Un chiffre mythique : nous décidons d'emprunter la route des bikers et des rockers. Résultat : embouteillages carabinés à la sortie de Los Angeles. Trois heures plus tard, nous sommes à peine sorties de la ville ; à ce rythme, il nous faudra deux semaines pour atteindre la frontière. Escale dans un autre monde. Un monde civilisé où les gens détestent George Bush et se gavent de salade verte. Claremont est une pause bienvenue dans une Amérique aux hormones qui est en train de virer tarée. C'est Peter Harper (frère de) qui sera le premier personnage de ce road-movie improvisé. Il est beau et charmant, ce qui ne gâche rien. Nous resterions bien quelques jours de plus dans ce joli village, mais l'appel du désert est trop fort. Une bande de jeunes se bat pour nous répondre quand nous leur demandons où nous pouvons aller après Claremont : Barstow. Le nom sonne bien. " Interesting ", pour certains (sourire narquois d'un jeune homme), " Don't go ", hurle sa voisine de table. Curiosité grandissante. C'est ainsi que, soixante miles plus tard, nous échouons dans un motel orange à palmiers, la télé sur un talk-show où l'animateur reçoit une voyante extralucide. Contraste : ici les gens sont énormes et les drapeaux américains ont repris la vedette. À ce moment, nous mettons en place le concept de ce road-trip : se laisser porter par les personnes que nous rencontrons, alterner les points de vue des personnages et les images réelles pour démonter les préjugés.
Texte : Juliette Serfati
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