Identité et violence

Auteur : Amartya Sen

Editeur : Éditions Odile Jacob

275 Pages

Identité et violence

Il y a une trentaine d’années, les voyageurs occidentaux pouvaient prendre la route des Indes et traverser, comme Nicolas Bouvier, Irak, Iran et Pakistan pour parvenir à Calcutta. Aujourd’hui, le routard qui entreprendrait un tel périple aurait tout d’un kamikaze. « Occident » et « Orient » s’opposent dans ce mortel « choc des civilisations » défini par Samuel Huntington, le très contestable gourou des néo-conservateurs. Est-ce une fatalité ?
Non, répond le prix Nobel d’économie Amartya Sen dans son brillant essai Identité et violence. L’opposition entre des identités culturelles fortement circonscrites n’est en rien naturelle : elle est avant tout un instrument idéologique au service d’ambitions politiques. L’Occident et l’Orient monolithiques n’existent pas. La raison en est très simple : tout homme a plus d’une identité, a fortiori à l’ère de la mondialisation des échanges et de la communication. Il n’est pas seulement citoyen d’un pays ou membre d’une religion, il peut choisir de se définir par son sexe, son travail, ses idées politiques, sa couleur de peau, son capital culturel ou économique… Le concept d’identité est une illusion, car l’identité n’est ni une, ni figée.
Pour Amartya Sen, la division de l’humanité en groupes définis uniquement en fonction de leur religion ou de leur nationalité est non seulement simpliste, mais dangereuse puisqu’elle conduit inéluctablement à l’affrontement avec l’autre et à la violence. Du Rwanda au Moyen-Orient, en passant par le terrorisme islamiste, les exemples sont multiples et éloquents.
Amartya Sen, parfait exemple de la mondialisation, sait de quoi il parle. Marqué dans son enfance par la tragique partition de l’Inde et du Pakistan, il se définit lui-même comme asiatique, bengali d’origine bangladaise, citoyen britannique, intellectuel cosmopolite, homme et féministe. Chacun d’entre nous peut faire de même, en énumérant les multiples identités qui nous façonnent, et se rendre ainsi compte à quel point l’idée d’une identité close est réductrice et fausse.
Le seul recours à la violence serait donc d’accepter – de respecter – la multiplicité et la complexité des appartenances des individus. C’est à eux de choisir la définition de leur identité, qui, toujours en devenir, n’est ni établie à l’avance, ni figée à jamais dans des frontières bien étanches. Penser ainsi, c’est croire au libre-arbitre, à la raison et, tout simplement, à l’humanité. Mais aussi au dialogue avec l’autre, l’une des raisons qui nous feront encore et toujours prendre la route.

Texte : Jean-Philippe Damiani

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