Je termine actuellement mon séjour à Istanbul et je souhaitais faire part de l’expérience décevante que j’ai vécue en me rendant aux îles aux Princes.
Nous avons décidé, ma famille et moi, de nous rendre d’abord sur l’île d’Heybeliada, réputée moins touristique, puis sur la plus grande île (Buyukada).
Malgré un voyage en bateau de près d’une heure et demie qui fut agréable (je conseille de prendre n’importe quelle compagnie de ferry mais via la IstanbulKart, la carte de métro rechargeable d’Istanbul, car des réductions sont offertes), toutes les belles images que nous avions en tête se sont envolées en fumée.
Le voyageur qui s’aventure dans ces endroits doit en effet bien avoir conscience qu’il sera confronté à un phénomène nouveau en Turquie et à Istanbul : le tourisme de masse, version hyper kitch.
Heybeliada est une île qui paraît un peu abandonnée. Passé le village de bord de mer avec ses restaurants vides, la partie supposée agréable de l’île et composée de petites rues avec des maisons en bois est en réalité extrêmement réduite (j’ai compté environ 4 ruelles et 2 ou 3 maisons). Par ailleurs, suite à des informations paradoxales données en ligne, nous avons décidé de faire un grand tour à pied, ce que je déconseille fortement. Outre la chaleur étouffante en ce mois de juillet et les routes montagneuses, nous nous sommes baladés pendant plusieurs kilomètres le long d’un mur grillagé derrière lequel sont installés des casernes en béton armé démolies… et l’arrivée sur les criques a réservé son lot de mauvaises surprises : plages recouvertes de fausse herbe et de transats en plastiques (toujours vides) avec une musique genre “pop truque” pas forcément du goût de tout le monde…
Buyukada enfin, est devenu une véritable poubelle à ciel ouvert. Cette île a conservé quelques rues sympathiques et certaines maisons sont vraiment très belles mais l’atmosphère générale est très désagréable : fini les contes d’Orhan Pamuk et la poésie de rues en bois avec une âme forte ! Aujourd’hui, des hordes de femmes parfois intégralement couvertes font des selfies avec des perches à téléphone portable assises dans l’une des centaines de calèches qui jonchent les rues et une foule immense lèche des glaces en se baladant dans un village portuaire hyper bruyant et défiguré par des dizaines de boutiques où l’on vend des objets en plastique qui clignotent et qui brillent… le tout dans une atmosphère sale avec des odeurs pestilentielles de crottin et d’urine de chat (les chats sont très nombreux à Istanbul). Pire encore, j’ai ressenti une discrimination ou tout au moins une frontière très forte avec les touristes locaux qui – d’une manière générale - n’ont aucune considération envers ceux qui ne leur ressemblent pas.
Rémy.