Sans offenser quelqu’un que je ne connais pas, et au risque de me tromper, cette description du samedi après-midi au centre commercial avec des courses faites pour 15 jours (pour pouvoir rester enfermer dans sa résidence luxueuse le reste du temps et ne surtout pas risquer de croiser des autochtones ??) me fait furieusement penser à quelques expatriés caricaturaux que j’ai malheureusement croisés, et rapidement fuis, au fil de mes expériences de vie dans différents pays autres que la France.
La façon de d’évaluer la somme de 16 000 bolivars en disant “c’est ce que je dépense en deux heures au supermarché” m’avait paru suspecte. Le message suivant le confirme. C’est une façon très particulière, très orientée, et très loin des réalités locales d’évaluer le niveau de vie, et la valeur d’une somme. A lire “c’est ce que je dépense en deux heures au supermarché”, celui à qui s’adresse le message peut comprendre légitimement : “ça correspond à 30 euros en France”. Parce que oui, en France, la plupart des gens qui vont au supermarché dépensent 30 ou 40 euros pas 300. Et quel pourcentage de Vénézueliens peut aller dans un beau centre commercial pour claquer en quelques heures 16 000 bolivars ? Pour revenir à un peu de mesure, je confirme donc que 16 000 bolivars est un salaire faible, qui correspond à celui de petits employés qui ont du mal à finir le mois. Après tout dépend des conditions exactes. Si l’Alliance française te propose un logement et que tu n’as pas de loyer à payer, c’est faisable : la faiblesse du salaire pourra être compensée, à mes yeux, par la richesse de l’expérience. Si tu n’as aucun défraiement ni aucun logement, alors, il faut bien évaluer la situation : il s’agit, au plan matériel, d’un stage, peu payé. Cela peut mériter d’être tenté, mais en sachant que tu y perdras pas mal de sous, et que ce sera du bénévolat. A un jeune de 22 ans, sans aucune expérience, et aidé par ses parents, j’aurais conseilé de foncer ! Là, tout dépend de ton parcours et de tes projets, mais il est certain qu’il faut bien évaluer la situation et se rendre compte que le salaire est insuffisant pour couvrir tous les frais.
Il faut aussi savoir que les Alliances françaises sont un circuit, et qu’une fois qu’on y est entré, même modestement, il est plus facile ensuite d’avoir de se voir proposer des situations nettement meilleures. Si ce milieu t’intéresse, c’est aussi un critère à prendre en compte pour surmonter la faiblesse du salaire.
Pour revenir à l’autre point de ton premier message, c’est à dire la sécurité, je confirme que Caracas est une ville particulière, où il faut prendre des précautions supplémentaires, surtout le soir. Par ailleurs, c’est une ville que j’aime beaucoup, mais on ne peut pas minorer cet aspect. Le reste du Venezuela n’est, à mes yeux, pas plus dangereux que le reste de l’Amérique latine, et sûrement moins que la Colombie par exemple. J’ai vécu cinq ans à Medellin et je parle en connaissance de cause. L’image de la Colombie s’est totalement améliorée tandis que celle du Venezuela se dégrade, et ce n’est pas toujours justifié, quand on voit la réalité quotidienne en Colombie, encore aujourd’hui. Pour résumer, au Venezuela, il faut faire plus attention qu’en Europe, mais c’est vrai de toute l’Amérique latine et on ne se promène pas non plus au Pérou ou au Brésil comme on le fait au bord du lac de Genève !