Puisque nous sommes sur un forum, le but est aussi d’échanger sur le fond quant aux vertus de « l’humanitaire ». Je précise que je suis moi-même président d’une association de solidarité internationale et que notre structure travaille plus sur le volet coopération et appui aux projets locaux. Nous organisons aussi des chantiers mais chez nous point de soutien scolaire, collecte de matériel scolaire, etc. Nous faisons chaque année un séjour sur place pour piloter nos actions.
Ce qu’il faut savoir c’est que seulement une infime partie des ONG du Sud sont vraiment structurées et professionnelle. Souvent avec l’appui de pays du Nord. Celle-ci ont des actions ciblées, réfléchies et efficaces.
Le reste, ce sont soit des bonnes volontés qui essaient de se mettre au service du pays tant bien que mal, soit des personnages qui ont trouvé là une activité lucrative pour s’enrichir aux dépends des jeunes européens en mal d’humanitaire. Cette seconde catégorie fait beaucoup de mal à la première ! Elle est très florissante au Togo.
La première catégorie est malheureusement privée de moyen et manque de structuration et d’appui technique pour être réellement efficace. Elle fait ce qu’elle croit être bon mais l’impact sur les populations est souvent peu mesurable.
Je prendrais deux cas les plus courants de chantiers : soutien scolaire et prévention SIDA.
L’éducation d’Etat au Togo est assez catastrophique. Beaucoup d’établissement privés (donc payants) poussent un peu partout et dans les villages reculés, les habitants créent des EDIL (Etablissements d’initiative locale) et paient eux-mêmes les « instituteurs ». Dans ces établissements privés ou ces EDIL, vous retrouvez souvent des enseignants qui ont tout juste le BEPC (local) et qui font plus d’erreurs que certains de leurs élèves ! Il est vrai que payés 20 000 ou 30 000 CFA/mois les grands diplômés ne veulent pas de ces postes.
Faire du soutien scolaire nécessite 2 choses : être formé pour et se familiariser avec le système d’enseignement togolais bien différent du notre. En trois semaines, autant dire que c’est un coup d’épée dans l’eau. Il vous faudra au minimum 2 à 3 mois pour commencer à avoir quelques petits résultats. Idem pour l’alpha.
Faire de la prévention SIDA : il faut également être formé et faire un travail de fond et sur du long terme. Vous vous heurterez de plus aux traditions et croyances locales et au fait que le prix d’un préservatif égale celui d’un repas.
Dans le cadre du projet VVVSI du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes le paragraphe suivant pourrait faire réfléchir sur l’efficacité et la pertinence de certains “camps chantiers”
Ne sont pas éligibles (entre autres) au Programme VVV:SI:
les projets de collecte, notamment de médicaments (Fiche Technique n° 5), de produits alimentaires ou de matériel scolaire. Ceux-ci sont fortement déconseillés en raison des problèmes que pose généralement ce type d’actions : produits peu adaptés aux besoins, risques de déstabilisation de l’économie locale, risques de dépendance des populations bénéficiaires, détournements, trafics…,
les projets de prévention et d’information sur le SIDA ou les MST qui nécessitent une préparation, un encadrement et une maîtrise très pointus du sujet, …
les projets d’enseignement du français ou de soutien scolaire, qui nécessitent un encadrement professionnel expérimenté, …
A méditer….