Parmi les desserts, il faut citer le foy thong : ฝอยทอง : littéralement “jaune d’oeuf en or”, et ses variantes, le “thong yip” et le “thong yot”. Le plat, d’origine portugaise, est inséparable du nom de Maria Guyomar de Pinha, devenue Mme Phaulkon, pour la postérité et pour son malheur. Constantin Geraki, qui se faisait appeler Phaulkon, était un aventurier grec qui, au XVIIe siècle, s’éleva au rang de favori du roi Phra Naraï et fut amené à occuper le poste le plus important du royaume, ayant la haute main sur tous les rouages de l’État. À la mort du roi, l’usurpateur Phra Phetracha le fit arrêter et il fut exécuté le 5 juin 1688. Phaulkon avait épousé une métisse, de père portugais et de mère japonaise, Maria Guyomar de Pinha. On sait qu’Albuquerque avait pris Malacca en 1511, et les Portugais s’étaient rapidement installés dans la péninsule malaise, puis au Siam, où ils formaient au XVIIe siècle une importante colonie. C’est Maria Guyomar, qui paraît-il, introduisit le foy thong dans le royaume, version siamoise du traditionnel “fios de ovos” portugais et le rendit populaire. Après la mort de son mari, elle fut emprisonnée quelque temps, un peu torturée pour lui faire avouer où Phaulkon avait planqué le magot, puis employée dans les cuisines royales, qu’elle finit par diriger. On ignore la date de sa mort, mais elle était encore vivante en 1724, où elle avait, selon les témoins, environ 65 ans.
Le foy thong peut se manger pur, tel quel (bonjour le diabète), ou posé sur un gâteau, un biscuit, une crêpe, une meringue, etc. Il entre généralement dans la préparation du khanom buang, la crêpe croustillante thaïlandaise.
Pour apprendre à faire le foy thong, rien ne vaut une vidéo. Certes, il y a des façons plus simples et plus rapides de clarifier un oeuf, certes, on peut remplacer les feuilles de bananier par une poche à douille, mais le naturel, les sourires et la bonne volonté des jeunes cordons bleus méritent la sympathie. C’est en thaï, mais on comprend même sans les paroles.
Et pour en savoir un peu plus sur la vie de Phaulkon et sur le royaume d'Ayutthaya au XVIIe siècle, lire la trilogie d'Axel Aylwen : Le Faucon du Siam, L'Envol du Faucon et Le Dernier vol du faucon. C'est romancé, bien sûr, mais c'est solidement documenté et ça se lit avec grand plaisir. Bientôt les fêtes, une occasion de se les faire offrir :
https://toutelathailande.fr/livre-le-faucon-du-siam-la-trilogie/
C’était notre petite causerie culturelle du vendredi. Je vous remercie de votre attention.