l aoc n est pas encore en place cette année
D’une aire géographique à la période d’abattage, en passant par celle
du sevrage des porcs, de la complémentation, jusqu’aux outils de
travail imposés et aux impératifs de la phase de finition. L’Appellation
d’origine contrôlée grave ses écrits dans le marbre pour que ceux qui
revendiquent l’estampille demeurent en phase avec le respect de règles
incontournables.
La toute nouvelle AOC charcuterie corse n’y
échappe pas, loin s’en faut. La présentation du cahier des charges,
hier, à la ferme-auberge A Chjusellina de Corte, l’a bien démontré.
Les
membres du syndicat de défense et promotion de la charcuterie corse y
étaient réunis sous la présidence de Stéphane Paquet, et en présence de
Marc Poggi, animateur de la structure qui a porté à bout de bras la
démarche qualité. Après des années de travail, celle-ci s’est soldée par
une validation définitive du cahier des charges en octobre 2011,
jusqu’aux décrets tous récents et à l’attente, désormais, d’une parution
imminente au Journal officiel. Trois produits, à savoir la coppa, le
prisuttu et le lonzu bénéficient chacun de cette AOC. Hier, Marc Poggi a
détaillé le cahier des charges du plus emblématique, et en même temps
la pièce constituant la plus forte valeur ajoutée : le prisuttu (voir
par ailleurs).
Le cap sur la centaine de producteurs
À
l’évidence, ces règles établies pour garantir la traçabilité d’un
produit de qualité ne tolèrent, désormais, ni l’approximation, ni
l’archaïsme. Les producteurs présents qui, dans le cadre d’une période
de préfiguration, sont déjà plus ou moins dans les clous, affichaient
sérénité et confiance. Quelques questions, malgré tout, concernaient les
opportunités de commercialisation à l’étranger, ou encore d’éventuelles
difficultés dans la finition des porcs au gland et à la châtaigne, et
ce compte tenu de la faiblesse de la ressource à partir du mois de
janvier. Le syndicat a, pour sa part, invité les producteurs à jouer le
jeu de l’autocontrôle et du contrôle interne, afin de se présenter dans
les meilleures conditions devant le contrôle externe diligenté par
l’INAO. *« Celui qui a le pouvoir de faire tomber le couperet »,*a ajouté Marc Poggi.
À
l’heure où les déclarations des producteurs appelés à entrer dans l’AOC
sont enregistrées, le syndicat espère en accueillir un nombre
considérable pour lancer la saison inaugurale 2012-2013. Celle qui
lancera officiellement les produits AOC sur le marché. *« Nous en recensons une soixantaine actuellement. Je pense que nous pouvons en espérer une centaine »,*estimait
raisonnablement Stéphane Paquet, un président, lui-même producteur à
Guitera, qui attend avec impatience de voir l’estampille AOC sur un
produit qui offrira une incontestable plus-value. « Tout ce travail
en valait vraiment la peine, d’autant que cette appellation va servir
toute la filière porcine, en véritable catalyseur de la gestion d’un
territoire ».
À l’heure où le syndicat travaille déjà sur
l’élargissement d’une AOC charcuterie au saucisson et au figatellu, Marc
Poggi, lui, considère l’évolution au regard d’un avenir plus serein. «
Pour les jeunes qui souhaitent s’installer, il s’agit d’un outil très
important. Désormais, la filière ne leur offrira plus le flou et
l’archaïsme »
corse matin 7 avril 2012