Bonsoir Calamity Jane
Je n’avais pas donné suite à mon récit précédent par le manque d’écho et donc d’intérêt suscité.
L’Assynt m’attirait par sa situation, un poème de Norman Maccaig (le seul traduit en français par Kenneth White), des photos et récits glanés de-ci de-là, le sentiment profond de bout du monde et le Géopark.
Aussi profitant d’un tarif préférentiel avec Ryanair (Carcassonne-Glasgow), la décision a été prise en 5 minutes de partir avec mes 2 enfants de 13 et 15 ans. Location de voiture à l’aéroport ; d’une Corsa, nous sommes passés à un fourgon 8 places suite à un retard et surtout à la grande joie des enfants (pas le papa qui s’imaginait déjà à la manoeuvre sur les single tracks des Highlands).
Première nuit à Fort William pour couper la route et l’ “indétrônable” Glenfinnan bridge pour mes petits passionnés d’HP. Ensuite direction le labyrinthe de lochs-pierres-rivières, moutonnement de gneiss Lewisien (plus de 3 milliards d’années au passage) et saupoudrage de grès torridonien comme le Suilven (petit jeunot d’un milliard d’années, raboté par les glaciers).
Afin de limiter les kilomètres et le temps, nous sommes restés 5 nuits à Stoer au stoersmithy (excellent Self-catering, propriétaires très avenants et de bon conseil, je vous le recommande vivement) qui s’est révélé un excellent point de chute à partir duquel nous avons rayonné dans le secteur.
Chaque jour, nous marchions 3 heures, puis flânerie, repos et dégustation de pâtisseries locales :
- chutes d’Inverkirkaig : magnifiques trombes d’eau brûnatre dans un écrin sombre, lovées dans une végétation arbustive à la fois chétive et vivifiante dans ce monde minéral.
- Old man of Stoer : un pouce rocheux battu par les déferlantes atlantiques du Minch.
- Bothy de Suineag en direction du Suilven tel un pain de sucre émergeant de nulle part au-dessus d’une ondulation de rocs.
- plage d’Achmelvich : un lagon nordique.
- plage de Clachtoll : le sable, le roc, l’eau, le ciel jouent une partition inhumaine ou plutôt surhumaine. Et que dire du broch sapé par les vagues ! Preuve que les hommes de l’âge du fer entretenaient ce lien perdu avec la nature créatrice/destructrice (religon ne vient-il pas du latin religare “relier”).
- Près d’Oldany, un loch secret piqueté d’îlots où s’ébat une colonie de phoques, curieux de ces bipèdes à la démarche gauche sur le machair et les galets. Huîtriers-pie, aigle royal, goélands tels des plumes ballottées par le vent au-dessus des bleus pélagiques.
- Knockan Crag reserve : l’histoire de notre terre se dévoile sur un sentier extrêmemnt bien conçu. La preuve grandeur nature et réelle du chevauchement du Moine (une couche géologique ancienne recouvre une couche plus récente, méditer l’oeuvre de Wakan tanka !).
Les single tracks dantesques et si charmants :
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Drumrunie vers Lochinver en passant au pied du Stac Pollaidh (non gravi à cause du voile humide), la portion littorale fabuleuse et l’intérieur d’une quiétude extraordinaire.
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Stoer à Unapool via Drumbeg : plage de Clashnessie (pas la plage à Nessie), contournement du Quinag, pente à 25%.
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Lochinver vers Stoer : de superbes panoramas.
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Laissez-vous entraîner par le hasard et l’intuition sur les single tracks, les meilleures découvertes vous y attendent.
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A Kylesku excellent restaurant avec vue sur le loch, et de nouveau le Moine Thrust en plus grand juste après Unapool en direction du loch Assynt.
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Ardvreck Castle : cette habitation fortifiée élevée par les MacLeod continue de surveiller les horizons inconnus. La marque de l’homme au milieu de l’indicible.
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Ne pas manquer Flossie’s beach store à Clashtoll : une cabane, de tout, un accueil du diable, des pâtisseries à damner.
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Rencontrer les habitants, se laisser porter par la magie des lieux, se perdre dans cette ambiance minérale.
Retour à Glasgow le vendredi (longue étape) : single track Ledmore-Inveran, une pause intemporelle dans la lande resplendissante et éclatante de la lumière chaude du soleil matinal, une rivière languide au fond du glen, des hardes de biches et cerfs aux andouillers majestueux, des faisans…
Afin de couper la route, arrêt à la réserve RSPB de Boat of Garten (Cairngorms “roche/cairn bleue”) pour une ballade lénifiante autour du loch et pour observer la faune aviaire avec en particulier un nid de balbuzard pêcheur (Osprey). Des passionnés partagent leur intérêt et à ma demande l’un deux nous indique un nid connu des initiés. Hop nous voilà partis en quête, question à un groupe de kayakeurs qui titillent la Spey ; enfin l’apothéose, le couple de balbuzards aux prises avec des corneilles dans un combat aérien de haute-voltige, qu’un photographe amateur nous permet de mieux visualiser en nous prêtant ses jumelles et en nous montrant ses photos.
Dernière nuit à Glasgow, super adresse trouvée sur Booking à 10 minutes de l’aéroport.
Que d’expériences partagées avec les enfants !
L’Ecosse pousse à s’ouvrir, à aller vers l’autre et à s’oublier dans ses étendues
“L’expérience de l’âme entièrement dénudée, quelque chose qui n’est pas de ce monde, quelque chose qui vous fait trembler de délice et de répulsion à la fois” Hugh MacDiarmid.
Cordialement