Du haut du vingtième étage, sur les hauteurs de Central, notre logement offre une vue à 180° sur la forêt de tours de Hong Kong. Certaines sont si étroites que l’on se demande comment on a pu y loger un appartement entier par niveau.
Nous avons vue sur la maison du Gouverneur. En contrebas, le jardin botanique, accessible par un labyrinthe de passerelles. Un matin, nous sommes réveillés par les cris des singes.
Le soir venu, la baie disparaît progressivement dans la brume, tandis que les gratte-ciel s’allument un par un.
De marché en marché
Impossible de manquer la visite des marchés de Hong-Kong! Nous commençons côté Kowloon, par le marché aux poissons d’ornement, lesquels ont l’air bien à l’étroit dans leur sac en plastique… On peut aussi acheter des tortues, animal qui joue un rôle majeur dans la culture bouddhiste. Il suffit de secouer cinq pièces de monnaie anciennes dans une carapace de tortue pour lire l’avenir.
Le nouvel an chinois approche : le marché aux fleurs déborde de couleurs. Les fleuristes proposent des sculptures à base de morelle mammiforme, appelée plus couramment pomme-téton.
Après l’immanquable traversée en Star ferry, puis un court trajet en tramway à impériale, nous voici au marché alimentaire de Wan Chai. Les étals y occupent des alcôves, toutes en profondeur. Installé dans la rue, un rémouleur met obligeamment un siège à disposition de ses clients, pendant qu’il affûte couteaux et ciseaux.
Escapade à Lamma
Ile sans voitures, à un quart d’heure de ferry, Lamma est l’occasion d’une escapade en pleine nature. Nous empruntons la promenade des familles, qui relie les deux villages de l’île. Le chemin serpente et ondule dans la végétation. On peut voir des bananiers, des cascades de volubilis, des bougainvilliers gigantesques.
Assez accidentée, l’île vit principalement de la pêche. Les terrains cultivables sont rares. Les jardins minuscules sont soigneusement entretenus. Je me contorsionne pour photographier un potager à travers le grillage. Voyant cela, la propriétaire sort de sa maison et gentiment, dans un anglais rudimentaire, m’invite à entrer. Sympa!
Chine ou Portugal ?
Le catamaran rapide glisse sur la rivière des perles. Macao : nous dînons à la Vencedora, resto portugais réputé qui ressemble à une simple cantine. Notre voisin de table arrose ses œufs durs d’un filet d’huile d’olive, directement puisé à un bidon métallique percé. Pour nous, ce sera beignets de poisson et « lenguado » grillé à point en surface, fondant à l’intérieur. Je tente de dialoguer en portugais avec la serveuse, mais elle fait certainement partie des 97% de macanais qui ne le parlent pas. « Patron! » crie-t-elle. Le patron arrive. Cheveux blancs. Il est né au Portugal. Il est le seul : tous les employés sont chinois.
A Taipa, la rua Direita Carlo Eugenio aligne ses élégantes maisons coloniales. Le mirador de l’église Notre Dame du Carmel surplombe le marais fertile de la baie, où s’installèrent les premiers colons portugais. Deux vieilles barques y somnolent, surveillées par les gratte-ciel et le casino Venetian. Des escaliers relient les vieilles rues pavées, où s’intercalent des autels bouddhistes. Dans la Rua da Cunha, les pâtisseries se succèdent, avec bien sûr les célèbres pasteis de nata. Mais pas seulement : tous les 10 mètres, on nous arrête pour nous faire goûter de délicieux biscuits sablés.
Le mainate de Coloane
A quelques encablures des casinos géants, le vieux Coloane, à la pointe sud de Macao, a conservé la tranquillité du petit village de pêcheurs d’origine. Ses rues étroites sont bordées de maisons colorées, à un seul étage. Beaucoup d’entre elles possèdent un minuscule jardin en pots devant l’entrée. Un mainate nous interpelle dans une langue inconnue. Peut-être du cantonais. Devant notre incompréhension manifeste, loin de se décourager, il articule un très distinct « ni-hao ». Cette fois, j’ai capté: bonjour en mandarin!
La balade du bus 26
Pour la modique somme de 6 patacas, la monnaie de Macao, le bus 26 nous fait traverser toute la péninsule. Partis des quais du Nord, nous empruntons l’un des trois grands ponts pour traverser l’isthme.
Dans le bus, la télé diffuse un reportage culinaire. Préparation des crevettes farcies, une des spécialités de Macao. Du travail de chirurgien!
Le trajet passe par la nouvelle zone des casinos, récemment gagnée sur les marécages. Le quartier parisien est assez réussi, avec sa tour Eiffel et son mini-Louvre mansardé. En revanche, Studio City remporte la palme du mégalo-dantesque, avec ses statues mussoliniennes.
Les murs peints de Sheung Wan
Retour à Hong Kong. A deux pas des escalators de mid-level, SoHo et Sheung Wan font cohabiter bars branchés, galeries d’art, et vieilles maisons chinoises.
Une vieille dame somnole dans un temple minuscule. A quelque pas, deux élégantes papotent en terrasse d’un bar. A leurs pieds, un husky, sagement assis sur son arrière-train, s’enivre des odeurs de la rue : épices, encens, et grillades.
Les jeunes filles se prêtent facilement au jeu, prenant la pose devant les murs peints.
Nouveaux territoires : une plongée dans la Chine ancienne
A partir de Yuen Long, le métro devient aérien. Il offre un aperçu des nouveaux territoires. Villes nouvelles, petits villages aux maisons basses, collines abruptes où se nichent des cimetières caractéristiques : chaque tombe est entourée d’un autel semi-circulaire.
Un petit circuit pédestre, le Ping Shan heritage trail, permet de découvrir d’anciens bâtiments, qui ont précédé la colonisation britannique. Le hall aux ancêtres, le village fortifié de Sheung Cheung Wai, la pagode Tsui Sing Lau… nous passons dans des ruelles étroites, où des retraités jouent au mah-jong. On entend une mélopée chinoise qui nous plonge immédiatement dans l’ambiance.
Devant le petit temple tout simple de Yeung Hau, quatre hommes bavardent paisiblement. Contrairement aux autres temples, Yeung Hau n’était pas un dieu, mais un simple mortel. Seigneur du village, ou simple bienfaiteur, on ne le sait pas exactement.
Hélas, il est temps de quitter Hong Kong. Je serais volontiers resté un peu plus!