonter le cours de l’Abhainn Bruachaig jusqu’au lieu nommé Heights of Kinlochewe où subsistent quelques maisons dont certaines sont en ruine. Un regard en arrière nous donne une belle vue sur le massif du Beinn Eighe, juste dans l’axe de la vallée .
L’Abhainn Bruachaig est un beau torrent , avec des cascades .
Un peu plus loin, nous voyons sur notre droite une succession de belles cascades. Il y a vraiment une omniprésence de l’eau dans les Highlands .
Enfin nous arrivons en vue des “Heights of Kinlochewe” .
La vallée se sépare alors en deux branches . Celle de droite part vers l’Est et se dirige vers les Fannichs .
Nous choisissons la branche de gauche qui part à angle droit en direction du Nord . Cette vallée porte le nom de Gleann na Muice . Le torrent qui y coule est le déversoir du lochan Fada.
A suivre
Nous commençons par une montée plus raide toujours sur une piste carrossable.Bientôt elle fait place à un sentier . Le paysage devient de plus en plus sauvage. Nous voyons à gauche poindre le sommet enneigé du Slioch.
Et dans l’axe de la vallée surgissent les sommets de la Fisherfield Forest , Ben Tarsuinn, Mullach Coire Mhic Fearchair et Sgurr Dubh .
Enfin presqu’au terme de la montée la vue s’élargit et nous découvre toute la chaîne de la Fisherfield Forest jusqu’à l’A Maighdean , les sommets qui dominent l’extrémité Ouest du lochan Fada et le Slioch
Le sentier tourne alors plus franchement vers le Nord Ouest et longe successivement deux petits lochs allongés, le loch Gleann na Muiceet le loch an Sgeireach .
Nous découvrons alors aubord du sentier les vestiges d’une cabane.
Ce serait un emplacement idéal pour un bivouac .
A suivre
Cette cabane,en l’état est difficilement utilisable. Elle peut néanmoins nous aider à nous constituer un abri . Les murs peuvent nous abriter du vent . Nous laissons donc la tente sur place et nous continuons notre chemin jusqu’au lochan Fada ,désormais tout proche .
En allant jusqu’au bout du loch on peut atteindre le bealach a’ Chuirn, puis rejoindre le senteir qui descend du bealach Mheinnidh sur Carnmore. C’est un long passage hors sentier , que nous n’avons pas testé . Nous y avions un peu songé en 2013 lorsque nous avions renoncé à passer le bealach na Croise en raison de la météo et de craintes sur le possibilité de traverser les gués de Shenavall .
Le Slioch vu du lochan Fada . Il existe à gauche du Slioch un passage non visible sur la photo qui permet de rejoindre directement le loch Maree dans la gorge du gleann Bianasdail . J’envisageais de l’emprunter enfin cette année . Nous y avons melheureusement renoncé .
Nous avions passé en 2013 une nuit mouvementée sur les berges du lochan Fada, après avoir planté nos trois tentes sur les galets roses . Le vent avait soufflé très fort, le loch avait des vagues . Je ne résiste pas à insérer ici ces deux photos prises par Cyrus du loch au matin, de notre camp et de notre Whymper se battant avec son matériel . Pour corser le tout ,notre réchaud était tombé en panne …
Ce bivouac au lochan Fada est un de mes grands souvenirs.A suivre
Nous avions initialement l’intention d’explorer les alentours, de monter au bealach na Croise, fréquemment emprunté par le Cap Wrath Trail et d’aller voir le débouché du gleann Bianasdail. Mais le temps se gâte et nous renonçons à ce projet . Nous montons la tente à l’intérieur de la ruine . Le sol est passablement inégal , mais avec les matelas mousse, c’est supportable. Nous nous réfugions rapidement dans la tente bien qu’il ne soit pas tard, attendant vainement que la pluie cesse . Finalement , nous ne ferons plus que le minimum de sorties nécessaires jusqu’au lendemain.
Au matin ,par chance , le temps s’est amélioré . Un regard en arrière nous permet de voir à quel point les couleurs du paysage peuvent changer dans les Highlands selon les heures .
Nous rejoignons Incheril par l’itinéraire que nous avions emprunté la veille . Nous profitons maintenant d’un beau soleil qui ne va plus nous abandonner, juste compensation des journées précédentes . Arrivées à Incheril , nous empruntons l’ancien sentier postal qui conduit à Poolewe par la rive Est du loch Maree, Letterewe ,le bealach Mheinnidh et le loch Kernsary .Dans un premier temps , nous descendons le cours de la Kinlochewe River, avant son entrée dans le loch Maree.
Nous faisons bientôt une rencontre fugitive
Devant nous commence à poindre le Slioch .
Nous arrivons maintenant au point où la Kinlochewe River entre dans le loch Maree .
Très peu de temps après, nous arrivons à l’ndroit où l’Abhainn Fhasaigh se jette dans le loch Maree, à l’extrémité du Gleann Bianasdail . le torrent coule à travers une gorge qui se termine lorsqu’on arrive au lochan Fada.
On voit sur la photo suivante ce passage,vu d’en face, sur le Beinn Eighe Mountain Trail
Nous franchissons le torrent, sur un pont . Il était en bon état en 2012 . Il est maintenant dangereux . Des planches manquent . D’autres sont pourries .
Nous franchissons le pont avec beaucoup de précautions et nous continuons notre route .Nous arrivons maintenant à un cirque situé sous le Slioch où le sentier se perd .Nous devons faire un détour pour franchir à gué . Par bonheur, le débit n’étant pas encore trop important, nous réussissons à le franchir, assez près de la cascade .
Le passage qui suit nous contraint à nous écarter du sentier que nous avons retrouvé, le sentier lui-même n’étant qu’une pataugeoire .
Nous poursuivons notre progression et je retrouve le terrain où nous avions établi notre camp en 2012. Un terrain avec une vue intéressante , abrité, mais humide , et infesté de tiques , comme tout le secteur .
Notre étape n’a pas été très longue, mais il ne faut pas oublier que nos sacs sont lourds.
A suivre
Je tiens à apporter la preuve que tout ce que je raconte ici est la stricte vérité . Cette photo prise par la Madone des sleepings , atteste la vérité de mes dires : on voit ici ma merveilleuse tente à trois places ,et ma propre personne dans son activité favorite en randonnée .
Notre bivouac se situe tout près d’un lieu nommé Furnace sur la carte Ordnance Survey , à peu près cinquante mètres au dessus du loch Maree dont l’altitude est très voisine du niveau de la mer . Il y avait de la glace sur la tente le matin et chacune de nous a récolté pas mal de tiques très petites que nous avons dû ôter en les dévissant à la pince à épiler .
Au matin ,la journée s’annonce superbe, et nous bénéficions d’une lumière exceptionnelle sur les montagnes situées juste en face , au niveau de l’endroit nommé Bridge of Grudie sur la route Kinlochewe Poolewe.Que voient de ces lieux les touristes motorisés qui foncent sur la “North Coast 500” ?
Le sommet de gauche est le Ruadh Stac Mor , dissimulant en grande partie le Tripple
Buttress , celui de droite est le Sail Mhor . Ces trois munros délimitent uncirque dont le fond est occupé par le loch Coire Mhic Fearchair dont j’ai parlé précédemment . Ces curieux moutonnements au pied du Ruad Stac Mor caractérisent un lieu nommé sur la carte Maol Cheannan. Je suis fascinée par cette photo, parce qu’elle montre un passage sur un itinéraire qui me fait rêver depuis sept ans et que je n’emprunterai vraisemblablement jamais dans son intégralité . Il s’agit de l’étape Ling Hut Kinlochewe préconisé par l’édition 2013 du Nouveau guide du Cap Wrath Trail de Iain Harper publié en 2013 aux éditions Cicerone . Ce trajet est très rarement emprunté, à ce que je lis , et je crois bien comprendre pourquoi ,à cause de sa difficulté.
On commence dans le glen Torridon par passer entre Liathach et Beinn Eighe . J’ai déjà présenté cette photo , mais je la montre à nouveau, elle me fait trop rêver .
On passe ensuite au loch Coire Mhic Fearchair .
De là on rejoint en tout terrain Maol Cheannan puis la vallée de l’Allt Toll a’ Ghiubais . J’ai vu des photos de pierriers antipathiques ,tout particulièrement avec de la neige gelée . On doit franchir à gué l’Allt Toll a’ Ghiubais , chose impossible si elle est en crue , puis rejoindre un petit col situé non loin du sommet du Beinn Eighe Mountain Trail . A partir de là , je connais.L’endroit n’est pas particulièrement engageant . Par deux fois (nous voulions explorer le secteur ) ,nous avons dû nous replier rapidement, en 2012 et en 2013 ), le vent étant insupportable, avec du grésil en prime.
On devine ici la vallée de l’Allt Toll a’ Ghiubhais .
A la sortie de la vallée de l’Allt Toll a’ Ghiubais.
L’endoit est peu engageant mais les six kilomètres de tout terrain problématiques se terminent .
Après, si on ne se perd pas dans le brouillard, on rejoint un sentier facile qui conduit à Kinlochewe.
On peut aussi pour corser les choses ,descendre par le Beinn Eighe Mountain trail . Le plus corsé ,c’est de le faire par l’itinéraire de montée , comme nous l’avons fait en 2012.
L’itinéraire de descente du Beinn Eighe Mountain trail normal est plus facile mais mieux vaut de toute manière trouver le sentier .
En tout cas, un accident bénin ou des conditions météo vraiment difficiles (et c’est souvent le cas ) doivent avoir sur ce parcours des conséquences dramatiques .A suivre
Nous levons le camp et nous reprenons notre progression en longeant le loch Maree , toujours à flanc de montagne et nous commençons à voir les îles de la partie Nord du loch.
La vue sur le lac se dégage complètement n’étant plus gênée par les arbres.
Regardant en arrière , nous découvrons le sommet enneigé du Slioch .
Nous arrivons ensuite à une petite gorge .Nous franchissons ce torrent .
Enfin le terrain s’aplanit et nous arrivons à Letterewe .
A suivre
Le bealach Mheinnidh est le col qui fait communiquer le loch Maree avec celui du Fionn loch et du Dubh loch .C’est une montée d’environ 500 mètres,sans difficulté, par un bon sentier . La vue se dégage sur les îles .
Nous découvrons ensuite toutes les montagnes de Torridon.
Enfin nous arrivons au col où nous découvrons le Fionn loch .
A suivre
De l’autre côté du col, nous découvrons des paysages tout différents mais non moins beaux, ceux de la Fisherfield Forest, et d’abord une grande plaine lacustre, occupée par le grand Fionn loch et une multitude de petits lochans . C’est une région très marécageuse . A l’extrémité Nord Ouest du Fionn loch est situé un marais portant le nom de Bad Bog . Avis aux amateurs …La vue qui s’élargit progressivement dans la descente s’étend jusqu’à la mer .
La pente , d’abord raide , bien que le sentier soit bien tracé ,s’adoucit . Nous laissons sur le côté,à droite , le sentier qui conduit à peu près horizontalement au bealach a Chuirn. Je regrette vraiment que nous n’ayons pas pris une journée pour suivre sa direction. Il s’arrête au col ,d’après la carte , juste au dessus du début de la vallée de l’Allt Gleann Tulacha qui se jette dans le lochan Fada. Si nous avions suivi ensuite les rives du lochan Fada jusqu’à l’endroit où nous avons campé, nous aurions effectué un tour complet du Slioch . Cela suppose tout de même une dizaine de kilomètres en tout terrain . Nous avions envisagé brièvement en 2013 de faire ce parcours en sens inverse pour trouver refuge à Carnmore bothy après avoir renoncé à passer le bealach na Croise avant de choisir un repli sur Kinlochewe .La perspective de marcher contre le vent dans une pateaugeoire pendant quelques heures nous avait rebutés .
A droite s’ouvre devant nous la vue sur la digue de Carnmore qui sépare Fionn loch et Dubh loch et sur le cirque de montagnes qui entoure le Dubh loch . L’endroit où j’ai pris cette photo porte sur la carte le nom de Polt Fraochain.
A suivre
Carnmore bothy se devine à l’extrême gauche sur la photo précédente , mais deux kilomètres nous en séparent encore .
Il nous faut d’abord franchir la digue .
Cette photo, prise par Cyrus en 2012, laisse deviner Carnmore bothy juste à gauche du rognon rocheux éclairé par le soleil .
Regard en arrière à la sortie de la digue .
Nous sommes maintenant tout proches de Carnmore .La vue sur le Dubh loch est magnifique dans la lumière de l’après-midi .
Je pense que le sommet que l’on aperçoit est celui de l’A’ Mhaighdean . Du moins ,il en est tout proche .
Arrivés à ce point d’où nous voyons le Dubh loch dans son ensemble , nous découvrons en nous retournant le pavillon de chasse de Carnmore, puis plus loin Carnmore bothy.
A suivre
Carnmore bothy appartient au domaine de Letterewe . Elle n’est pas par la Mountain bothies association .Le propriétaire de Letterewe estate met gracieusement à la dispositon des randonneurs l’ancienne étable de Carnmore . Une pancarte indique qu’ils sont les bienvenus .
Si Letterewe ,au bord du loch Maree et au pied du bealach Mheinnidh, est un hébergement de luxe où peuvent être organisés notamment mariages et séminaires , .si le relais de chasse de Carnmore a été récemment très bien restauré , la bothy est un hébergement resté très rustique, mais inestimable par mauvais temps et assez fréquenté ,comme nous l’avions constaté en 2012 . Il n’existe aucun abri dansle secteur , à part la cabane sans toit du lochan Fada, il faut aller jusqu’aux Heights of Kinlochewe, à Kernsary ou revenir à Letterewe pour trouver des constructions qui ne sont pas en ruine . La seule bothy gérée par la Mountain bothies association de la région nommée Great Wilderness est située à Shenavall, mais il faut pour la rejoindre passer au coeur de la montagne puis traverser des gués qui peuvent être impossibles à franchir .Ce n’est pas couvert par le réseau Ajoutons que le secteur est infesté de tiques dès le mois d’Avril et que toute la région est particulièrement appréciée des midges Mais c’est magnifique .
Le toit de la cabane est solidement arrimé .Ceux qui ont affronté le vent en Ecosse comprennent aisément pourquoi .
Comme il fait beau, nous choisissons de planter la tente .
Nous avons vue sur le Fionn loch est un petit “burn” coule juste à proximité . De quoi se laver si on prend le risque de récolter bon nombre de tiques supplémentaires (je n’exagère rien ).
Pour trouver de l’eau à boire , mieux vaut séloigner un peu et se ravitailler dans un endroit où elle descend d’une colline et la traiter . Cyrus a vraisemblablement pris la photo suivante en 2012 en revenant de la corvée d’eau .
Après cette présentation du site et de l’extérieur , il me reste à présenter l’intérieur .
A suivre
Ceux qui ignorent ce que peut être une cabane de montagne seront surpris en poussant la porte . Certains refuseront de lui attribuer les cinq étoiles qu’elle mérite , et que fort sérieusement, je lui attribue bien vonlontiers . Voici donc l’intérieur de Carnmore bothy tel que je l’ai protographié en 2012 (j’ai eu malheureusement , juste à ce moment-là un petit problème avec mon appareil) Je ne peux donc lui rendre pleinement justice en la présentant avec l’exactitude souhaitée dans son état actuel .
Il y a même des lits avec sommier ,qui étaient à peu près neufs en 2012.
Carnmore bothy peut abriter en cas de nécessité absolue une bonne dizaine de randonneurs ancien modèle et ces lits, je ne parle ici que de ces matelas et ce sommier ,peuvent largement suffire en cas de besoin pour huit survinants d’une époque disparue : il suffit de mettre deux matelas côte à côte , en veillant à les préserver de l’humidité : on peut ranger facilement quatre personnes sur les deux matelas:,c’est plus confortable si elles dorment perpendiculairement à la position habituelle et le sommier peut en héberger deux , dormant sur le côté. Notre cher Robin Hood , je suis sûre , aurait même trouvé qu’on pouvait en loger un peu plus . Ceux qui ont connu les vieux refuges des Alpes avant leur rénovation savent à quel point il était possible d’entasser les montagnards en cas de tempête , non seulement dans les dortoirs en les rangeant sur la tranche comme des sardines sur les bats flancs mais sur la table et même les bancs de la salle à manger . Et sur le sol les sacs à dos peuvent constituer un sommier de fortune .J’ai le souvenir lors d’une randonnée en raquettes dans le Vercors d’une cabane où une membre du groupe avait dormi sur un tas de vieux pneus .
Carnmore bothy m’inspire une tendresse égale à celle que j’ai éprouvée pour la cabane de Nave ,au Nord d’Autrans, dans le Vercors , avant sa rénovation . Robin Hood avait pour elle une affection particulière . Carnmore bothy a un toit étanche , la cabane de Nave avait des gouttières . Lorsqu’on arrivait , en randonnée hivernale, on ne s’en rendait pas compte : la neige gelée bouchait les trous dans la toiture (on s’en apercevait lorqu’on avait chauffé …) .Elle avait aussi une cheminée . A la différence des autres bothies, Carnmore bothy n’en a pas . La cabane de Nave avait même un poêle (une vieille cuisinière plutôt défoncée dont le four servait de foyer , fermé par le couvercle d’une vieille poubelle ) .Mais le tuyau d’évacuation de la fumée était percé . Donc pour éliminer le risque d’asphyxie ,minime au vu de l’étanchéité toute relative des murs, de la toiture et des fenêtres, l’un de nous devait transporter dans son sac un tuyau de poêle téléscopique pour remplacer pour la nuit ce conduit défectueux . Cela faisait partie du matériel commun , réparti de façon égale et non genrée ,après rigoureuse pesée, entre les différents membres du groupe . Nous aimions cette cabane , que nous avions surnommé cabane du G7, pensant qu’elle serait digne de recevoir les plus grands chefs d’Etat. Hélas, depuis qu’elle est restaurée (fort bien selon les normes actuelles ) , elle a perdu à mes yeux son charme . Notre Whymper quant à lui se désole d’apprendre ce que sont devenus le refuge de l’Aigle et celui du Goûter .
Carnmore bothy à ce jour résiste , les autres bothies écossaises, dans l’ensemble ,même restaurées gardent quelque chose de leur rusticité première . Puisse cette situation longtemps durer !
A suivre
La soirée à Carnmore a été calme ,ainsi que la nuit . Nous avons seulement été étonnées, au matin, de voir le nombre de tiques que nous avions récoltées ,mais pour moi, ce n’est pas une surprise. La chance est avec nous , c’est encore une belle journée qui s’annonce . Mon seul regret , mais il est fort grand, est que, cette fois encore , nous n’avons pas pris faute de temps , le sentier qui s’élève au dessus du loch . Ce sentier franchit ensuite un petit col tout près du sommet de l’A’Maighdean qui dispute au Laddhar Behinn (sommet de la péninsule de Knoydart dominant le loch Hourn ) le titre envié de munro le plus isolé d’Ecosse , avant de redescendre sur les gués de Shenavall , au pied de l’An Teallach . On le distingue nettement sur la photo qui suit .
C’est au début, semble-t-il , un bon sentier, emprunté par les chasseurs . Après, c’est assez vraisemblablement une autre affaire .
Le programme du jour est de rejoindre Poolewe,au bord de la mer, où nous devons retrouver Bradamante , et l’hipogriffe . C’est un itinéraire facile (je l’ai testé en 2012) mais plaisant . Malgré tout ,il ne faut pas trop traîner pour ne pas faire attendre .
Nous commençons par nous diriger vers la digue . C’est un paysage à la fois identique et différent , à la lumière du matin .
Dubh loch vu de la digue
Sur les deux photos suivantes, prises elles aussi à partir de la digue, il s’agit du Fionn loch .
Nous partons ensuite vers le Nord Ouest , en nous éloignant très progressivement des rives du Fionn Loch en longeant le pied de la montagne .
A notre droite, le Fionn loch et une multitude de petits lochans .
Derrière nous s’éloignent les montagnes de la Fisherfield Forest.
Nous dépassons ensuite le loch an Doire Crionaich au pied du Beinn Airigh Charr
A suivre
Nous reprenons notre marche vers Poolewe, passant devant d’autres petits lochs .
Poursuivant notre route , nous arrivons en vue d’une forêt, et du loch Kernsary, encore dans le lointain .
Le chemin s’élargit quand nous entrons dans la forêt . Il est à peu près carrossable, bien qu’interrompu par une piscine qui nous contraint à un peu de gymnastique .
Nous devons un peu avant l’entrée de la forêt franchir cet obstacle .
Enfin nous arrivons au loch Kernsary .
Nous perdons un peu le sentier dans ces parages, avant de le retrouver un peu plus loin .
Regard en arrière sur les montagnes de la Fiescherfield Forest et les montagnes de Torridon .
Enfin Poolewe est en vue .
Le sentier se termine au bord de la mer ,tout près des jardins d’Inverewe .
Le site des jardin d’Inverewe est visible à droite sur cette photo .
A suivre
Poolewe est un village d’un peu plus de deux cents habitants construit sur les bords du loch Ewe, à l’embouchure de la rivière Ewe, déversoir du loch Maree.
C’est à Poolewe qu’un navire français attendit vainement Bonnie Prince Charlie fuyant devant les “redcoats” après Culloden . Le prince Stuart ne vint jamais au rendez-vous, n’ayant pas trouvé de guide pour l’y conduire à partir du glen Shiel . C’est avec une grande satisfaction que nous pouvons nous féliciter de l’emporter sur lui : nous avons nous aussi voyagé clandestinement, mais nous avons su élaborer notre itinéraire par nous-mêmes ,de plus, non seulement nous sommes à l’heure , mais nous arrivons en avance à notre rendez-vous avec ma cousine Bradamante et son hipogriffe .Nous en profitons pour nous ravitailler à l’épicerie en vue de la fin du voyage, à défaut de pouvoir visiter les jardins d’Inverewe, fermés en raison de l’épidémie .La Madone des sleepings est bien entendu chargée de cette mission,en raison de sa connaissance de la langue anglaise , puis nous décidons de rejoindre le lieu où nous devons retrouver Bradamante , à l’entrée du village, en remontant le cours de la rivière Ewe .C’est en effet plus discret que le centre du village ou le rivage du loch .
A suivre
Le lieu du rendez-vous se situe exactement un peu avant l’entrée du village pour plus de discrétion,près de l’endroit où le Tollie path débouche sur la route de Poolewe à Gairloch .
L’espace est suffisamment dégagé pour que l’hipogriffe puisse atterrir à l’aise . Nous pouvons voir au loin le loch Maree et les montagnes de la Fiescherfield Forest qui nous ont intéressées ces derniers jours et nous pouvons en outre nous réfugier dans la petite gorge empruntée par le Tollie path si notre présence paraît suspecte .
En fait, bien que nous soyons en avance, nous n’aurons pas longtemps à attendre . A peine sommes nous arrivées et avons nous eu le temps de boire une gorgée d’eau que nous entendons un grand sifflement dans les airs suivi d’un vacarme semblable à celui de la foudre (c’est vraiment plus impressionnant que le bruit d’un avion à réaction franchissant à faible altitude le mur du son ) ,aussitôt dans une gerbe d’étincelles apparaissent devant nos yeux médusés la noble guerrière à l’armure blanche et sa monture ,la lance levée,et l’hipogriffe aux yeux crachant des flammes agrippe le sol avec les griffes de ses pattes antérieures avant de poser son arrière - train avec une délicatesse surprenante . Nous admirons la maîtrise avec laquelle Bradamante dirige un animal aussi terrible .
Bradamante a choisi pour la commodité de notre voyage d’équiper l’hipogriffe d’une sorte de palanquin (il est conçu pour lui permettre de manoeuvrer librement sa lance ), celui qu’elle utilise pour les sorties familiales avec les enfants . Je vois avec affliction qu’i lest occupé par un manchot à jugulaire à l’expression penaude .Le malheureux Ruggero n’a pas recouvré sa forme humaine ! L’heure n’est pas aux explications cependant . Par curiosité , et pour faire plaisir à ce pauvre Ruggero ,Bradamante a fait un crochet par les Shetlands du Nord à son retour des Shetlands du Sud , et elle craint maintenant d’avoir été repérée par l’aviation britannique qui manoeuvrait au Cap Wrath .L’hipogriffe n’étant pas repérable par les radars, nous espérons cependant échapper aux ennuis ,et nous décidons de nous rendre à la Tea House bothy pour y prendre une collation en compagnie de ma noble cousine , en espérant que la situation y sera plus sûre .A suivre
Bradamante redoute une surveillance de l’espace aérien à la suite de son passage au dessus du Cap Wrath . Mais on ne saurait soupçonner un animal de bât progressant avec sa charge sur un petit sentier . L’hipogriffe est à demi un cheval et ses griffes ou serres (comment en décider ?) lui permettent d’être à l’aise sur un terrain accidenté . Nous allons donc après une courte délibération ddécider d’ emprunter le Tollie path , ce qui nous permettra de rejoindre la rive sud -ouest du loch Maree .
Nous découvrons ainsi sous un nouvel angle le Slioch et les montagnes de Torridon .
Confortablement installées avec nos sacs dans le palanquin , nous jetons un regard en arrière vers l’extrémité nord-ouest du loch Maree.
Bientôt nous rejoignons la route .
Il nous semble que nous n’avons pas été repérées . Donc pour que notre voyage soit plus rapide, Bradamante décide de faire voler l’hipogriffe .
A suivre
Nous volons à faible altitude, dans les parages du Beinn Eighe Mountain trail
L’extrémité sud du loch Maree est en vue
Nous sommes maintenant aux environs de Kinlochewe .
L’hipogriffe prend ensuite de la hauteur (nous nous apercevrons un peu plus tard que c’était là de l’imprudence ) , son vol est d’une vitesse prodigieuse et quelques instants plus tard il se pose près de Tea House bothy et des chutes d’Easan Dorcha .
A suivre
Tea House bothy est une petite cabane de montagne située à proximité immédiate des chutes d’Easan Dorcha,sur un itinéraire concurrent du Coulin pass pour se rendre de la gare d’Achnashellach à Kinlochewe, donc c’est un autre passage possible, comme le bealach na Lice pour aller du glen Carron au glen Torridon . Les deux chemins divergent dès la sortie de la gare, une simple station de la ligne Kyle of Lochash Inverness pour laquelle il faut demander l’arrêt au contrôleur , et se rejoignent à un peu plus de deux kilomètres du loch Coulin. Celui qui passe par Tea House bothy est plus montagneux , son point culminant est un large passage du nom de Drochaid Coire Lair . J’en parlerai un peu plus loin.
La gare d’Achnashellach et son abri . Nous n’y passerons pas cette année . Je joins cette photo pour que le lecteur sache quel secours il peut en attendre .
Tea House bothy et les chutes . Le sentier franchit le torrent sur une passerelle .
Comme peut le voir sur cette photo ,c’est un petit abri très spartiate ,et glacial par temps froid, mais inestimable . Parfait pour prendre le thé, comme son nom l’indique, si on ne s’attarde pas trop et si l’on sort sa veste en duvet . Nous sortons sachets de thé, réserves d’eau, réchaud et cakes achetés à l’épicerie de Poolewe , Bradamante a apporté d’Italie un authentique panforte artisananal bien épais qu’on lui a récemment envoyé de Sienne et d’énormes carrés de chocolat noir (elles connaît mes goûts ) . Elle attache l’hipogriffe assoiffé près de l’eau , à plusieurs arbres ,pour plus de précaution et nous nous installons pour écouter le récit de ses dernières aventures .
Bradamante est une cousine assez proche . Elle réside en principe à Ferrare, mais, comme moi, elle est presque toujours en déplacement entre ses résidences multiples comme il sied à une princesse ,et les lieux où l’appellent ses innombrables aventures . Nous ne nous voyons pas très souvent, mais nous correspondons régulièrement , et dans l’intervalle , j’ai de ses nouvelles chez le dentiste ou la coiffeuse en lisant dans l’Orlando Furioso , titre de la presse people encore plus connu que *La Jérusalem délivrée ,*les articles de l’Arioste , un ami commun .
Comme chacun sait ,elle a épousé Ruggero, un brave garçon ,très gentil au fond, mais vraiment très naïf, pour ne pas dire un peu niais, comme ce grand idiot de Siegfried . Il est très courageux (pour ne pas dire vraiment bagarreur ) et se jette sans réflexion dans des aventures insensées.Il ne veut monter que des chevaux fougueux, de dangereux bolides comme l’hipogriffe qu’il est incapable de conduire , et se retrouve en Inde lorsqu’il veut se rendre en Italie ou en Espagne . Sait -il seulement lire une carte ou consulter un GPS pour se retrouver ?J’en doute car un chevalier ne connaît guère que le maniement des armes .Par bonheur Ruggero n’a pas encore eu à ce jour d’accident grave , il s’est seulement égaré à l’autre bout du monde dans des contrées dangereuses comme la première île d’Alcina d’où il ne serait jamais revenu sans l’intervention de Bradamante .( L’Arioste a prétendu que la magicienne Melissa avait accompli cette mission pour Bradamante . Georg Friedrich Haendel, lui , mieux documénté, sait bien que c’est Bradamante qui est allé le chercher . Avec ça , il se précipite au secours de toutes les belles prétendument en détresse et en oublie son devoir de fidélité .Mais Ruggero satisfait en tous points à la définition du vrai héros, à la fois intrépide et de peu de cervelle . Elle l’aime et il l’aime . Au moins ,elle ne s’ennuie pas !
Ce pauvre Ruggero a cependant quelques excuses : une très mauvaise éducation donnée au départ par un magicien possessif et obscurantiste ,et une vue vraiment très mauvaise . N’a-t-il pas vu dans cette vieille guenipe d’Alcina une beauté céleste et confondu le désert stérile sur lequel elle régnait avec le jardin d’Eden ?Il a bien dû revenir de son erreur lorsque Bradamante lui a apporté ses lunettes qu’il avait oubliées , mais il s’en est désolé , "verdi prati , selve amene , perderete la belta " . Telles sont ses paroles , que le célèbre Haendel nous a rapportées .
En tout cas , la conversation s’engage très aimablement entre nous cinq, pour autant que peut y participer un malheureux et quasi muet manchot à jugulaire ,qui pour tout arranger a attrapé une angine dans les Shetlands du Sud.A suivre .
Nous nous sommes donc installées aussi confortablement que nous le pouvions dans notre cabane, à vrai dire fort mal isolée des courants d’air, mais il y a une table à l’intérieur comme on peut le voir sur la photo . Il fait froid et Bradamante est pressée , elle n’aura pas le temps comme elle l’espérait d’aller saluer son frère Renaud (Rinaldo en italien) , un ami de Ginevra, la fille du roi d’Ecosse et de son époux Ariodante * Renaud est un autre écervelé : n’est-il pas un temps tombé dans les rêts d’une rivale d’Alcina, la redoutable Armide, comme l’a rapporté Le Tasse dans le journal rival d’Orlando Furioso, La Jérusalem délivrée ?. Ne parlons pas de Roland, devenu un temps furieux parce qu’Angélique lui a préféré le Sarrasin Medoro ! Astolfo, assisté par saint Jean l’Evangéliste, a dû partir dans la lune sur le char ailé d’Elie pour y récupérer la raison de Roland perdue* et la rapporter à son propriétaire. C’est là que se trouvent tous les objets perdus de l’univers, y compris ceux qui sont entreposés à Paris au 36 Rue des Morillons (il y a dans cet entrepôt de la lune, entre autres le temps que nous avons perdu ,les souvenirs oubliés, les bonnes actions omises, et aussi des milliards de parapluies ).
Ce pauvre Ruggero n’a vraiment pas l’air dans son assiette : il a du mal à trouver dans son bol les graines que nous lui offrons et les amandes que Bradamante extrait de son morceau de panforte pour les donner tendrement à son oiseau Ruggero chéri .Je crains fort qu’elle ne doive faire à son tour un voyage, avec lui, dans la lune . Qui sait tout ce qu’il aura oublié, outre semble-t-il le peu de bon sens qu’il possédait ? Mieux vaudra faire l’inventaire avec lui sur place plutôt que se trouver dans l’obligation de faire plusieurs voyages .
Après l’ échange de nouvelles familiales de rigueur en pareilles circonstances ,Bradamante nous annonce que l’on a découvert la véritable origine du coronavirus . Le coronavirus vient bien de Chine, et Angélique , cette écervelée reine de Cathay , celle qui a tourné la tête de tous les paladins de Charlemagne et de l’armée sarrasine a une lourde responsabilité dans cette affaire comme je vais le rapporter sans plus tarder !
A suivre * Bradamante, Renaud , Ariodante et Roland (Orlando sont membres de la jet set des paladins réunis par Charlemagne pour combattre l’armée sarrasine dont font partie Ruggero (Roger) et Medoro , l’actuel époux d’Angélique, reine de Chine . Pour Ginevra et Ariodante , voir les numéros 5 et 6 du journal de l’Arioste, pour ce qui concerne Ruggero et Angélique, voir le numéro 8 . Les people appellent les numéros des chants .
- Cette aventure est rapportée dans un autre numéro du Roland furieux.
Tous les lecteurs d’Orlando furioso ou de son édition française Roland furieux connaissent Anglélique, reine de Chine momentanément privée de ses Etats qui fuit devant tous les paladins de Charlemagne et de l’armée sarrasine : Renaud le frère de Bradamante, Ferragus, Sacripant, Ruggero, pourtant qui en oublie un temps pour elle la belle et sage Bradamante dont il est épris , et bien sûr Roland le preux qui perd la raison lorsqu’elle lui préfère Médor . C’est une sainte nitouche , une allumeuse. Elle n’aurait pas attiré tant d’ennuis si comme Bradamante elle avait revêtu l’armure et le casque , et brandi la lance de Bradamante . A tous ses soupirants ,elle aurait inspiré le respect .
Tous ceux (et ils sont des millions) qui ont lu le numéro 8 du célèbre journal de l’ Arioste savent que fuyant Renaud, elle s’est trouvée exposée aux assiduités d’un ermite, .puis a été transportée endormie par les Ebudéens dans leur île pour être offerte en pâture à un monstre.
Ce monstre envoyé par Protée offensé par le roi de l’île est une orque marine qui exige des habitants des jeunes filles de la plus grande beauté pour satisfaire son palais délicat .
Tous les lecteurs de l’Arioste ont vu la photo d’Angélique enchaînée à un rocher , levant vers le ciel un regard languissant et désespéré,sans oublier de poser , telle Aphrodite sortant de l’onde amère, avec la grâce d’un top model .
Le monstre répand sur Angélique son haleine pestilentielle en soufflant sur elle un puissant aérosol de grosses et fines gouttelettes , un vrai geyser de de virus et de bactéries . Elle n’a ni blouse, ni charlotte ,ni masque ,elle est dans le plus simple appareil ! C’est alors que tel Persée chevauchant Pégase vint au secours d’Andromède ,Ruggero monté sur l’hipogriffe fonce sur l’orque au péril de sa vie , et délivre Angélique . Il ne réussit pas à la tuer . C’est Roland qui , arrivé peu après la fuite de Ruggero et Angélique tue l’orque , en entrant en barque dans la gueule du monstre . Tous les lecteurs de l’Arioste connaissent ces faits . J’en arrive maintenant à ce que Bradamante a appris tout récemment de Charlemagne .
Charlemagne a rendu récemment visite à Angélique . Elle a recouvré ses Etats et s’est assagie depuis qu’elle a épousé son Médor. Du moins nous l’espérons pour elle .Elle a été assez sérieusement malade une dizaine de jours après avoir échappé à l’orque , une sorte de fluxion de poitrine , avec d’étranges éruptions cutanées , Médor a lui aussi été malade , et pas mal de personnages de la cour, mais il n’y avait guère au début parmi eux que de beaux jeunes gens robustes . On n’y a pas trop prêté attention . C’est relativement récent .
Peu de temps après, Roland, ayant la certitude du danger auquel avait été exposée l’élu de son coeur , a envoyé en Chine ses vassaux avec la barque et la dépouille de l’orque pour qu’elle soit définitivement rassurée .Ils ne sont pas allés en Chine du Nord jusqu’à Angélique . Apprenant la folie de leur maître , ils ont vendu et la barque et l’orque (les preux sont souvent désargentés) aux pêcheurs du marché de Wuhan . Et bien sûr , tous les vieux désargentés auxquels les princes ne versent qu’une modeste pension , ont acheté et consommé cette nourriture abjecte . Poissons venimeux , chauves - souris des grottes des rivages, cadavres de pangolins, il n’est pas de mets répugnants que les orques pressées par leur faim dévorante , ne soient malgré leur palais délicat prêtes à consommer .
Comme je l’ai dit , Bradamante tient tout cela de Charlemagne , qui lui-même l’a appris d’Angélique, la patiente zéro, la première intéressée . Elle a fait faire toutes les études scientifiques nécessaires (la science chinoise est très avancée ) . Il y a eu une première version du virus ,celle qui l’a infectée ,puis les souches plus virulentes du marché de Wuhan , identifiées sur les clients du marché aux poissons ,et sur le bois de la barque . Plus de fake news désormais ,plus de thèses complotistes , tout cela est sûr ,certain ,et fera bientôt l’objet de publications dans les revues scientifiques les plus sérieuses .
Que l’on n’objecte pas à cette thèse que Roland et Ruggero n’ont pas été malades : Roland lui a été atteint de graves troubles psychiques : une atteinte neurologique due au covid 19 qui explique cet accès de folie aiguë que.la passion déçue ne peut seule engendrer . Ruggero, et Bradamante eux-mêmes , ont été contaminés . Porteurs asymptômatiques, comme la plus grande partie des invités de la noce qui, revenus chez eux auprès de leurs vieux parents cacochymes, ont répandu la maladie dans toute la Vénétie et la Lombardie , d’où elle gagné toute l’Europe .
Et tout cela , à cause de cette folle d’Angélique ,une irresponsable (non coupable bien sûr ) comme les filles du Rhin !
Cet exposé de Bradamante a duré une bonne heure . Il faut maintenant envisager de
partir ,d’autant qu’il ne fait pas chaud et je souhaite me rendre enfin au loch Coire Lair , au pied du Fuarr Toll et du Sgorr Ruadh . Vipère commence à se languir de son époux, moi de
Cyrus ,et Bradamante s’inquiète pour Ruggero . Nous décidons donc de continuer sur le chemin du retour ,avec une halte à Drochaid Coire Lair.A suivre
Drochaid Coire Lair est situé à peu près de quatre kilomètres de Tea House bothy . A dos
d’hipogriffe, surtout lorsqu’il vole , il ne faut qu’un instant . Mais l’impétuosité de l’animal est telle qu’il atterrit un trop loin sur le sentier qui vient de la gare d’Achnashellach , de l’autre côté de cette trappe à randonneurs aménagée dans une barrière à cerfs .
Il franchit en une fraction de seconde la clôture , et gravit ensuite la montée à l’allure d’un trot d’hipogriffe sur ce pittoresque sentier de montagne .
Enfin nous touchons au but et nous découvrons un beau paysage de montagne.
A suivre
Drochaid Coire Lair est situé à une bifurcation . Si l’on prend à droite (sur la photo on descend sur les chutes Easan Dorcha et le loch Coulin, à gauche, on descend également , sur Achnashellach. Si l’on poursuit dans la direction de ces montagnes enneigées, on atteint Coire Lair et son loch puis, en passant un col, on rejoint Coire Grannda d’où l’on peut en passant le bealach Ban rejoindre le bealach na Lice, ou descendre au prix d’un peu de tout terrain sur la Ling Hut . C’est ce qu’indique la carte Ordnance Survey. Je voudrais bien revenir ici pour emprunter ces passages .
Pour l’heure , le but est d’aller voir le petit loch , à un peu plus d’un kilomètre de distance, mais à peine avons-nous tourné les yeux vers le Sud en direction du glen Carron que nous entendons le vrombissement d’un moteur .
Nous sommes repérées . Le survol du Cap Wrath par Bradamante et l’hippogriffe a mis les forces aériennes britanniques en alerte . C’est un hélicoptère !
A suivre
Un instant plus tard, pas de doute , c’est bien nous que l’hélicoptère poursuit .Il est sur nous, il amorce sa descente pour atterrir .
Pour ajouter au péril , des fantassins surgissent , de la montée qui vient d’Achnashellach , mais aussi de la direction de Tea house bothy .ces derniers , heureusement , ne nous ont pas encore aperçues, ils cherchent dans la mauvaise direction alors que nous nous sommes dissimulées derrière un rocher .
Pire encore, de l’autre côté surgit un cycliste lourdement armé ,avant garde d’un important détachement .
Nous sommes encerclées , déjà quasi prisonnières mais cest dans le danger que se révèle le courage des grandes âmes . Nulle femme dans ce domaine , pas même Brunnhilde, ne surpassa Bradamante , mais Vipère , la Madone des sleepings, nous faisons face nous aussi avec sang froid , promptitude ,détermination, et sagacité . En un instant trop court pour être mesurable par le plus précis des chronomètres ,et sans avoir besoin de nous concerter , nous courons vers l’hipogriffe ,et montons dans le palanquin . L’hipogriffe bondit et décolle dans une gerbe d’étincelles ,tel une fusée . Qu’on ne nous reproche pas d’avoir choisi devant l’ennemi une fuite honteuse : il ne faut pas confondre le courage héroïque avec la témérité !
A suivre
Par précaution,l’hipogriffe conduit par l’habile Bradamante s’élève au dessus des nuées ,
bien plus haut que ne se risquerait l’hélicoptère, qui de surcroît doit d’abord surmonter les embûches d’un terrain bien accidenté alors qu’un épais brouillard s’empare des couches inférieures de l’atmosphère . Quelle ne dut être la stupeur de nos ennemis lorsqu’ils virent de leurs yeux ,pour la première fois en chair et en os, un hipogriffe ! Nul d’entre eux n’a fait état de la scène , sans doute par crainte de l’accusation d’avoir abusé du whisky . Pourtant , ces faits sont véridiques, j’ai bien pris soin, Ami lecteur , de t’en fournir les preuves .
Nous volons le plus rapidement qu’il est possible à un animal aussi rapide, redoutant après la scène précédente une attaque en règle de l’aviation, peut-être même un tir de missile . Bradamante, cependant ,se veut rassurante . C’est elle qui aujourd’hui détient l’anneau de Brunel , l’anneau qui rend invisible comme l’a fait connaître l’Arioste . Angélique, heureuse d’avoir épousé son Médor, et finalement reconnaissante envers Ruggero qui l’a sauvée de l’orque, a offert l’anneau à Ruggero et Bradamante pour leur mariage, songeant qu’il serait plus utile à ces valeureux guerriers qu’à elle -même . Comme je l’ai dit précédemment, elle n’a pas beaucoup de raison , mais encore moins de méchanceté . Quoi qu’il en soit , si une attaque de l’aviation britannique est imminente, grâce à l’anneau de Brunel , l’hipogriffe devient l’égal d’un avion furtif .
Malgré tout , sans nouvelles de ce qui se trame contre nous, nous volons jusqu’au dessus de Skye . Et là , Vipère et la Madone des sleepings ,qui ont allumé leur smartphone ont enfin du réseau . Elles lisent qu’une grande bataille aérienne a l’instant même au dessus du Cap Wrath la R.A.F. a engagé le combat contre l’aviation de Covid XIX . Le roi des coronavirus ,le fils de l’orque, le petit-fils de Protée attaque désormais avec le Royaume Uni avec la masse de ses troupes , après avoir dévasté la Chine ,le royaume de la belle Angélique, l’Italie ,et la France !
Les Shetlands, les Orcades, Inverness sont touchées, et même Skye .Ne parlons pas de Londres et du Sud de l’Angleterre qui évoquent les pires heures de l’offensive nazie !
C’est une nouvelle tragique, mais pour nous l’heure ne pouvait pas être encore à la compassion , dans le grand péril où nous trouvions .Assurées de ne plus être poursuivies par des forces aériennes et terrestres tout entières occupées de leur principal ennemi (on dit que même les princes de la maison royale participent au combat ), nous nous avisons que la charge du palanquin est mal équilibrée (nous avons déposé nos sacs en vrac vu l’urgence du départ) . Cela pourrait devenir dangereux . Une halte serait la bienvenue pour y remédier ,par prudence . Justement , l’île de Muck se présente , et Bradamante pose l’hipogriffe au sommet du Ben Airein, le point culminant de l’île de Muck .
Le spectacle est magnifique, tant sur Skye et Rum que sur le Mainland, Ardnamuchan, Coll et Tiree , au loin émerge le sommet enneigé de l’île de Mull, le Ben More, mais il nous faut partir . Nous sommes attendues en France ,et l’hipogriffe à nouveau s’envole .
Très logiquement, c’est moi que Bradamante doit déposer la première, en Picardie, chez Cyrus , dans les Monts du Santerre . Or une nouvelle difficulté surgit, que nous n’avions pas prévue . De toutes parts s’élèvent des éoliennes ,et cela déplaît fortement à l’hipogriffe . Jamais oeil humain ne vit avant nous des acrobaties semblables à celles que la fureur inspira à l’hipogriffe. N’oublions pas que l’hipogriffe, pour moitié , est un aigle ,et que les éoliennes sont les ennemies jurées des oiseaux . Nous admirons la dextérité et le calme de Bradamante qui l’arrête in extremis lorsqu’il veut les abattre tout en tremblant , malgré notre courage.
Finalement, elle calme l’hipogriffe et atterrit , avec une précision admirable, dans le petit jardin clos de Cyrus , au pied de la terrasse ,alors qu’il fait la lecture à ses chats préférés , le vieux Mozart ,la jeune Grisette , et Lady Hamilton des gouttières .
Cyrus a une passion immodérée pour tous les animaux à plumes . Il n’est pas effrayé à la vue de l’hipogriffe crachant des flammes (Grisette non plus,elle n’a peur de rien, mais les deux autres chats se cachent ) . Il entreprend de le séduire, lui présente des graines pour oiseaux ainsi qu’à Ruggero , des croquettes , de la pâtée pour chats , de la crème fraîche, et autres délicatesses . L’hipogriffe accepte , devient doux comme un agneau . Il serait prêt à aller faire la sieste ,au fond du jardin . Nous retiendrions bien volontiers Bradamante , Ruggero , la Madone des sleepings et Vipère mais il se fait tard . Nous prenons congé et l’hipogriffe décolle quasiment à la verticale , avec une précision admirable sans rien détruire, dans le ciel
picard .
A suivre
Tous les voisins de Cyrus ont vu par deux fois une immense gerbe d’étincelles et entendu un bruit terrifiant lors de l’arrivée et de l’envol de l’hipogriffe . Beaucoup ont cru à l’explosion d’une réserve de propane, ils appelèrent les pompiers, mais nul incendie ne se déclara, à la surprise générale . Certains, peu nombreux , jurérent qu’ils avaient vu un cheval ailé, mais on connaissait leur propension à trop user de la bouteille . On ne les crut pas . Cyrus et moi, nous restâmes prudemment discrets . Je me suis depuis déconfinée, comme tout le monde ,et j’ai donc repris mes pérégrinations habituelles
La suite du voyage s’est passée sans encombre pour Bradamante , Ruggero, et mes deux amies jusqu’à Paris . A l’approche .de la capitale ,dont le ciel est très surveillé, Bradamante a passé l’anneau de Brunel a son doigt pour rendre tout l’équipage invisible . Elle s’est posée le plus silencieusement possible devant la maison de la Madone des sleepings, mais c’était un stationnement illicite et l’hipogriffe fit chuter un dépôt de trottinettes électriques.
Un nouveau problème surgit : comment pour une personne non habituée aux effets de l’anneau de Brunel récupérer sur le palanquin un gros sac invisible en le libérant de ses attaches ? Bradamante fixa l’anneau au collier de l’hipogriffe qui resta invisible, mais les voyageuses, Ruggero, le palanquin et leurs bagages furent exposées aux regards de tous . Quelle ne fut pas la stupéfaction des joggeurs parisiens (c’était leur heure) de voir surgir du néant une randonneuse chargée de son sac , descendre du palanquin (l’hipogriffe s’était agenouillé pour la circonstance) et entrer dans son immeuble en toute hâte, puis de voir aussitôt après un palanquin s’élever dans les airs avec à son bord un manchot à jugulaire, une guerrière à l’armure blanche et un médecin de peste ! La plupart des témoins étant réputés sobres , on y vit un effet psychique jusque là inconnu du coronavirus .
Bradamante reconduisit Vipère chez elle , non loin des Contamines et la déposa dans son jardin , discrètement, derrière son chalet . Vipère retrouva le Mont Blanc, et son époux . Les neiges et les chamois du Mont Blanc étaient enfin tranquilles, mais l’époux de Vipère, lui , était contaminé : ce n’était pas le coronavirus, mais la maladie de Lyme . Interdit de montagne, comme tous les confinés des Alpes, il avait trop fréquenté un fourré rocheux infesté de
tiques ,en bordure de son jardin. Il a retrouvé maintenant ,et la santé , et la montagne .
Quant à Bradamante et Ruggero, ils ont regagné le palais de Bradamante , à Ferrare , et les enfants, confiés aux nourrices et aux dames du palais . Le pauvre Ruggero n’a toujours pas retrouvé sa forme humaine,ni tous ses esprits . Pour le distraire , on le fait correspondre avec le macareux (encore une victime de magicienne sans doute ) que Théodorine acheta au craftshop de l’île de Canna pour sa petite-fille . Si d’ici quelques mois , son état ne s’améliore pas , Bradamante partira pour la lune pour récupérer la forme humaine de Ruggero et la part de bon sens qui lui manque . A cette occasion , si elle n’est pas trop chargée ,elle me rapportera le demi-matelas mousse offert par Cyrus il y a près de trente ans, mes dernières lunettes ,et tous les parapluies que j’ai perdus .
A suivre .
Je suis partie en me jugeant coupable, toute trace de remords s’est enfuie au cours de mon voyage . Je crois qu’il en est de même pour les deux autres .
En Europe , Covid XIX a perdu des batailles . Il n’a perdu la guerre . Il renforce ses troupes dans le monde , et chez nous, il a laissé partout des îlots de résistance . Ses soldats innombrables nous guettent embusqués .
Un peu partout , on reconfine, les pessimistes nous annoncent une seconde vague ,déjà pour cet été , de moins pessimistes la prévoient pour l’automne . Je vois réapparaître dans plusieurs pays la proposition de confiner les plus âgés (pour lesquels on se serait sacrifié )°. Si l’on adopte une telle mesure , à coup sûr , nous serons des récidivistes . Nous partirons . Les moyens ne manquent pas, nous avons essayé le Poudlard express, le pedalpub (le conference bike n’est pas mal non plus, si on lui ajoute une remorque ) et l’hippogriffe de Bradamante . Il y a aussi le char ailé d’Elie, connu de l’Arioste , le boulet du baron de Münchausen , mais aussi les propositions de Jules Verne . Le Nautilus est détruit , il a disparu avec l’ïle Tabor et le capitaine Nemo, mais il nous reste la possibilité d’une nouvelle île à hélice, une île artificielle mobile que nous pourrions au gré de nos humeurs ajouter aux Hébrides, aux Orcades , ou aux Shetlands , le navigateur de la bande de Fontainebleau Sherwood a les compétences nécessaires pour la construire . Mais nous pourrions enfin plus ambitieusement choisir un voyage en comète comme Hector Servadac .
De toute manière , nous partirons, même si , feignant d’agir pour notre bien , on nous enferme dans un ephad . Pour notre Noël de vieillards, nous nous ferons apporter des exosquelettes en kit , cachés dans nos boîtes de chocolat , nous nous ferons la belle , et nous reprendrons le Cap Wrath Trail !
Fin