Cap-Vert : l’île de Santo Antão, terre de randonnées

Cap-Vert : l’île de Santo Antão, terre de randonnées
© Olivia Le Sidaner

Montagnes, panoramas spectaculaires, sentiers côtiers, villages perchés, étendues volcaniques arides, mais aussi forêts de pins et champs de canne à sucre… Santo Antão, deuxième plus grande île de l’archipel du Cap-Vert, offre une étonnante diversité de paysages aux routards épris de grands espaces sauvages. Embarquement immédiat pour de superbes randonnées !

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Santo Antão, l’île la plus montagneuse du Cap-Vert

Santo Antão, l’île la plus montagneuse du Cap-Vert
Ribeira da Torre © Olivia Le Sidaner

Postée à la pointe occidentale de l’Afrique, à 500 km de la côte sénégalaise, Santo Antão (779 km2) est la deuxième plus grande île du Cap-Vert, après Santiago. C’est aussi la plus montagneuse de l’archipel, ce qui en fait un terrain de jeu formidable pour les randonneurs de tous niveaux.

Avec son relief accidenté, ses crêtes escarpées, ses vertigineux sentiers côtiers, ses paysages arides et volcaniques, Santo Antão souffre d’une sécheresse endémique, mais elle possède aussi de rafraîchissantes forêts de pins et des vallées fertiles et verdoyantes, où poussent quantité de fruits et de légumes. L’agriculture est d’ailleurs la première ressource économique de l’île, surnommée le grenier du Cap-Vert.

Mais si vous cherchez des plages de sable fin pour farnienter et faire trempette, passez votre chemin. L’océan, ici, s’apprécie depuis les sentiers ou au coucher du soleil, en buvant un verre dans un village côtier, avec, en bande-son, les chaleureux accords de la musique cap-verdienne.

Car, ici, comme sur les autres îles de l’archipel, tout finit immanquablement par un air de morna, de coladeira ou de funana, qui donne une irrésistible envie de danser...

La caldeira de Cova, sur la route des crêtes

La caldeira de Cova, sur la route des crêtes
Estrada da Corda © Olivia Le Sidaner

Depuis Porto Novo, porte d’entrée de l’île qui s’anime essentiellement au moment des rotations des ferries, on part en voiture vers le nord. On emprunte la spectaculaire estrada da Corda (« route de la corde »), une route sinueuse et escarpée de 36 km qui fut recouverte de pavés en basalte par des prisonniers politiques du temps du dictateur portugais Salazar. Les paysages que l’on traverse sont particulièrement arides et rocailleux. Seuls les acacias et les aloe vera semblent capables de survivre sur cette terre rougeâtre.

Caldeira de Cova © Olivia Le Sidaner

La végétation change lorsque l’on arrive à la caldeira de Cova. Ce vaste cratère à la terre fertile est occupé par des plantations (notamment de patate douce).

Un peu plus haut, on découvre une grande forêt de pins. C’est le début d’une belle rando de 4 heures (dénivelé : +350 m, -450 m), parfaite pour se mettre en jambes. Le fond de l’air peut être frais en altitude, alors n’oubliez pas de prendre votre polaire !

Sur le sentier, on chemine entre les pins de Monterey et des Canaries, jadis plantés par les Portugais. On croise aussi des agaves, du mimosa, des euphorbes (Euphorbia tuckeyana) endémiques du Cap-Vert, tout comme l’Artemisia gorgonum, une espèce d’armoise utilisée dans la médecine traditionnelle. Des hauteurs, on a une vue plongeante sur la vallée agricole de Ribeira da Torre, où l’on cultive patate douce, manioc, igname, mangues…

A la fin de la rando, en reprenant en voiture la route des crêtes vers le nord, on profite d’un autre panorama grandiose sur la vallée de Ribeira Grande. Vraiment vertigineux.

Les falaises sauvages de la côte nord

Les falaises sauvages de la côte nord
© Olivia Le Sidaner

Au départ du village côtier de Cruzinha de Garça, on rejoint Ponta do Sol en empruntant un sentier pavé serpentant à flanc de falaise, suspendu au-dessus des flots puissants dont l’écume bouillonne en s’écrasant sur la roche. Ce sont les esclaves qui, au 17e siècle, ont aménagé ce chemin impressionnant. Comptez entre 5h30 et 6h de marche (dénivelé : +640 m et -640 m). Sur les parois des falaises, on discerne des coulées de lave noires et de pouzzolane gris clair.

N’hésitez pas à vous arrêter pour déjeuner dans le village perché de Fontainhas, aux maisons colorées, histoire de prendre des forces avant d’attaquer la partie la plus difficile de la randonnée, surnommée non sans raison « le chemin de Croix ». Sous un soleil de plomb, la montée est raide, ponctuée par 14 stations : des petites niches abritant des tablettes gravées de scènes du chemin de Croix de Jésus. Plus on monte, plus le panorama est grandiose.

© Olivia Le Sidaner

Puis, on reprend le sentier côtier jusqu’à Ponta do Sol, qui était autrefois le principal port de l’île, du temps des Portugais. Aujourd’hui, nombre de maisons affichent un peu tristement leurs parpaings bruts, faute à la pauvreté et au fait que peindre son habitation implique de payer plus d’impôts.

En arrivant, on passe devant un petit cimetière juif, devenu mémorial. Et l’on descend vers le centre du village, où les murs sont décorés de fresques colorées. Libre à vous, ensuite, d’aller boire un verre dans un des bars qui font face à l’océan, pourquoi pas une Strela, la bière nationale. A moins que vous ne préfériez acheter quelques souvenirs chez Eki-Eko, un magasin d’artisanat. La boutique, ouverte depuis 12 ans, regroupe une trentaine d’artisans et de producteurs locaux.

La vallée de Paúl, verdoyant jardin d’Eden

La vallée de Paúl, verdoyant jardin d’Eden
Vallée de Paul © Olivia Le Sidaner

Changement de décor dans la fertile vallée de Paúl. Au fil d’une superbe rando (4h à 4h30, dénivelé : +450 m, -780 m), on découvre une nature luxuriante, ponctuée de hameaux à l’architecture rurale traditionnelle. En chemin, on peut s’arrêter au bar Sombra & Chavena pour boire un jus de goyave et de mangue (150 CVE, soit 1,30 €), en profitant d’une magnifique vue.

Le parcours comporte un passage un peu vertigineux, avec une montée bien raide : à l’arrivée au sommet, on est récompensé par un panorama fabuleux sur la vallée, avec la mer en ligne de mire.

Vallée de Paul © Olivia Le Sidaner

Puis, on redescend tranquillement au cœur du cirque de Cabo de Ribeira, un véritable jardin d’Eden débordant de fruits et de légumes : bananes, goyaves, mangues, oranges, canne à sucre, manioc, gingembre, ignames, mais aussi tabac et café (possibilité d’acheter aux habitants du café en grain ou moulu dans les hameaux : 500 CVE, soit 4,50 €  les 500 g).

Ici, l’eau est abondante, une exception sur l’île. La vallée de Paúl est la région où l’on produit le plus de canne à sucre, et, logiquement, celle où l’on trouve le plus de distilleries de rhum, toutes artisanales. Parmi elles, celle de Beth D’Kinha se trouve sur la route menant à Vila das Pombas. Un ancien pressoir est entreposé dans la cour. Dans la petite boutique, on peut acheter du grogue, le rhum local, mais aussi de la mélasse, des liqueurs ou encore des confitures locales.

Tarrafal de Monte Trigo, village du bout du monde

Tarrafal de Monte Trigo, village du bout du monde
Mirador de Campo Redondo © Olivia Le Sidaner

Pour rejoindre la côte ouest, on traverse l’intérieur des terres et ses paysages particulièrement arides et pelés. Ne pas manquer de faire halte au spectaculaire mirador de Campo Redondo.

Mais la route pavée ne va pas encore jusqu’au village de Tarrafal de Monte Trigo, installé sur la côte et particulièrement difficile d’accès. Elle est encore en travaux, loin d’être terminée. On peut cependant emprunter la piste cahoteuse et poussiéreuse à bord d’un pick-up. Ou alors, se faire déposer sur les hauteurs, et descendre à pied jusqu’au village. Une belle balade d’1h30 à 2h (dénivelé : -480 m, +10 m).

Tarrafal de Monte Trigo © Olivia Le Sidaner

En arrivant, on a une vue panoramique sur la baie de Tarrafal de Monte Trigo et sa longue plage de sable noir, considérée comme la plus belle de Santo Antão (voire la seule vraie plage de l’île). Pour autant, la baignade n’est pas forcément aisée ici, les rouleaux étant souvent très puissants, pour la plus grande joie des surfeurs aguerris. La baie est aussi un bon spot de plongée et de pêche sportive (entre mars à mai).

Le village lui-même est charmant, avec ses maisons de pêcheurs colorées et son école devant laquelle, en passant, on voit les enfants jouer dans la cour. Un peu plus loin, un grand terrain de foot s’anime en fin de journée.

Sur les hauteurs, on peut faire une courte rando (une boucle, dénivelé : +250 m, -250 m), en passant au cœur des potagers où poussent notamment des ignames et de la canne à sucre. L’occasion de découvrir les levadas, un système unique d’irrigation qui permet à l’eau – une denrée rare – de circuler en circuit dans toutes les cultures en terrasse et ainsi de ne pas être gaspillée. On passe aussi par des hameaux et devant une minuscule distillerie artisanale, en revenant vers le village.

La côte ouest, entre falaises et volcans

La côte ouest, entre falaises et volcans
Monte Trigo © Olivia Le Sidaner

Au départ du village de Tarrafal, on peut randonner jusqu’au village de pêcheurs de Monte Trigo (3h30 à 4h30, dénivelé : +350 m/-350 m), plus au nord, en empruntant le sentier côtier. Pour ce faire, il est préférable de partir tôt, le chemin, escarpé et aménagé à flanc de montagne, n’étant pas abrité du soleil. Au cours de cette rando, on traverse des paysages arides et minéraux, où vivent des chèvres peu farouches, qui grimperont toutefois sur les pentes rocailleuses à votre approche.

Après quoi, se profilera le Tope de Coroa, le « sommet de la couronne », montagne d’origine volcanique qui, avec ses 1979 m d’altitude, est le point culminant de Santo Antão. La traversée du champ de lave est particulièrement spectaculaire, les pierres volcaniques prenant des formes fantastiques. Ici, la végétation se résume à quelques acacias chétifs.

Enfin, vous arriverez au modeste village de Monte Trigo, totalement coupé du monde (ici, pas de téléphone, de télé ou de radio), uniquement accessible à pied ou en bateau. Vous aurez la possibilité de piquer une tête dans l’océan pour vous rafraîchir, avant d’aller manger au resto donnant sur la petite plage de galets. Pour revenir à Tarrafal, deux solutions s’offrent à vous : soit revenir par le même sentier de randonnée (bon courage !), soit louer les services d’un pêcheur, qui vous ramènera en barque à bon port.

Fiche pratique

Pour préparer votre séjour, consultez notre guide en ligne Cap-Vert

Comment y aller ?

En avion jusqu’à l’île de São Vicente avec TAP Portugal via Lisbonne et Cabo Verde Airlines (TACV)

Puis, traversée en ferry (env. 1h) de Mindelo (São Vicente) à Porto Novo (Santo Antão). C’est la seule manière d’accéder à l’île. Depuis août 2019, une seule compagnie assure la traversée : CV Interilhas. Comptez 800 CVE (env. 7 €) pour un billet simple. Avis aux personnes sujettes au mal de mer : entre São Vicente et Santo Antão, il peut y avoir de la houle, surtout entre décembre et mars. L’équipage fournit des sacs en papier…

Taxe d’entrée

Pour les Français, le visa d’entrée a été supprimé, mais il a été remplacé par une taxe de 3400 CVE (31 euros), à acquitter par internet avant le départ ou à payer en arrivant sur le territoire cap-verdien.

Randonner :

On peut, certes, randonner seul, mais l’idéal est d’avoir un guide, surtout si on ne dispose que d’un temps limité. Il est possible de faire appel à un guide local ou (plus simple pour la logistique du séjour) de choisir un circuit élaboré par l’un des tour-opérateurs français spécialisés dans la randonnée (qui travaillent aussi avec des guides locaux).

Terres d’Aventure, spécialiste du voyage à pied, propose ainsi le circuit « Vallées luxuriantes et paradis perdu », qui vous fait découvrir les sentiers incontournables de l’île de Santo Antão (ceux détaillés dans cet article). A partir de 1390 € pour 8 jours (comprenant vols, hébergements, transferts, guide, repas).

Comment se déplacer ?

- Location de voiture. Si les routes de montagne, parfois sinueuses, ne vous font pas peur, vous pouvez louer une voiture. Mais c’est une solution peu pratique si vous souhaitez randonner (à moins de disposer de deux voitures, dont l’une sera stationnée à l’arrivée du parcours).

Le sud et le nord de l’île sont reliés par l’Estrada Corda, la route historique, pavée en basalte (comme la majorité des routes de l’île). On peut l’emprunter pour aller de Porto Novo, la capitale, à Ponta do Sol ou Ribeira Grande, ou alors opter pour la route côtière, à l’est, certes un peu moins spectaculaire, mais plus récente et plus rapide.

- Les aluguers : les transports collectifs, aussi appelés colectivos, sont un moyen de transport très populaire au Cap-Vert. Les chauffeurs d’aluguer attendent les passagers à la sortie de la gare maritime, donnant de la voix pour attirer le client. Une fois lancés sur leur itinéraire (les grands axes), ils prennent à leur bord les passagers qui leur font signe sur la route, et font parfois des détours pour déposer des clients, si bien que la durée du trajet peut être très variable. Mais c’est une bonne manière de faire connaissance avec la population locale ! Question tarifs, par personne, comptez environ 400 CVE (3,60 €) pour aller de Porto Novo à Ribeira Grande. Il est aussi possible de louer les services d’un chauffeur d’aluguer, qui pourra vous faire le tour de l’île ou venir vous chercher à la fin de votre randonnée. Un service assuré également pas les taxis.

Où dormir ?

- Pedracin Village : Ribeira Grande. Un ensemble de petites maisons en pierre basaltique aux toits de chaume de style traditionnel, installé au milieu des montagnes. Les chambres sont rudimentaires, mais propres. Mais surtout, la vue est magnifique. Bon restaurant (buffet). Petite piscine. Double à partir de 6100 CVE (55 €). Demi-pension à 1300 CVE (12 €).

- Hôtel Paúl Mar : Vila das Pombas. Un hôtel simple et confortable, en front de mer. Préférez les chambres qui donnent sur l’océan. Double à partir de 6560 CVE (60 €), petit déj inclus.

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Où manger ?

- Bar Priaia Mar :Tarrafal de Monte Trigo. Face à la mer, ce petit resto familial ne paie pas de mine, mais on y mange très bien ! Comptez 500 escudos (5 €) pour un repas copieux, avec du filet de poisson extra frais, accompagné de légumes (courge, pommes de terre, manioc, igname, chou, riz). Boisson (soft) : 120 ECV (1,10 €), bière : 150 ECV (1,40 €). Accueil au top. Une très bonne adresse !

- Casa Maracujá : Vila das Pombas. Installé sur un toit-terrasse, ce resto sert une très bonne cuisine locale. Ambiance vraiment sympa quand des musiciens viennent jouer en live. Plats (poisson, poulet ou poulpe grillé, ragoût de porc…) de 650 CVE à 1400 CVE (6 €-13 €). En la commandant à l’avance, vous pourrez aussi goûter à la cachupa (750 CVE, 6,80 €), le plat national, plutôt roboratif, un mélange de haricots, d’arbre à pain, d’igname, de manioc, de chou, de patate douce, de maïs, de poulet, de porc. De quoi vous donner un maximum d’énergie pour randonner !

- Snack House Isabel : Fontainhas. Quelques tables recouvertes de toile cirée, une cuisine familiale et généreuse, c’est ce qui vous attend chez Isabel. Repas unique à 500 CVE (5 €), boissons à 150 ECV (1,40 €). La maman d’Isabel, 86 ans, vous invitera sûrement à vous asseoir auprès d’elle, pour vous raconter un tas de choses en créole (et peu importe que vous ne compreniez pas un traître mot de ce qu’elle dit !).

Texte : Olivia Le Sidaner

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